Les lecteurs de leautaud.com connaissent la collection « Les Amis d’Édouard » qui a déjà été présentée ici en juin 2021, il y a une vingtaine de mois, à l’occasion de la page « Ma pièce préférée ».
Dans cette page il avait été écrit un peu distraitement « Un jour sera publiée ici l’histoire de cette collection ». Nous y sommes.

Ce texte de Paul Léautaud est paru dans le numéro 46 de cette collection, en mars 1923.
Le premier titre de cette grande collection de livres minuscules a paru en septembre 1911 avec La Maîtresse Servante, 24 pages de Maurice Barrès1 tirées à 54 exemplaires dont quatre Japon (ou Madagascar, seuls les possesseurs de cet ouvrage le savent) et cinquante Hollande (ou vergé). Ce texte de Maurice Barrès n’est rien d’autre que la critique du roman des frères Tharaud2 paru chez Émile Paul en 1911. Cette critique a été donnée à l’origine dans L’Écho de Paris du trois août 1911 sur les trois premières colonnes de une.

Première parution de la critique de Maurice Barrès dans L’Écho de Paris du trois août 1911
Cher Édouard
Le dernier titre, Cher Édouard, imprimé en novembre 1938 est un hommage ; Édouard champion était mort neuf mois auparavant, le 27 février. Les 120 pages — un fort volume pour cette collection — renferment les hommages des auteurs dont on peut lire le nom sur la couverture intérieure reproduite ci-dessous.

Ce denier numéro s’ouvre avec une photo du cher Édouard réalisé dans l’atelier des frères Manuel, où toutes les célébrités de l’époque ont posé. Les photographes de l’ancienne école reconnaissent ce diaphragme à trous des portraitistes dont ils ont parfois abusé3.

Le premier texte de ce Cher Édouard est celui du discours de Jules Pouget prononcé le trois mars 1938 sous le porche de Saint-Pierre de Chaillot. Jules Poujet (1884-1963), médecin, a été maire du Touquet de 1934 à 1963. Vers la fin de sa vie, Édouard Champion délaissant ses activités d’éditeur, passait le plus de temps possible au Touquet où il était devenu adjoint au maire.
Les textes suivants sont tous des discours, d’Édouard Bourdet4, administrateur général de la Comédie-Française, d’Henry Malherbe5, président de l’association des Écrivains combattants, des frères Jérôme et Jean Tharaud6. Suivent des lettres de Pierre Champion7 à son frère Édouard datées des derniers mois de l’année 1937 et un Adieu, par Émile Henriot8. Vient ensuite une liste complète des 167 numéros de la collection et enfin une bibliographie.
Ces deux numéros extrêmes sont à l’image de tous les autres, à l’image de la Pièce préférée de Paul Léautaud : des textes de seconde main déjà publiés ailleurs. Pourquoi ?
Parce qu’Édouard Champion ne payait pas ces textes. La librairie Champion était une maison prestigieuse ; Édouard était un homme affable, de ces personnages que nous avons tous rencontrés dont on est le cher ami au bout de trois minutes et qui, la fois suivante, vous reçoit les bras grands ouverts avec des exclamations enthousiastes. Il faut vraiment un talent spécial. C’était, de plus un éditeur. Donc, pour tous les auteurs il était le cher Édouard à qui l’on avait envie de faire plaisir. Mais comme on n’était pas dupe, on lui donnait des textes qui ne coûtaient aucun autre travail qu’un arrangement avec le premier éditeur, souvent un journal ou une revue. Comme Édouard Champion avait la sagesse d’en faire une édition limitée, de luxe et hors-commerce, le prix grimpait très vite. Les éditions hors-commerce, comme ce nom l’indique, ça n’a pas de prix.
Prenons Paul Léautaud en exemple. Dans Les Nouvelles littéraires du samedi dix mai 1924, paraît un texte de Paul Léautaud.
Lisons son Journal au vendredi suivant, seize mai 1924 :
Ce matin, lettre d’Édouard Champion me demandant mes Notes et Souvenirs Gourmont pour sa collection Les Amis d’Édouard. Il exagère un peu. Champion tire à 200 exemplaires. Il vous en donne 80. Il en distribue quelques-uns. Il met le reste en cave et les sort un à un au bout de quelque temps, comme des raretés bibliophiliques, en tire souvent un assez bon prix. Tout cela sans vous donner un sou, alors qu’il est fort riche. Bon quand il s’adresse à un pontife des lettres qui lui-même est riche ou fort à son aise, mais en faire autant avec un écrivain comme moi, qu’il sait n’avoir pour vivre que ses appointements d’employé. Non. C’est un peu excessif. Je vais lui répondre négativement. Je n’aurais qu’à donner cet article à Fels, pour la petite collection Stock, j’aurais 500 francs. Pas la peine de le donner pour rien à Champion, surtout dans un moment où je suis si pauvre.
Nous ne savons pas si Paul Léautaud a donné son article à Florent Fels9 mais il ne semble pas qu’il soit paru.
Dans Passe-Temps (Mercure de février 1929), nous avons des « Notes et souvenirs sur Remy de Gourmont » (quinze pages). Est-ce le texte cité ci-dessus ? Peut-être.
Dans son numéro en hommage à Remy de Gourmont paru le premier octobre 1935 Paul Léautaud a publié un « Journal Gourmont » qui est un recueil de fragments de son Journal de 1906 (28 pages).
Le désespoir des bibliophiles, par Jacques Deville10
Un témoignage de première main sur Édouard Champion provient de l’almanach L’Ami du lettré de 1925 (pages 452-464).

Dans quelles circonstances précises ce texte a-t-il été publié dans la collection des Amis d’Édouard, peu de gens le savent mais ce qui est sûr c’est qu’il y a toute sa place.
Ce numéro est le premier des deux hors-série de cette collection11. Il est paru en juillet 1925 et est reproduit intégralement ci-après. Ce texte ressemble bien à une interview de commande et le seul rôle de Jacques Deville est de mettre Édouard Champion en valeur. Le ton en est particulièrement niais et béat mais d’une très grande richesse d’informations.

Au cœur de Paris, sur les bords de la Seine12, un magasin connu de librairie savante, une Babel où toutes les langues se parlent sans confusion, où le téléphone appelle sans répit… une ruche où évolue rapide entre des piles de livres un homme de taille moyenne, jeune, au teint frais et coloré, cheveux abondants, figure rasée. D’allure militaire, il donne des instructions d’un mot bref et doux… on l’appelle Édouard : écrivain, érudit, en relations avec tous les savants du monde, artiste et lettré en rapports avec le Tout-Paris des lettres et des arts, esprit sans cesse en travail, cerveau organisé, type de l’homme moderne complet, adonné aux affaires et voué cependant à toutes les beautés qui fleurissent sur notre monde méchant.
Édouard a beaucoup d’amis : mais l’amitié est une douceur dont l’existence affairée d’aujourd’hui nous laisse peu la jouissance… Édouard l’a senti et pour maintenir des rapports fréquents avec ceux qu’il aime, il a imaginé l’agent de liaison le plus noble et le plus délicat, le plus sympathique et le plus fidèle : le livre. — Il choisit des textes d’amis, les imprime à ses frais, toujours chez le même imprimeur : Paillart d’Abbeville13, ce qui est peut-être le secret de l’unité de tous ces volumes, et les répartit entre ses meilleurs amis. Tout son programme tient dans cette phrase qui se lisait à la fin des premiers numéros : « Édouard publiera de ses amis, et pour eux, des pages de…14 » Près de 80 volumes ont ainsi paru depuis treize ans, et leur collection, privée et rigoureusement hors commerce, fait courir les bibliophiles de la ville et des champs.
— Édouard, … réveillez un instant quelques souvenirs de cette collection, voulez-vous ?
— Vous tombez mal, cher ami… c’est jeudi, jour de l’Académie française15, M. Bourget16 m’attend, Vaudoyer17 me téléphone qu’il vient… et voici tout mon courrier à signer.
— À toute heure, vous avez des visiteurs à recevoir et du courrier à voir…. vous trouve-t-on jamais libre ?
— Ici, jamais….
— Alors, je vous tiens… faisons vite… Comment est née votre collection ?
— D’un geste d’amitié. J’étais très lié avec les secrétaires de Barrès, les frères Tharaud qui malgré leur prix Goncourt en 1906 n’avaient pas la réputation qu’ils méritaient. En 1911, à l’occasion de leur Maîtresse servante, Barrès donna sur eux à L’Écho de Paris une étude remarquable. Je demandai à l’imprimer hors commerce pour mes amis, ce fut le premier numéro des amis d’Édouard. J’en tirai une cinquantaine d’exemplaires de ce petit format que vous connaissez et que je choisis en souvenir de celui de La Croisade des enfants18 et des Mimes19 de Marcel Schwob20, qui m’avait séduit.
Treize ans plus tard, les Tharaud, justement célèbres, ont répondu au geste de Barrès. Ils m’ont donné un éloge ému de leur ami lorrain : Un grand maître n’est plus, qui forme — voyons, soyons précis — le no 60 de la collection.
Vous retrouverez aussi dans le numéro suivant, le 61, un écho de l’affection que Barrès mettait au cœur de ses amis21… Quand, au lendemain de la mort de son confrère, Bourget évoqua dans son discours de la maison de Balzac le souvenir de « ce compagnon de quarante années », vous souvenez-vous du sanglot qui lui monta à la gorge et l’empêcha de terminer…
Barrès ! son souvenir s’attache aussi pour moi au no 15 : Ernest Renan en Basse-Bretagne. Vous savez que Renan22 avait une petite manie, celle de répondre à toutes les interviews qu’il plaisait aux indiscrets de lui demander même sur les sujets les plus baroques. Il existe ainsi de lui une interview « sur l’utilité de la lance dans la cavalerie »… parfaitement ! Barrès, qui était facétieux, s’était mis en tête de me faire rechercher à la Bibliothèque nationale tous les entretiens du Maître qui avaient paru dans la presse. Il voulait accommoder ces restes variés à une de ces sauces malicieuses dont il avait le secret. Cette idée nous aurait valu un recueil bien amusant si je n’avais été finalement découragé par la multitude des recherches. Cependant, j’avais noté dans L’Éclair un curieux entretien de Renan avec Le Goffic23. Je l’ai publié sous mon no 15.

J’ai donné aussi (18) le premier écrit de Renan qui avait paru dans Le Journal des Demoiselles ; il y étudiait deux énigmes historiques : Valentine de Milan et Christine de Suède. J.-J. Brousson24 prit plaisir à démontrer dans Excelsior que Renan avait recopié des phrases entières de la biographie Michaud25.
— Si bien que vous avez joué quelques tours à Renan… à d’autres aussi : vous rappelez-vous ce conte Les œufs que la Bibliothèque Nationale prit gravement pour un inédit de Charles Perrault…
— Ce bon tour est à l’actif de Marcel Boulenger26.
— Y gagna-t-il des droits d’auteur sur la magnifique édition illustrée par Drian27 ? Les bibliophiles, en tous cas, y ont gagné une eau-forte assez gaillarde qui les fait bénir deux fois la galante facétie de Marcel Boulenger.
— J’ai d’autres inédits authentiques. Ainsi Les Amazones du délicieux Eugène Marsan28 ; Sur le Nil, l’œuvre préférée de Louis Bertrand29 ; Le Cœur parmi les choses, les seuls vers de Georges Grappe30 ; À travers les villes en flammes de Paul Claudel, le récit désormais historique de la catastrophe du Japon vue par notre ambassadeur rescapé. — J’ai aussi une nouvelle, la seule que vous puissiez trouver dans mon fonds d’éditeur, avec Le Grenier de Dame Câline de Gaston Picard31, mais la plus belle peut-être que nous ayons eue depuis Matteo Falcone de Mérimée32 : Tartine de Jean Pellerin33, un chef-d’œuvre dont j’ai tiré 200 exemplaires pour le commerce ; de telles pages sont trop belles pour qu’on en soit égoïste.
Les Trois Fils de Mme de Chasans de H. de Régnier34 ne sont pas une nouvelle, mais une étude généalogique.
— Est-ce une étude dramatique que Ma Pièce préférée de Maurice Boissard ?
— Non, il ne pouvait manquer de mettre une pointe d’esprit dans son titre… La pièce préférée de ce critique dramatique n’est pas une pièce de théâtre : c’est sa chambre à coucher et à écrire.
— La Belle de Haguenau est un inédit ?
— Parfaitement, un inédit de mon camarade du lycée Montaigne, Jean Variot35… camarade d’un temps où nous ne promettions guère : lui ou moi, c’était à qui serait le dernier de la classe ; nous alternions assez régulièrement.
— D’autres volumes doivent réveiller en vous certains souvenirs ?

On peut observer sur cette couverture le é fautif à Remy et la capitale manquante à Amis, généralement observé sur les couvertures de la collection
— Oui… Remy de Gourmont : Je sors d’un bal paré…36 évoque toute une phase de sa vie sentimentale que je suscitai sans le vouloir. Cela se place en 1912 Miss Nathalie Clifford Barney37 qui habitait 20, rue Jacob, était une grande amie de Renée Vivien38, qui est une de mes admirations, à moi. Elle avait envoyé au Mercure de France un article sur Renée, mais il ne passait pas. Un jour, elle me dit : « Vous qui connaissez Gourmont, vous devriez bien faire quelque chose. » Nous voilà partis… rue des Saints-Pères39, nous grimpons au 7e et nous sonnons. Remy nous ouvre, tout renfrogné. — Miss Barney avait trop d’esprit pour se démonter : elle se met en frais, sort tous ses dons, se montre ingénieuse, paradoxale, étonnante. Insensiblement, je voyais le visage de Remy s’éclairer… elle lui plut infiniment. — L’article passa40 et ils se revirent de plus en plus. Remy était sérieusement ébloui : il la suivait partout et quand il ne la voyait pas, il lui écrivait ; c’est à elle, vous le savez, que furent adressées les Lettres à l’Amazone. Miss Barney l’invitait souvent et vous pensez s’il était assidu à ces réceptions : avec elle il rencontra Sixtine, cette figure de femme que son imagination avait créée41 et qu’il retrouva dans L’Amazone, sous la forme la plus séduisante42…
Un jour, celle-ci convia Remy à un bal travesti : qu’allait-il faire ?… Il vint en cardinal, tout en rouge, chaussé d’escarpins vernis. Il conta la chose dans un billet à La France que j’ai recueilli avec quelques autres sous le titre du premier : Je sors d’un bal paré43 ; c’est avec La Comédie de la femme muette44 un des numéros les plus recherchés. — La brochure de son frère Jean, Souvenirs sur Remy45 que je viens de publier, m’est aussi des plus demandées, tant elle est de noble accent, et tant grandit la renommée du philosophe des Épilogues46.
— Vous parliez des vers de Georges Grappe : vous accueillez donc la poésie ?
— Parfaitement. — Parmi beaucoup d’autres j’ai les Dédicaces de Paul Adam47, seuls vers connus de l’auteur du Mystère des Foules48.

P. V. est évidemment Paul Valéry, jamais mentionné en tant que tel dans le texte
— Dont quelques-uns, je crois, ont été remis sur pied par Paul Valery…
— Ne le dites pas ! surtout… mais louez avec moi la très pure préface du poète de Charmes.
Ce sont aussi des vers que le no 40, Ausonia Victrix. Pierre de Nolhac49, l’auteur des vers Pour la Patrie50, en avait écrit d’autres, au cours de la guerre, en l’honneur de l’Italie fraternelle. Des cœurs fidèles, là-bas, s’en souvenaient encore en 1922 ; alors il m’a semblé qu’il n’était ni trop tard ni trop tôt pour les réunir.
Et puis, j’ai de Tristan Derème la véritable édition originale de son Enlèvement sans clair de lune51, pot-pourri de vers et de prose, et qui restera.
— La guerre n’a-t-elle pas été l’occasion de certaines de vos plaquettes ?
— Oui, notamment, l’admirable Franconi de Divoire52… Vous savez, Franconi, ce petit gars de 20 ans, auteur d’un des plus beaux livres de guerre : Un Tel, de l’armée française, et qui, la tête emportée par un obus, resta dans la position de l’homme en marche.
Le Miracle53, qui compte parmi les pages les plus émouvantes de Duhamel ; et puis notamment Le Retour des drapeaux du maréchal Lyautey.
— Vous avez connu ce grand aristocrate ?
— Après ma blessure à Verdun, gazé gravement, on m’envoya au Maroc. Le général qui connaissait bien ma librairie et son activité m’avait repéré à l’hôpital (où je restai trois mois). À la sortie, il m’adjoint au chef de son cabinet militaire… Durant des mois, j’ai vécu près de lui ; bien des fois il nous faisait veiller ou réveiller la nuit ; mon écriture, d’ailleurs bien mauvaise, s’apparentait assez à la sienne, et même bien des pièces signées Lyautey… mais passons ! — Resté là-bas j’ai entendu ses discours quand les drapeaux marocains sont rentrés en France : ce sont ces belles pages que j’ai réunies pour une élite, comme un peu plus tard l’hommage de Claude Farrère à L’Africain54.

De Farrère, j’ai aussi le récit de sa Dernière Visite à Loti. Le texte parut à la Revue des Deux Mondes, mais amputé d’anecdotes que la direction jugea trop intimes : mes amis auront eu le texte intégral55.
— Vous les servez bien.
— Ma collection n’a pas d’autre but : c’est le moins que je l’atteigne en faisant de mon mieux.
— Je vois Maurras56 en bonne place.
— C’est un si vieil ami… et si cher ! Mon père, qui édita les fameuses Trois Idées politiques57 du rédacteur de La Gazette de France dont il était un fidèle abonné, m’avait appris à l’aimer, et je ne me souviens pas de notre première rencontre, tellement c’est loin ! Et dans L’Enquête sur la monarchie58 vous trouverez au début de l’entretien avec Sully-Prudhomme que j’avais recueilli, certain adolescent « aux grappes de cheveux clairs qui s’échappent d’un feutre pointu » qui me ressemble comme un frère59 !
Dès septembre 1911, j’ai sorti ses vers désormais classiques Pour Psyché, qui dormaient dans La Revue hebdomadaire60 ; et dernièrement, j’ai donné, après d’abondantes corrections et d’innombrables épreuves, l’interview publiée par Frédéric Lefèvre dans Les Nouvelles littéraires61.
— André Gide ?
— Le no 51 Les Livres d’André Gide62 est une bibliographie augmentée de quelques extraits de l’auteur, textes qu’on peut dire secrets, tellement est minime le chiffre auquel ils furent tirés : 12 et 13 exemplaires…

— Alain Fournier63 ?
— Figure que j’aimais beaucoup. Rédacteur à Paris-Journal où il tenait une rubrique d’informations littéraires, il venait souvent ici m’interroger sur mes projets… timide, rougissant d’un rien, délicat… figure charmante qu’évoquent pour moi les pages sensibles d’Edmond Pilon.
— Ce n’est pas la timidité qui vous a rendu sympathique Stendhal64, votre grand ami intellectuel.
— Il a d’autres attraits et je ne pouvais l’oublier ! J’ai de Paul Bourget qui affectionne spécialement ma collection amicale : Stendhal par un des quarante, réplique de la célèbre brochure de Mérimée65. — J’ai aussi Stendhal d’Anatole France, seul écrit du Maître sur l’auteur de La Chartreuse de Parme. Il fallut mon édition des Œuvres complètes66 (je sais qu’il eut aimé pour ses œuvres à lui une édition de ce genre), et l’inauguration du monument67, que je présidai, pour le décider à considérer un instant Stendhal et à donner un article à La Revue de Paris68 : c’est cet article très corrigé et plein de repentirs que j’ai publié pour mes amis. Il m’est dédié et c’est mon plus beau titre de gloire.

Mon culte de Stendhal (entre nous, je suis membre de ce Stendhal-Club dont on nie l’existence et dont pourtant il existe neuf publications),… ce culte m’a valu aussi le volume du comte Primoli : Une Promenade dans Rome sur les traces de Stendhal69. Le comte, malgré ses 77 ans, n’avait jamais rien publié ; sa situation mondaine fit que princes et princesses de France, d’Italie et autres lieux s’arrachèrent le volume ; je fus obligé, devant les supplications du comte Primoli, de mettre dans le commerce une seconde édition à 200 exemplaires.

Les deux éditions d’Une promenade dans Rome sur les traces de Stendhal, celle hors-commerce des Amis d’Édouard et celle, commerciale, de la « Librairie ancienne Honoré Champion »
Avec Pellerin et l’Ernest Renan de Raymond Poincaré70, ce sont, pour des raisons différentes, les 3 seuls volumes des 80 parus dont il a été fait un tirage pour la vente, et sous une présentation, d’ailleurs, différente. — Pour en revenir au comte Primoli, savez-vous qu’il aime par-dessus tout les lettres françaises ? Il l’a prouvé en léguant, après sa mort, son palais à la France, pour que nos écrivains viennent y séjourner71.
— Presque une villa Médicis… Vos plaquettes ne sont pas illustrées ?
— Rarement… celle de Boissard : Ma Pièce préférée a des dessins d’André Rouveyre et la brochure de cet artiste : Regards sur le nid d’un rossignol de murailles n’est composée que d’illustrations montrant ces oiseaux dans leurs diverses attitudes72.
— Et le théâtre ?
— Je l’aime trop pour le négliger ! Au lendemain de La Folle Journée (vous rappelez-vous Jouvet !), j’imprimai cette pièce devenue célèbre et reprise en librairie comme sur la scène avec le succès que vous savez73. — J’ai aussi l’Alfred de Musset au théâtre du grand Suarès74. Je voulais de lui ses articles vengeurs, Stendhal, Verlaine, Baudelaire et autres gueux75, mais il préféra me donner son Musset et voir reproduits en fac-simile ses articles qu’il me transcrivit de l’écriture inimitable bien connue. C’est même l’origine de ma collection de reproduction de manuscrits où je viens de publier Valéry76 et où Thaïs paraîtra ces jours-ci77… Tout se tient dans la chaîne des lettres !
Et voilà !… Maintenant, sauvez-vous.
— Pas encore… Vous m’avez parlé du passé : mais l’avenir ?

— Vous me voyez fort embarrassé ; j’ai sous presse ou à la composition un inédit de Marie Bashkirtseff78 présenté par Borel79 (en attendant que je publie intégralement son Journal…), un autre inédit retranché du Thierry Seneuse de Pol Neveux, un Marcel Schwob par Bijvanck, un Flaubert par L. Bertrand ; P. Arbelet me donnera Une Maîtresse de Stendhal ; Gérard d’Houville : Clowns ; les Tharaud, un Anatole France ; André-Salmon, Vieille Garnison ; Levaillant, des vers sur l’aviation80… cela fait 9 textess nouveaux qui ajoutés aux 81 parus donneront 90… J’aurai aussi Boylesve, Carco, de Chateaubriant81, Cocteau, Dorgelès, P. Drieu La Rochelle, Sacha Guitry, Jaloux, Valéry Larbaud, Mauriac, Morand, Ripert, Lacretelle, et j’en oublie… Enfin n’est-il pas temps que je fasse une petite place à l’auteur de Françoise au calvaire82 et de L’Histoire poétique du XVe siècle83… À quel chiffre arrivons-nous ?
— Nous dépassons cent !
— Or la phrase de France est limitative… Vous savez, cette phrase dont une lettre figure au dos de chaque volume et qu’on ne peut lire qu’avec la collection complète.
— Oui : Les Amis d’Édouard84…
— Ça été le point de départ de la collection ; j’ai ajouté : sont les plus aimables amis du monde85. Anatole France à Édouard… ici, j’imprime mon nom propre et je puis bien continuer, n’est-ce pas…, ami des livres et des dames, avec les deux millésimes des années où commence (1913) et où finira la collection.
— Il vous faudra mettre en toutes lettres les jours, les mois et les années, comme dans un acte de notaire… ajouter la ponctuation, le point final… peut-être ainsi pourrez-vous ?… Et encore !… Édouard a tant d’amis…
Mais de tous ces amis, combien en connaissez-vous qui aient la collection complète ?
— Bien peu : une petite douzaine en me comprenant, j’ai toujours le no I sur Japon. — Elle est à la Réserve à la Bibliothèque nationale ; elle figure aussi, par mes soins, au British Museum et en Amérique à l’Université de Yale, deux des bibliothèques dont je suis le correspondant Mais peu s’en est fallu que personne ne l’eût complète : le no 19 parut fin juillet 1914, quand nous partions au front : les paquets restèrent à Abbeville avec les feuilles du no 20 qui étaient tirées86…
— Si les Allemands avaient été bibliophiles, vous auriez eu des amis forcés…
— Merci !… Enfin c’est quelque chose d’avoir fait plaisir à une douzaine d’amis et contribué peut-être à celui de bien d’autres… Vous avez pu remarquer que le tirage primitif de 50 exemplaires a dû être doublé par la suite… je finissais par me faire des ennemis87.
— Cependant, parmi vos amis, s’il est des collectionneurs acharnés à compléter la série, ne faites-vous pas leur tourment ? — Et les bibliophiles !… de combien ne faites-vous pas le désespoir !…
Amateurs, bibliophiles, collectionneurs… voyez-vous, autant de passionnés ! — Combien la vie leur serait douce et belle s’ils avaient la sagesse de jouir en paix de ce qu’ils ont, au lieu d’entrer dans des tourments pour ce qu’ils n’ont pas.
Jacques Deville
Février 1925.
Sous ce texte, une longue note de fin (plus de deux pages) de Jacques Deville :

Un peu de réconfort pour les bibliophiles : s’ils ne peuvent être des « Amis d’Édouard », du moins auront-ils Le Sage et ses amis s’ils s’y sont pris à temps.

Un exemplaire emblématique de la collection Le Sage et ses amis limitée à quinze titres
Vous ne connaissez pas « Le Sage et ses amis » ? C’est une collection qui s’inspire des Amis d’Édouard, si ce n’est Édouard lui-même qui l’a inspirée ; même format, mais sous une couverture chamois (la couleur qui se marie le mieux avec le bleu des « Amis d’Édouard », et illustrée par Jou88 ; même nombre d’exemplaires : 250, plus 50 souscrits par deux sociétés de bibliophiles ; même programme : de l’inédit, et chaque volume est marqué au dos d’une lettre de la phrase « le sage et ses amis ».
Les différences, notables, seront dans le nombre des volumes de la collection (limité à 15) et dans le fait qu’ils seront dans le commerce : leur prix actuel est limité à 25 francs pour les 210 ex. Madagascar (les 20 Japon (75 fr.) et 20 couleur (50 fr.) tous souscrits89). Nous disons prix actuel, car il semble bien que l’avenir devra classer cette collection à la suite des « Amis d’Édouard », dont elle est le prolongement… Si ce n’est Édouard qui la met au monde, n’est-ce pas lui qui en provoqua la naissance ?
Nous savons en quelle estime Édouard tient l’initiative de Mme Lesage90, qui en mai 1923 partit de Paris pour aller… avenue de Saint-Ouen donner aux naturels de la zone le goût de la lecture et des livres de qualité. En un an et demi, aidée du jeune comédien Jean Debucourt, petit-neveu de l’artiste, elle a réalisé une œuvre considérable puisque la voici en mesure d’éditer : le 1er volume de sa collection paru en décembre est de Paul Valéry Situation de Baudelaire ; suivront Ch. Maurras : Victor Hugo ; Fr. Carco : À Saint-Lazare ; Gérard de Nerval : Pandora ; Princesse Bibesco : Visite à la Béchellerie ; E. Marsan : Le Nouvel Amour ; Remy de Gourmont : La Femme et le langage ; Francis de Miomandre : Contes des cloches de cristal ; Suarès : Hai-Kai d’Occident ; et d’autres inédits de G. Duhamel, F. Porché, P. Champion, J.-J. Tharaud, R. Dorgelès et Toulet.
Insistons sur un détail : la Visite à la Béchellerie sera enrichie de phototypies d’une curieuse lettre d’Anatole France à la Princesse Bibesco ; à cette lettre qui se rapporte au Petit Pierre91 sera jointe une photographie inédite de France avec cette dédicace mélancolique : « À la Princesse Bibesco, le Petit Pierre, 70 ans plus tard. »
On voit que nos écrivains les plus goûtés se sont prêtés à éclairer d’un rayon de soleil le cœur sombre des amateurs désespérés de n’être point « Amis d’Édouard », puisque Le Sage et ses Amis leur offrent les mêmes séductions92.
Et n’annonce-t-on pas une 3e collection, à l’enseigne de La Porte Étroite93 ?
Cette porte est entrebâillée par une fort aimable personne, Mme de Harting94, mais tout de même ouverte un peu plus largement que les autres puisqu’elle ne fait pas place à moins de 650 amateurs.

La collection de La Porte étroite
Cette série débutera par des Caractères d’André Gide, pour continuer par G. Duhamel : la Belle Étoile et quelques nouvelles ; J. Fayard : Dans l’ordre sensuel ; J. Kessel : Rencontre au Restaurant ; A. Maurois : le Démon de la Tendresse ; R. de Gourmont : Fin de promenade (suivi de contes inédits) L. Codet95 : le Poème de la Maison (prose) ; Valery Larbaud : Notes sur trois poètes français ; E. Marsan : Babel ou les mots étrangers ; Ch. Maurras : Prologue d’un essai sur la critique, et des textes de P. Valéry, J.-J. Tharaud96, Fr. Carco et Duvernois97… en tout 14 inédits.
S’arrêtera-t-on en si beau chemin ?
Quand la route est ouverte et plaisante la foule s’y porte. — Si elle ignore ou si elle oublie le nom de celui qui l’a frayée, du moins Les Amis d’Édouard auront le souvenir facile.
J. D.
IMPRIMERIE
E. ARRAULT ET Cie
TOURS
Juillet 1925
Jacques Deville, Souvenirs littéraires
Cher Édouard.
Henri Duvernois, La Mort de Prosper Boudonneau, hirondelle
Francis de Miomandre, Contes des cloches de cristal
Liste des titres de la collection Les Amis d’Édouard (fichier Excel)
Liste des titres de la collection des titres de Le sage et ses amis et de La Porte étroite
Notes
1 Maurice Barrès (1862-1923), écrivain et homme politique, figure de proue du nationalisme français. Maître à penser de sa génération et de ce courant d’idées, sa première œuvre est un triptyque qui paraîtra sous le titre général du Culte du Moi chez Alphonse Lemerre (Sous l’œil des Barbares, 1888, Un homme libre, 1889, et Le Jardin de Bérénice, 1891), tous trois lus et admirés, un temps, par Paul Léautaud.
2 Jérôme et Jean Tharaud, La Maîtresse servante, Émile Paul 1911, 308 pages. Voir aussi note 6.
3 Ces portraitistes utilisaient de grandes chambres photographiques qui permettaient des négatifs sur plaque de verre 18 X 24 centimètres. Avec des tailles pareilles la netteté de l’objectif était moins importante qu’aujourd’hui où l’on travaille avec des capteurs minuscules. Sans ordinateur, la courbe des lentilles était calculée à la main, donc sur un très faible nombre de points. Même sur cette image ici très réduite on peut remarquer le mélange de netteté dû au très grand négatif, et aussi de flou, qui lissait les imperfections de la peau du modèle. Ce flou était obtenu par des diaphragmes multiples (une douzaine) répartis autour du diaphragme principal, créant ce halo.
4 Édouard Bourdet (1887-1945), a été nommé administrateur de la Comédie-Française en octobre 1936 par Jean Zay. Donnant un nouveau souffle à ce vieux théâtre, il restera en place jusqu’à fin décembre 1940.
5 Henry Malherbe (Henry Grunwald, 1886-1958), journaliste et écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1917 avec La Flamme au poing, sur la guerre de 14-18 chez Albin Michel. Henry Malherbe a collaboré en 1925 à Cinquante ans de musique française, de 1874 à 1925, sous la direction de L. Rohozinski. Il sera directeur de l’Opéra-comique après la seconde guerre mondiale.
6 Les frères Tharaud, Jérôme (1874-1953) et Jean (1877-1952), auteurs féconds, l’un rédigeant, l’autre corrigeant, sont de cette droite coloniale, raciste et antisémite, courante à l’époque. Ils seront d’ailleurs tous deux élus à l’Académie française, l’un en 1938, l’autre en 1946. Dingley l’illustre écrivain (Éditions d’Art Édouard Pelletan, 155 pages) a reçu le prix Goncourt 1906 dans des conditions discutables.
7 Pierre Champion (1880-1942), médiéviste, fils du libraire et éditeur Honoré Champion (1846-1913) et aîné d’Édouard.
8 Émile Henriot (Émile Maigrot, 1889-1961), poète, écrivain, essayiste et critique. Membre de l’Académie française en 1945, Émile Henriot sera critique littéraire au Monde à la Libération. Ses Poèmes à Sylvie sont sa première œuvre publiée. Il sera parfois appelé « Le Petit Henriot » pour le distinguer de son père.
9 Florent Fels (Florent Felsenberg, 1891-1977), critique d’art avant-gardiste, fondateur puis codirecteur de la revue Action (cahiers individualistes de philosophie et d’art), nommé directeur artistique de Radio Monte-Carlo en 1945.
10 On connaît peu Jacques Deville. Avant 1914 il est d’abord journaliste à La Libre Parole d’Édouard Drumont, journal violemment antisémite paru de 1892 à 1924 il semble qu’il y tenait une rubrique littéraire mais ce n’est pas une raison. Il travailla aussi au plus respectable Homme libre de Georges Clemenceau, paru de 1913 à 1939 et pour L’Ami du lettré du début de la parution de cet almanach en 1923 à sa mort en juillet 1927. C’est d’ailleurs dans L’Ami du lettré qu’est d’abord paru ce texte, en 1925. L’Ami du lettré a cessé sa parution en 1929.

11 Le second numéro hors-série est de 1928, un texte de Pierre Bellanger, chroniqueur de bridge au Figaro. Il provient de l’ouvrage Bridge aux enchères et bridge-plafond. Législation, par Pierre Bellanger d’après la Législation du Whist de Deschapelles et les usages du bridge. Nous savons qu’Édouard Champion était bridgeur mais pourquoi un hors-série ?
12 La librairie Honoré Champion a déménagé quelques fois, à peu de distance, quai Malaquais ou quai Voltaire, qui se suivent sur la rive gauche de la Seine, face au Louvre. Cette librairie se trouve de nos jours rue Corneille, le long du théâtre de l’Odéon.
13 Abbeville se trouve à soixante kilomètres au sud du Touquet.
14 Comme dans ce numéro vingt À Antoine, par Edmond Rostand.

15 Le jeudi est depuis longtemps un jour important de l’Académie française. Depuis 1816, les membres se réunissent tous les jeudis à quinze heures sur un ordre du jour établi chaque semaine par le secrétaire perpétuel. Chaque année la rentrée a lieu le dernier jeudi de septembre. La séance publique annuelle se tient le premier jeudi de décembre.
16 Paul Bourget (1852-1935), écrivain, auteur dramatique et essayiste catholique. Ses premiers romans ont eu un grand retentissement auprès d’une jeune génération en quête de rêve et de modernité. À partir du Disciple, en 1899, Paul Bourget s’est davantage orienté vers l’étude des mœurs et les sources des désordres sociaux, qu’il relie parfois à la race. Paul Bourget est l’auteur de trois numéros des Amis d’Édouard : Stendhal, par un des quarante (numéro 23, juillet 1920), Gustave Flaubert (numéro 37, décembre 1921) et Aux maisons de Barbey d’Aurevilly et de Balzac (numéro 61, mars 1924). Hors ses textes, ses œuvres n’ont jamais été publiées chez Champion, où elles n’avaient d’ailleurs pas leur place. Puisqu’il a été ici question de l’Académie française, notons que Paul Bourget y a été élu le 31 mai 1894.
17 Historien d’art et homme de lettres Jean-Louis Vaudoyer (1883-1963) sera conservateur du musée Carnavalet de 1932 à 1937 et administrateur de la Comédie-Française sous l’Occupation de mars 1941 à mars 1944 à la suite d’Édouard Bourdet. Il sera élu à l’Académie française en 1950, comme quoi on n’est pas rancunier. La rue Léon Vaudoyer à Paris porte le nom de son grand-père, architecte de la coupole de l’Institut.
18 Marcel Schwob, La Croisade des enfants, Mercure de France 1896, 81 pages de 12*17 centimètres. Tirage initial à 500 exemplaires, ornés de la lithographie de Maurice Delcourt. En 1904-1905 ce texte a été mis en musique par le compositeur Gabriel Pierné (1863-1937). Paul Léautaud a été quelques jours secrétaire de Marcel Schwob à cette époque. Dans son Journal au treize février 1905 nous lisons : « [Marcel Schwob] me donne un tas de coupures de journaux, dans lesquelles tirer de quoi faire cent lignes sur lui et Pierné pour l’éditeur de La Croisade des enfants. »
19 Marcel Schwob, Mimes « avec un prologue et un épilogue », dédié à Alphonse Daudet, Mercure 1894, 83 pages. De ces deux ouvrages censés avoir inspiré Édouard Champion c’est à l’évidence ce second qui a été déterminant mais pour le premier peut-être pensait-il à une autre édition que l’originale de 1896 ?

Indépendamment de la fantaisie typographique, acceptable sur une couverture on remarquera la totale méconnaissance de l’usage des chiffres romains, 1924 s’écrivant MCM XXIV et non cet invraisemblable et comique MDCCCCLXXXXIV
20 Marcel Schwob (1867-1905), naît dans une famille de lettrés fréquentée par Théodore de Banville et Théophile Gautier. À la naissance de Marcel, son père, Georges, revient d’Égypte où il était chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Élève brillant, Marcel intègre le lycée Louis-le-Grand, où il se lie avec Léon Daudet et Paul Claudel. En 1900, il a épousé l’actrice Marguerite Moreno.
21 Le numéro 61 est paru en mars 1924. Paul Bourget (note 16) y traite des maisons de Barbey d’Aurevilly et de Balzac. Maurice Barrès est mort le quatre décembre 1923.
22 Ernest Renan (1823-1892), philosophe et historien. Une grande partie de l’œuvre religieuse de cet ancien ecclésiastique a causé de violentes controverses dans le clergé. Les Nouvelles littéraires du 23 février 1923 ont publié un numéro spécial à l’occasion de son centenaire.
23 Charles Le Goffic (1863-1932), poète et romancier breton, critique littéraire, proche de l’Action française. Il sera élu à l’Académie française en 1930. Reçu en juin 1931, il mourra en février suivant, âgé de 68 ans « fatigué par ses nouvelles obligations officielles », nous dit sa notice de l’Académie.
24 Jean-Jacques Brousson (1878-1958), homme de lettres et journaliste, secrétaire d’Anatole France de 1904 à 1909. Jean-Jacques Brousson a été critique littéraire aux Nouvelles Littéraires dans les années 1920. Il est surtout connu pour son ouvrage Anatole France en pantoufles, qui lui fait peu honneur. Anatole France est mort le 12 octobre 1924 et le livre de Brousson est sorti chez Crès le 28 octobre. Il s’est vendu à 100 000 exemplaires (378 pages).
25 Louis-Gabriel Michaud (1773-1858), Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, édité par Michaud frères en 1811, 85 volumes.
26 Marcel Boulenger (1873-1932), romancier, journaliste et escrimeur. On se souvient de lui pour ses biographies de personnages imaginaires, auxquelles beaucoup ont cru. Marcel Boulenger a publié un conte, Les Œufs, qu’il a fait passer pour un conte de Charles Perrault. Trois Boulenger figurent au catalogue des Amis d’Édouard. Jacques Boulenger y donne le texte Un professeur de snobisme (numéro sept d’avril 1912) et Marcel Boulenger en donne deux, Le Beau mariage France-Italie (de 1927) et La Première sortie du Pape, de 1929.
27 Charles Perrault, La Belle au Bois Dormant, Cendrillon, Barbe-Bleue, Peau d’âne, Les Œufs. Préface d’Henri de Régnier, notice bibliographique d’Ernest Tisserand. Édition illustrée de douze planches et quatre illustrations, eaux-fortes originales de Drian (1885-1961). Éditions d’Art de la Roseraie, 1922, 388 exemplaires, 1922.
28 Eugène Marsan, Les Amazones, numéro 36 de novembre 1921. Eugène Marsan a aussi donné Stendhal célébré à Civitavecchia, numéro 79, de janvier 1925. Eugène Marsan (1882-1936), a fondé en 1908 avec l’éditeur Jean Rivain la Revue critique des idées et des livres, puis, en janvier 1909, avec le stendhalien Henri Martineau, la revue littéraire Le Divan. Il tiendra la critique littéraire de L’Action française sous le pseudonyme d’Orion. Eugène Marsan, auteur de manuels de savoir-vivre et de romans légers, sera parfois plaisanté pour son dandysme, d’où, ici « Le délicieux ». Voir à ce propos l’article d’André Beaunier dans la Revue des deux mondes d’août 1924 pages 698-709.
29 Louis Bertrand, Sur le Nil, numéro trente, février 1921. Louis Bertrand (1807-1841, à 34 ans), parfois prénommé Aloysius, poète, est surtout connu par la mise en musique par Maurice Ravel en 1908 de trois des 66 poèmes extraits de son recueil Gaspard de la nuit.
30 Georges Grappe, Le Cœur parmi les choses, numéro 42 d’octobre 1922. Georges Grappe (1879-1947), critique littéraire et artistique, traducteur de l’anglais, conservateur du Musée Rodin de 1925 à 1944. Lire un portrait de Georges Grappe dans le Journal de Paul Léautaud au 26 juin 1926.
31 Gaston Picard, Le Grenier de Dame Câline, numéro 41 de juillet 1922. Gaston Picard (1892-1962), journaliste, poète et romancier a fait partie des dix journalistes qui ont fondé, en 1926, le prix Renaudot, tous oubliés à l’exception de Georges Charensol et peut-être de Marcel Espiau.
32 Prosper Mérimée, Mateo Falcone, Mœurs de la Corse (Mateo avec un seul t). Cette nouvelle est parue dans La Revue de Paris de mai 1829, pages 32-48.
33 Jean Pellerin, Tartine « avec une préface de Francis Carco », numéro cinquante, de juin 1923. Jean Pellerin (1885-1921), est mort avant la parution de son texte dans Les Amis d’Édouard. Poète fondateur de l’École fantaisiste et journaliste, il a rencontré Francis Carco à l’occasion de son service militaire. Jean Pellerin a fait partie des « Treize » de L’Intransigeant. Dans son Journal au treize juin 1931 Paul Léautaud avance que Madame Carco « a été tout près de se marier avec Jean Pellerin, autrefois ».
34 Henri de Régnier, Les Trois Fils de Mme de Chasans, numéro 49 de juin 1923. Henri de Régnier (1864-1936) épousa en 1895 Marie, la deuxième des trois filles de J.-M. de Heredia, elle-même poète sous le nom de Gérard d’Houville. À partir de 1897, Marie fut la maîtresse en titre de Pierre Louÿs, ami d’Henri de Régnier. De cette liaison naquit Pierre, qui prit le nom de Régnier et eut Pierre Louÿs comme parrain. Henri de Régnier fut élu à l’Académie française en 1911. Pour cette affaire de famille, voir dans le Journal littéraire la journée du 18 février 1922, restaurée depuis le tapuscrit de Grenoble.
35 Jean Variot (1881-1962), homme de lettres et romancier. Cette Belle de Haguenau (numéro 34 d’août 1921) a été mise en musique par Maurice Fouret sous forme de comédie musicale en quatre épisodes représentée au Trianon-Lyrique le 21 février 1924 et à l’Opéra-Comique en novembre 1931. Il semble que l’imprimeur Paillart (d’Abbeville) ait aussi édité cette Belle de Haguenau pour son compte en même temps qu’Édouard Champion.
36 Remy de Gourmont (1858-1915), romancier, journaliste et critique d’art, proche des symbolistes, figure majeure du Mercure de France. Paul Léautaud a été son intime. Je sors d’un bal paré… est le numéro six des Amis d’Édouard, daté de février 1912. Voir aussi https://is.gd/xYs6x9.
37 Natalie Clifford Barney (Barney est le nom de famille, Clifford le second prénom, 1876-1972), née à Dayton (Ohio) est venue à Paris à l’âge de dix ans. En 1909, NCB s’installe au 20, rue Jacob dans un pavillon entouré d’un jardin au fond duquel se trouve un petit temple à colonnes doriques qu’elle baptise Temple de l’Amitié et qui sera, pendant près de soixante ans, le cadre de ses célèbres vendredis. Voir, dans La NRF de mai 2016 Simon Liberati : « D’un temple à l’autre, À propos de Natalie Barney et du Journal littéraire de Léautaud », pages 24-35.
38 Renée Vivien (Pauline Mary Tarn, 1877-1909, à 32 ans), est la riche fille, née à Londres, d’une américaine, Mary Gillet Bennett et d’un anglais, John Tarn. Femme de lettres, lesbienne frénétique et militante féministe.

Renée Vivien et Natalie Barney vers 1900. Le nom de l’auteur de la photographie a été perdu
39 Remy de Gourmont habitait au numéro 71 rue des Saint-Pères. Une plaque sur la façade de l’immeuble est encore en place aujourd’hui.
40 L’article en question est plus vraisemblablement le poème « À la mémoire de Renée Vivien » paru dans le Mercure du premier mai 1910, page 63, dont on peut relever les derniers vers : « Amante de l’automne et de la jeune mort, / Toi qui voulus mourir avant même de vivre — / Voici, parmi tes nuits, la nuit qui te délivre. »
41 Remy de Gourmont, Sixtine « roman de la vie cérébrale », dédié à Villiers de l’Isle-Adam, chez Albert Savine, septembre 1890 (distribué par le Mercure de France).
42 Remy de Gourmont, Lettres à l’Amazone, chez Georges Crès, 1914, 360 pages.
43 Dans le quotidien La France du deux juillet 1911, quatrième colonne de une.

44 Anatole France, La Comédie de celui qui épousa une femme muette, Les Amis d’Édouard numéro huit, d’avril 1912.
45 Jean de Gourmont, Souvenirs sur Remy, numéro 70, de septembre 1924. Jean de Gourmont (1877-1928) est surtout connu comme le frère cadet (19 ans de moins) de Remy de Gourmont. Jean de Gourmont n’est entré au Mercure en 1903 que grâce à cette seule qualité. À la mort de son grand aîné en 1915, Jean de Gourmont ne fera quasiment plus que s’occuper de sa postérité.
46 Les premiers « Épilogues » de Remy de Gourmont sont parus dans le Mercure de décembre 1895 sous le titre « Épilogues : Petites chroniques » puis « Épilogues » en février 1896 jusqu’en octobre 1915, représentant 320 chroniques.
47 Paul Adam (1862-1920), écrivain et critique d’art. Son premier roman, Chair molle (1885), accusé d’immoralité, a provoqué le scandale. On lira avec intérêt le portrait de Paul Adam dressé par André Billy dans La Terrasse du Luxembourg (Arthème Fayard 1945, page 139 et suivantes).
48 Paul Adam, Le Mystère des Foules, deux volumes chez Ollendorff 1895.
49 Pierre Giraud de Nolhac (1859-1936), historien et poète parnassien, conservateur efficace du musée du château de Versailles de 1892 à 1919. Les deux premières tentatives de Pierre de Nolhac à l’Académie française furent des échecs. Il a été battu, en 1907, par Henri Barboux et en 1911 par Henri de Régnier au fauteuil d’Eugène-Melchior de Vogüé. C’est le 15 juin 1922 qu’il a été enfin élu au fauteuil d’Émile Boutroux.
50 Il ne s’agit pas de vers ayant pour titre Pour la patrie mais d’un petit recueil ayant pour titre Vers pour la patrie 1914-1918, imprimé le onze novembre 1920 chez Darantière pour Émile Paul (28 pages).
51 Tristan Derème, L’Enlèvement sans clair de lune, ou les Propos et les Amours de M. Théodore Decalandre, roman enrichi d’un portrait de l’auteur gravé sur cuivre par Pascin, Émile-Paul Frères, 1924, 144 pages. Cette édition illustrée est paru en même temps que celle des Amis d’Édouard qui ne compte que 110 pages.
52 Fernand Divoire, Gabriel-Tristan Franconi, numéro 33 d’août 1921. Il s’agit de l’édition originale. Gabriel-Tristan Franconi (1887-1918), écrivain et poète né à Paris (de père suisse). Un tel, de l’armée française est paru chez Payot en 1918 (268 pages).
53 Georges Duhamel, Le Miracle, numéro 21, septembre 1919. Il s’agit de l’édition originale. Ce texte reparaîtra, accompagné de La Chambre de l’horloge, chez Stock en 1923 (63 pages).
54 Claude Farrère, Lyautey l’Africain, numéro 39 de février 1922. Claude Farrère (Frédéric-Charles Bargone, 1876-1957), écrivain voyageur et officier de marine, prix Goncourt 1905 avec Les Civilisés. Élu à l’Académie française en 1935, devant Paul Claudel. Le six mai 1932, le Président Doumer qui inaugurera le salon annuel des écrivains anciens combattants et s’entretiendra avec Claude Farrère, président de l’association, tombera sous les balles de Paul Gorgulov. Claude Farrère s’interposant, sera blessé au bras, ce qui lui vaudra son élection à l’Académie française en mars 1935.
55 Claude Farrère, Ma dernière visite à Loti, octobre 1923. Le texte de la Revue des deux mondes est paru dans le numéro du premier juillet (pages 161-188).
56 Quand Jacques Deville dit « en bonne place » il ne fait pas allusion au nombre de numéros publiés — il n’y en a qu’un seul de Charles Maurras — mais au fait qu’il soit paru dans le deuxième numéro des Amis d’Édouard, en 1911, et intitulé Pour Psyché. Charles Maurras (1868-1952), journaliste, essayiste et homme politique a été l’un des principaux animateurs de l’Action française (mouvement politique et journal). D’un talent littéraire incontestable, d’une fécondité exceptionnelle, Charles Maurras a été un modèle pour une certaine jeunesse française qui l’a parfois suivi dans ses errements politiques. Charles Maurras a été élu à l’Académie française en 1938. La guerre survenant, son anticommunisme et son antisémitisme l’ont conduit à cautionner puis à encourager la collaboration, organisée par Philippe Pétain, son voisin de fauteuil à l’Académie française. À la Libération, Maurras sera déclaré coupable de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale.
57 Charles Maurras, Trois idées politiques : Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve, dédié à Paul Bourget, Honoré Champion printemps 1898, 79 pages.
58 La Gazette de France a publié pour la première fois cette « Enquête sur la monarchie » en une de son numéro du 29 juillet 1900, la date n’a peut-être pas été choisie au hasard. Dans son numéro du deux septembre, paraît une « Lettre du roi » datée de Marienbad et adressée à « Mon cher Maurras » et conclue par « Croyez-moi, mon cher Maurras, / votre affectionné / Philippe. » L’éditorial faisant suite à cette lettre précise : Le Roi vient de parler. Leur [les royalistes] devoir est tracé. » Après être parue dans les colonnes de La Gazette de France, cette enquête a été rassemblée en trois petits volumes thématiques en 1900 et 1903. Ces trois volumes ont ensuite été réunis en un seul, paru en octobre 1909 sous le même titre, Enquête sur la monarchie, 1900-1909 par la Nouvelle librairie nationale (plus de 500 pages).
59 « Avec ses dix-sept ans, son visage vermeil et les grappes de cheveux clairs qui soulèvent le bord de son feutre pointu, M. Édouard Champion ne doute de rien. Il affronterait l’univers. C’est d’un cœur intrépide qu’il a proposé au poète solitaire de Châtenay, son voisin de campagne, une liste de questions sur tous les sujets dont on s’entretient aujourd’hui, depuis la réforme de l’orthographe jusqu’aux règles de la morale et de la prosodie. »
60 Avant de paraître dans La Revue Hebdomadaire, un fragment du poème Pour Psyché est paru dans La Syrinx en 1892. Voir aussi La Revue hebdomadaire du 27 mai 1893 page 612 et (« dernière ballade ») du 29 septembre 1894 (page 789).
61 « Une heure avec Charles Maurras » en une des Nouvelles littéraires du cinq mai 1923 repris dans le numéro 56 des Amis d’Édouard de décembre 1923. Frédéric Lefèvre (1889-1949) a fait paraître en 1917 son premier ouvrage, au titre ambitieux pour un aussi jeune homme : La jeune poésie française. En 1922, Frédéric Lefèvre, Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard ont lancé l’hebdomadaire Les Nouvelles littéraires, revue littéraire « au prix et au format d’un journal » qui paraîtra jusqu’en 1983. Frédéric Lefèvre (1889-1949), sera l’immortel auteur de la série de près de quatre-cents entretiens « une heure avec… » tous parus dans Les Nouvelles littéraires. Certains de ces entretiens seront réunis en cinq volumes chez Gallimard puis (sixième volume) chez Flammarion ente 1924 et 1929.

62 Doré (Robert) et Simonson (Raoul), Les Livres d’André Gide, septembre 1923.
63 Edmond Pilon, Alain-Fournier, numéro 26, de septembre 1920. Alain-Fournier (1886-mort au combat le 22 septembre 1914), auteur du Grand Meaulnes (Émile-Paul 1913). Journal de Paul Léautaud au 19 novembre 1910 : « En sortant à midi du Mercure, rencontré le petit Alain Fournier, qui rédige, à Paris-Journal, le Courrier littéraire. »
64 Trois numéros se suivant (23, 24 et 25) de juillet et novembre 1920 (précédant le numéro sur Alain Fournier) sont réservés à Stendhal : Stendhal, par un des quarante, de Paul Bourget, Hommage à Stendhal par Édouard Champion et Stendhal par Anatole France.
65 Allusion à la plaquette de 36 pages de Prosper Mérimée : H B par un des quarante, « Eleutheropolis, de l’An MLCCCLXIV, de l’Imposture du Nazaréen. [Bruxelles, Poulet-Malassis, 1864] » et un étonnant frontispice de Félicien Rops réservé aux amateurs.

66 Stendhal, Œuvres complètes, Champion (34 volumes parus de 1913 à 1940). La Revue de Paris de mai 1902, page 408, en ouverture de la rubrique « Les Lettres et la vie » : « L’été prochain s’annonce très stendhalien. M. Édouard Champion va reprendre la publication de l’édition définitive des Œuvres complètes de Stendhal, si heureusement inaugurée par son père, M. Honoré Champion. »
67 Le monument en hommage à Stendhal a été inauguré le vingt juin 1928 dans le jardin du Luxembourg (près de l’École des Mines où Paul Léautaud nourrissait des chats). Voir les « Échos » du Mercure de France du quinze juillet 1920, pages 565-570 comprenant de larges extraits des discours.

Édouard Champion prononçant son discours (fragment d’une photo de presse conservée à la BNF)
68 En ouverture de La Revue de Paris de septembre 1920, pages 5-17.
69 Giuseppe Primoli (1852-1927), bibliophile italien ayant souvent séjourné en France, au gré des monarchies ou des républiques.
70 Raymond Poincaré, Ernest Renan, numéro 52 de septembre 1923. Jean Pellerin, Tartine, a fait l’objet de la note 33. Raymond Poincaré (1860-1934), avocat, a été Président de la République pendant toute la durée de la guerre, de 1913 à 1920.
71 Le palais Primoli accueille de nos jours le musée napoléonien de Rome et le musée Mario-Praz.
72 Numéro 9, d’avril 1912.
73 Émile Mazaud, La Folle journée, comédie en un acte représentée le premier juillet 1920 au théâtre du Vieux-Colombier dans un décor de Christian Bérard et une mise en scène de Louis Jouvet avec lui-même, Georges Vitray et Jane Lory. Les Amis d’Édouard numéro 27, 1920. Le texte de la pièce est paru à La NRF la même année (46 pages).
74 Alfred de Musset au Théâtre, numéro 44, de janvier 1923. André Suarès (1868-1948), poète et écrivain, est surtout connu pour Le Voyage du Condottière, roman en trois tomes : I Vers Venise (1910), II Fiorenza, III Sienne la bien-aimée. André Suarès a été le premier des nombreux conseillers de Jacques Doucet pour la confection de sa bibliothèque, léguée à l’Université à sa mort en 1929. Marie Dormoy en sera la directrice.
75 André Suarès, Stendhal, Verlaine, Baudelaire, Gérard de Nerval et autres gueux « aboyés du moraliste populaire, chasse à la grosse bête » suivie de L’Autodidacte », Champion 1923, in-4° de 24 feuillets.
76 Vraisemblablement le Cahier B de 1910, Champion 1926 après une première parution chez Gallimard. Cette publication a été le début de l’envolée des prix des manuscrits de Paul Valéry, ce qui l’a même conduit à fabriquer de faux manuscrits alors qu’il écrivait à la machine.
77 Peut-être le manuscrit du Thaïs d’Anatole France paru chez Calmann-Lévy en 1891.
78 Marie Bashkirtseff (1858-1884), née en Ukraine et morte de tuberculose à Paris avant son 26e anniversaire, est surtout connue pour son Journal (Charpentier 1890, deux volumes de 401 et 591 pages) et quelques agréables peintures.
79 Pierre Borel (Frédéric Viborel, 1885-1963), critique littéraire et homme de lettres est l’auteur, notamment, de L’Âme ardente de Marie Bashkirtseff, texte d’une conférence prononcée à Monaco en 1929 (23 pages).
80 Maurice Levaillant, La Porte d’azur, poèmes (1909-1914), numéro 85 de mai 1925.
81 Alphonse de Châteaubriant (1877-1951), écrivain d’extrême droite condamné à mort à la libération et réfugié en Autriche sous un faux nom, dans un monastère, où il est mort.
82 Pierre Champion, Françoise au calvaire, Grasset 1924, 171 pages.
83 Pierre Champion, Histoire poétique du XVe siècle, deux tomes de 395 et 475 pages, Édouard Champion, collection Bibliothèque du quinzième siècle, 1923. Rappelons que Pierre Champion était médiéviste, même si Françoise au calvaire est l’histoire d’une fermière pendant la première guerre mondiale.
84 Le dos de chaque volume, aussi mince soit-il, n’est imprimé que d’une seule lettre et il est prévu qu’une fois réuni sur étagère l’ensemble de la collection présente, sans aucun espace, le texte « Les amis d’Édouard sont les plus aimables amis du monde Anatole France à Édouard Champion ami des livres ». Ce texte ne comptant que 86 lettres sans espaces il a bien fallu l’allonger avec « et des dames. À Paris et à Abbeville (Somme) imprimerie Frédéric Paillart. 1911-1933. Merci !. » On aura noté le point d’exclamation suivi d’un point, ce qui nous conduit au numéro 166, de 1937. Le dernier numéro est l’ouvrage collectif Cher Édouard, déjà évoqué au début de cette page, au dos entièrement vierge malgré son épaisseur de quatorze millimètres.
85 Note de Jacques Deville : « Anatole France recevait les petits volumes, les lisait, les aimait… C’est un jour, en louant Édouard et ses amis, qu’il lui dit qu’ils étaient les plus aimables amis du monde : ces mots, Édouard les a placés en exergue de sa collection. »
86 Ces numéros 19 et 20 sont Louis Gillet, Le Tasse à l’Abbaye de Châalis et Edmond Rostand, A Antoine.
87 Édouard Champion a parfois décidé de tirages un peu plus importants comme Anatole France, La Comédie de celui qui épousa une femme muette (260 exemplaires dès 1912) ou cet Edmond Rostand, A Antoine, évoqué note précédente (249 exemplaires) ou Paul Valéry, Une conquête méthodique, de novembre 1924.
88 Louis Jou (1881-1968), typographe et illustrateur espagnol, ami d’André Suarès.
89 En 1925, un volume courant en librairie coûtait 7.50 f. Dans le commerce ou hors commerce, la même rareté a produit les mêmes effets. Bien qu’un peu moins chers parce que la collection est moins connue, il faudra tout de même de nos jours, sauf chance, des années a un amateur assidu pour posséder les quinze numéros.
90 Marcelle Lesage, éditrice et libraire 24, place Dauphine.
91 Anatole France, Petit Pierre, roman autobiographique, Calmann-Lévy 1918 (339 pages).
92 Le texte de L’Ami du lettré se termine ici. La suite de cette note de fin provient donc de l’édition des Amis d’Édouard.
93 Journal de Paul Léautaud au 29 janvier 1926 : » Ce matin lettre de Mme de Harting, la femme de l’associé, peut-être même le successeur de Champion, me demandant quelque chose pour sa collection de luxe : La Porte étroite. » Une librairie a été fondée en 1921 au 10 de la rue Bonaparte par Yvonne Vierne. En 1924, avec Madeleine de Harting, elle a pris le nom de La Porte étroite, avec l’accord d’André Gide. La librairie a été fermée en 2015. C’est de nos jours une galerie d’art et la porte est toujours aussi étroite.
94 Madeleine de Harting (née Madeleine Feuchtwanger, 1901-1986), finira propriétaire de la librairie Champion jusqu’en 1973.
95 Louis Codet (1876-1914, mort au combat à 38 ans) est le moins connu de ces auteurs. Soutenu par Eugène Montfort éphémère directeur, Louis Codet figurait au sommaire du premier numéro de La NRF. Le 15 juin 1924, Les Marges ont publié un numéro spécial Louis Codet.
96 Erreur possible de Jacques Deville qui peut être corrigée par Émile Henriot, Esquisse d’X… Des erreurs, y compris ici, peuvent être commises suite à une réédition et à un accroissement de cette collection au début des années 1930, comme un Charles Maurras, Prologue d’un essai sur la critique de 1932.
97 Henri Duvernois, La Mort de Prosper Boudonneau, hirondelle, proposé au téléchargement ci-après.