Correspondance avec les « Dames Mallarmé »

Page mise en ligne le quinze août 2023 — 3 600 mots — temps de lecture : douze minutes.

La mort de Stéphane Mallarmé
La notice de 1900
La notice de 1908
Notes

La mort de Stéphane Mallarmé

Stéphane Mallarmé, né en mars 1842 est mort à Valvins le neuf septembre 1898. Dans le milieu de la poésie, l’émotion est immense.

Nombreux sont les journaux à annoncer sa mort le lendemain, samedi.

Le Matin du dix septembre 1898, page trois »

Il faudra attendre le dimanche pour voir quelques articles en une (Le XXe siècle et L’Écho de Paris) mais pas de gros titre. Un poète, n’est-ce pas ?… En même temps il y a aussi l’assassinat, à Genève, de l’impératrice d’Autriche par un anarchiste italien mais qui ne fait pas les gros titres non plus.

Dans L’Aurore, Eugène Thébault écrit : « J’ose dire que ce n’est pas une perte pour les lettres. Nul poète ne fut plus inutile que celui-là. […] M. Mallarmé dépense un talent et une érudition énormes à parler pour ne rien dire, à écrire pour n’être pas compris. »

Le Figaro de ce même dimanche s’amuse à reproduire le libellé de quelques enveloppes aux adresses singulières :

Les journaux du lundi (lire Le Matin), relatent l’inhumation, à seize heures, au cimetière de Valvins, en présence de deux-cents personnes qui ont fait le voyage en train pour quatre francs quatre-vingt-dix en troisième classe. Un quotidien est à dix centimes.

Journal de Paul Léautaud au dix septembre :

Les journaux, ce matin, annoncent la mort de Mallarmé, hier, subitement, dans sa petite maison de Valvins1. Celui-là fut mon maître. Quand je connus ses vers, ce fut pour moi une révélation, un prodigieux éblouissement, un reflet pénétrant de la beauté, mais en même temps qu’il me montra le vers amené à sa plus forte expression et perfection, il me découragea de la poésie, car je compris que rien ne valait que ses vers et que marcher dans cette voie, c’est-à-dire : imiter, ce serait peu digne et peu méritoire. Je me rappelle que j’en parlai à tous mes collègues de l’étude et que j’allai acheter chez Perrin un exemplaire de Vers et Prose2 pour chacun d’eux. Mallarmé est vraiment le seul poète. Depuis que je l’ai lu, j’ai cette opinion. Comme poète, par l’expression, la quintessence de la forme, il est de beaucoup au-dessus de Hugo, et Verlaine3, à côté de lui, n’est qu’un élégiaque. Les vers de Mallarmé sont une merveille inépuisable de rêve et de transparence.

C’est Mallarmé, je crois bien, qui décida de mes relations avec Valéry. Je l’avais jusqu’alors vu aux mardis du Mercure4 sans guère lui parler. Un mardi que j’allais au Mercure, j’entrai au bureau de tabac de la rue de Seine, entre la rue Saint-Sulpice et la rue Lobineau5. Valéry en sortait. Il m’attendit et nous fîmes le chemin ensemble. Je ne sais plus ce qui l’amena à prononcer le nom de Baudelaire. Je lui répondis qu’il y avait un poète que je mettais bien au-dessus : Mallarmé. Depuis que je ne sais quelle sympathie me lie avec lui, nous en avons souvent parlé ensemble. Il devait même, un soir de cet hiver, m’emmener avec lui rue de Rome. Je n’aurai pas ce plaisir. J’avais projeté d’écrire sur Mallarmé un « Hommage au Poète ». Ce travail est encore à faire.

Mallarmé est mort. Il a enfoncé le cristal par le monstre insulté6. Le cygne magnifique7 est enfin délivré.

Et quelle qualité : il était unique.

        À Paul Valéry

Paris le 10 septembre 1898

        Mon cher Valéry,

Des raisons stupides m’empêchent de me rendre demain à Valvins. Il ne me sera pas accordé de saluer la dépouille de notre cher et suprême Mallarmé, et je ne pourrai pas lui adresser, là-bas, un peu de cet hommage que je rêvais de lui offrir, prochainement8

Je vous en prie : demain, parmi la cérémonie, faites un geste pour moi.

        À vous de cœur.

Paul Léautaud

La notice des Poètes d’aujourd’hui en 1900

Deux ans passent et il est question, avec Adolphe van Bever, de rédiger les notices des Poètes d’aujourd’hui. Pour éviter de redire ce que l’on trouve déjà dans les biographies et surtout ce que tout le monde sait par les journaux, il faut se rapprocher des auteurs ou de leur famille.

        À Paul Valéry

Paris le 12 janvier 1900

        Mon cher Valéry,

J’ai bien besoin d’avoir des renseignements exacts sur les droits de Deman9 comme éditeur de Mallarmé. Me serait-il possible d’avoir une audience de Mademoiselle Mallarmé, et vous-même, voudriez-vous m’y présenter. Un mot, je vous prie. Tout cela est un peu urgent.

        Cordialement à vous10.

Paul Léautaud

Mardi 16 Janvier

Été aujourd’hui chez Mesdames Mallarmé11, au sujet des Morceaux choisis pour le Mercure. Valéry, par lettre, leur avait demandé une audience pour moi puis m’avait avisé qu’elles m’attendaient, ou plutôt que Mlle Geneviève Mallarmé m’attendait aujourd’hui ou demain vers cinq heures. J’ai donc pénétré dans l’exquis petit appartement où vécut Mallarmé12 et dans lequel je devais aller lui rendre visite, conduit par Valéry, si sa mort soudaine n’était survenue. J’ai vu la petite salle à manger avec son poêle de faïence blanche que je connaissais déjà par la photographie de Nos contemporains chez eux. J’ai vu la chaise Louis XV, sur laquelle, sur une autre photographie, Mallarmé est représenté assis. J’ai vu presque tout entier le cadre dans lequel il vécut longtemps et j’ai connu une part de l’impression que j’aurais ressentie, si j’y étais venu de son vivant avec Valéry. Cette petite salle à manger, cet étroit et lumineux salon où j’ai causé ce soir, tout ce charmant et coquet appartement, j’ai eu là une image parfaite de l’élégance vraie et simple dans la pauvreté ou presque.

Quant aux femmes qui, dans ce cadre, entretiennent le souvenir d’un époux et d’un père, quant à Mlle Mallarmé surtout, les mots élégance et grâce naturelle les peignent fidèlement. Aucune fausse tristesse, aucune parade mortuaire. Rien qu’un accueil aimable et mélancolique à moi qui venais les entretenir du poète et d’un travail à servir sa mémoire.

Entre autres paroles, je noterai les suivantes de Mlle Mallarmé, en réponse à ma demande de renseignements pour une nomenclature de tous les articles parus sur son père : « Nous avons gardé longtemps tous les Argus13. Nous les gardions dans notre maison de Valvins. Je m’étais procuré, pour les y mettre, un grand sac de grosse toile, un sac à pommes de terre. J’appelais même ce sac le « sac à gloire ». Nous y enfournions au fur et à mesure des coupures de journaux… Et un beau jour, tout cela était si sale, si encombrant, si pauvre, que nous avons tout jeté. »

Cette photographie d’un tableau de Manet14 (femme sur un divan) que je viens d’acheter ce soir, chez un marchand de tableaux de la rue Le Peletier, en revenant de chez les dames Mallarmé, j’ai à la regarder un plaisir tout à fait particulier.

À la fin de janvier, Geneviève Mallarmé à Paul Léautaud15.

Paris, 89, rue de Rome

        Cher Monsieur

Voici les documents que nous avons pu nous procurer pour vous. Peut-être quelques-uns nous échappent-ils mais ceux-ci sont les plus importants.

Ma mère et moi nous vous envoyons nos souvenirs de sympathie, cher Monsieur.

Geneviève Mallarmé

Ces documents sont quatre feuilles de biographie et bibliographie.

Paul Léautaud répond le premier février :

        Mademoiselle,

Je vous prie de trouver ici mes remerciements pour les notes que vous avez bien voulu rédiger au sujet de l’iconographie de M. Stéphane Mallarmé et de sa collaboration à des revues et journaux. Je ne puis encore vous dire si me satisfera l’ensemble des renseignements que j’ai réunis sur le Maître et son œuvre. Il me faut pour cela attendre le moment où je toucherai à l’achèvement de mon travail. Peut-être me faudra-t-il alors vous importuner de nouveau pour des renseignements complémentaires ou manquants, comme par exemple les dates auxquelles furent faits le portrait par Renoir16 et celui par Whistler17, dates que je ne lis point dans votre note. J’ose vous prier de m’en excuser à l’avance et de m’accorder alors l’accueil bienveillant que je vous dois déjà et dont je vous reste reconnaissant.

Veuillez accepter, pour Madame votre mère et pour vous, Mademoiselle, l’hommage de mon respect.

Paul Léautaud

Geneviève Mallarmé lui répond au début de février :

Paris, 89, rue de Rome

        Cher monsieur

J’avais omis, et vite je viens vous les dire, de signaler pour la bibliographie « l’Avant-dire » et « Raisins bleus et gris » par Léopold Dauphin chez Vannier 1897.

Ceci n’ayant été joint nulle part à un volume, il serait bon, je crois, de l’indiquer.

        Ma mère et moi nous vous envoyons notre amical souvenir

Geneviève Mallarmé

Puis envoie une autre lettre quelques jours plus tard, sans doute à une nouvelle demande de Paul Léautaud, non retrouvée :

Paris, 89, rue de Rome

        Cher monsieur

Je n’ai retrouvé que ceci à joindre à la bibliographie l’Après-Midi d’un Faune, édition de la revue indépendante (1887)18, puis les réimpressions de Vathek, chez Perrin en un volume courant (1893).

D’autres amis que ceux que vous indiquez : Stuart Merrill19, Victorio Sica20, traduisent des œuvres de père, mais le détail me manque absolument quant au choix ; c’est un souvenir qui se représente, sans point précis, à ma mémoire.

Voulez-vous accepter, cher Monsieur, notre compliment affectueux à ma mère et à moi.

Geneviève Mallarmé

Fin juin, début juillet au plus tard paraît la première édition des Poètes d’aujourd’hui. Ce n’est indiqué nulle part mais il est évident que Paul Léautaud a envoyé au moins un volume à Geneviève Mallarmé, qui remercie un peu tardivement, le 19 juillet, en vacances dans sa maison de Valvins :

Valvins par Avon,
(Seine & Marne)

     Cher monsieur

J’ai voulu lire puis relire, la belle notice que vous fîtes sur père dans « les Poètes d’aujourd’hui » avant de vous dire combien ma mère et moi nous avons été touchées de votre piété, que nous sentons grande, et du soin très particulier mis par vous dans la rédaction de ces pages.

Le choix des vers nous a semblé parfait.

Voulez-vous trouver ici, cher monsieur, l’expression de notre gratitude émue et la partager avec votre collaborateur, puis croire à nos sentiments les meilleurs.

Geneviève Mallarmé

La notice des Poètes d’aujourd’hui en 1908

Il se passera des années avant un nouvel échange de lettres, occasionné par la parution de la deuxième édition des Poètes d’aujourd’hui, en deux volumes.

Parce que Paul Léautaud en a moins parlé, nous ne savons que peu de choses sur cette seconde édition, parue en 1908. Trois dates :

Premier avril :

Les premières épreuves des Poètes d’aujourd’hui sont arrivées ce matin.

09 novembre :

Les Poètes d’aujourd’hui sont enfin finis. J’ai emporté aujourd’hui au Mercure les derniers placards corrigés. Je n’aurai plus qu’à revoir la mise en pages d’ici quelques jours. Quel soupir de soulagement, de délivrance, je pousse.

Et enfin le seize décembre paraît, dans le Mercure, page 751, l’annonce de la parution des Poètes d’aujourd’hui.

C’est pourtant le onze novembre 1907, un an avant cette deuxième édition, que Geneviève Mallarmé écrira à Paul Léautaud, sous le nom de Geneviève Mallarmé-Bonniot :

Paris, 105 rue de Miromesnil

        Cher Monsieur

Nous venons de voir de votre ami Valéry qui nous a fait la communication dont vous l’aviez chargé. Tout le chapitre consacré à mon père est parfait sauf une inexactitude dans une anecdote à laquelle nous nous attachons parce qu’il aimait la conter.

Les jours même où il fut conduit par la grand-mère maternelle qui l’élevait — son père, veuf, s’étant remarié — dans le pensionnat d’Auteuil fréquenté par les fils des plus nobles familles, comme vous l’indiquez, l’un d’eux s’approcha de lui, présentant ses camarades « Voici un tel, un tel, etc. » citant les noms célèbres.

Quand l’énumération fut terminée « Et toi, comment t’appelles-tu ? » « Je m’appelle Mallarmé. » Sitôt une grêle de coups de poings s’abattit sur l’enfant qui comprit l’insuffisance de son nom trop simple. Se souvenant alors que son père possédait une maison au hameau de Boulainvilliers il ajouta : « Je m’appelle aussi Marquis de Boulainvilliers »

Alors toutes les mains se tendirent. Ce fut le nom qu’il garda dans ce pensionnat.

Les jours de visite des parents, quand le garçon chargé d’appeler à travers un porte-voix les élèves qui jouaient au fond du parc le nommait ainsi, il laissait s’écouler un moment avant de répondre afin que sa grand-mère ne comprit pas que si noble appellation amenait vers elle le petit enfant qu’elle allait voir.

Nous ajoutons, cher monsieur, que si cette anecdote vous semble un peu longue, mieux vaudrait supprimer le passage qui y a trait, et nous vous prions de recevoir l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Geneviève Mallarmé-Bonniot
11 novembre 1907

À Geneviève Mallarmé-Bonniot

Paris, 17, rue Rousselet
le 12 novembre 1907

     Madame,

Je vous remercie d’avoir bien voulu prendre la peine de m’écrire au sujet de la nouvelle édition de Poètes d’aujourd’hui. Je ne manquerai pas de compléter la petite anecdote dans les termes que vous m’indiquez. J’aime beaucoup moi-même les anecdotes d’enfance, et surtout, on ne saura jamais trop de choses — on en sait déjà trop peu — sur Stéphane Mallarmé.

Je vous prie, Madame, d’agréer pour Madame Mallarmé et vous, mes plus respectueux hommages.

P. Léautaud

Cette anecdote sera fidèlement rapportée dans l’édition de 1908 des poètes d’aujourd’hui, ainsi que dans l’édition suivante :

Fragment de la page 213 du deuxième volume des Poètes d’aujourd’hui dans l’édition en trois volumes de 1930

En 1908, Geneviève recevra évidemment les deux tomes de cette nouvelle édition mais le Journal de Paul Léautaud n’en fait pas mention. Nous n’avons que cette carte de visite, non datée, précieusement conservée par la bibliothèque Doucet :

Peut-être Geneviève avait-elle plus important à faire ce jour-là.

Notes

1       Ancienne commune à une vingtaine de kilomètres au sud de Melun, en lisière est de la forêt de Fontainebleau et en bord de Seine. Dans cette maison est installé de nos jours le musée départemental Stéphane Mallarmé, maintenant sur la commune de Vulaines-sur-Seine.

2       Stéphane Mallarmé, Vers et prose — Morceaux choisis, Avec un portrait par James M. N. Whistler, librairie académique Didier, Perrin et cie, libraires-éditeurs, 35 quai des Grands-Augustins, 1893, 223 pages. Ce recueil composé par Stéphane Mallarmé présente ses principales œuvres et des traductions par lui-même de poèmes d’Edgar Poe et d’autres textes. On ne confondra évidemment pas ce volume avec la revue éponyme fondée par Paul Fort en mars 1905.

3       Paul Verlaine fera l’objet d’une importante notice dans les Poètes d’aujourd’hui. Voir aussi dans ce même recueil la notice de Stéphane Mallarmé.

4       Ces Mardis du Mercure sont en fait les Mardis de Rachilde. Voir Auriant, Souvenirs sur Madame Rachilde (en page privée). À l’écart 1989, page huit : « Les “mardis” de Mme Rachilde furent célèbres un quart de siècle durant. Ce jour-là, passé midi, Louis Dumur débarrassait sa table des livres, brochures, journaux et manuscrits qui l’encombraient, M. Vallette rangeait son bureau, et tous deux s’accordaient un petit congé jusqu’au lendemain. Vers cinq heures, la porte du cabinet directorial s’ouvrait à deux battants sur le salon de Mme Rachilde où des chaises assemblées attendaient les invités. »

5       Paul Léautaud reviendra plusieurs fois sur l’événement. Dans le Comœdia du premier novembre 1941 il précisera « Nous allons tous les deux [avec Paul Valéry] au mardi de Mme Rachilde. […] De ce jour datent vraiment nos relations. »

6       « Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume, / D’enfoncer le cristal par le monstre insulté / Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume / — Au risque de tomber pendant l’éternité ? » Stéphane Mallarmé, Les fenêtres.

7       « Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui / Magnifique mais qui sans espoir se délivre / Pour n’avoir pas chanté la région où vivre / Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui. » Stéphane Mallarmé, Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui

8       Cela ne se fera pas.

9       Edmond Deman (1857-1918), éditeur bruxellois d’Émile Verhaeren, de Maurice Maeterlinck, de Fernand Crommelynck, de Léon Spilliaert, de James Ensor… Stéphane Mallarmé a publié chez Deman sa traduction des poèmes d’Edgar Poe.

10     Paul Valéry est entré in extremis dans les Poètes d’aujourd’hui grâce à l’appui de Pierre Louÿs. Voir à ce propos la page « Mes souvenirs de Pierre Louÿs » et, bien entendu, la notice de Paul Valéry dans les Poètes d’aujourd’hui.

11     Les « Dames Mallarmé » qui ont donné le titre de cette page sont en fait l’épouse et la fille. Maria Christina Gerhard (1935-1910) a épousé à Londres en août 1863 Stéphane Mallarmé (1842-1898, mort à 56 ans) à qui elle a donné deux enfants, Geneviève (1864-1919, morte à 55 ans) et Anatole (1871-1979), dont il ne sera pas question ici. La jolie Geneviève épousera sur le tard (en 1901, à 37 ans) le médecin Edmond Bonniot (1869-1930, mort à 61 ans), de cinq ans son cadet. Le couple s’est alors installé au 105 rue de Miromesnil, presque à l’angle du boulevard de Courcelles, ce qui indique une nette amélioration du train de vie de Geneviève. Il ne semble pas qu’il ait eu de descendance. L’année suivant la mort de sa femme, Edmond Bonniot s’est remarié.

Geneviève Mallarmé en 1900, par Nadar

La question du mariage tardif de Geneviève Mallarmé a conduit à poser la question au musée Mallarmé. Madame Lou Robert, Médiatrice culturelle — que nous remercions — a apporté la réponse suivante, qui semble très pertinente : « Il semblerait que le mariage tardif de Geneviève soit lié à plusieurs raisons : ayant reçu plusieurs demandes en mariage étant jeune, Mallarmé a refusé plusieurs propositions (au moins deux) car les prétendants n’étaient pas à la hauteur de sa fille. Plus tard, Geneviève n’a pas donné suite à certaines demandes de son propre chef et parallèlement on sait qu’elle ne voulait pas quitter ses parents et surtout sa mère dont la santé était fragile, c’est la jeune femme qui s’occupait par conséquent des finances et du foyer des Mallarmé. »

12     Voir la note 312 des Poètes d’aujourd’hui où est décrit le 89, rue de Rome, avec photo.

13     Peut-être L’Argus de la presse, créé en 1879 et existant encore de nos jours.

14     Édouard Manet (1832-1883), surtout connu pour son Olympia et son Déjeuner sur l’herbe, tous deux exposés au musée d’Orsay. Cette « femme sur un divan » pourrait être l’Olympia mais ne l’est pas puisque PL achètera cette reproduction plus tard (lettre à Paul Valéry datée du 24 avril 1902). Dans cette même lettre, nous apprendrons qu’aujourd’hui seize janvier 1900, PL a acheté chez ce même marchand une reproduction du Portrait de Stéphane Mallarmé par Manet (1876), visible de nos jours au musée d’Orsay.

15     Les lettres de Geneviève Mallarmé reproduites ici sont absentes de la Correspondance générale établie par Marie Dormoy mais une reproduction des originaux est consultable sur la page https://is.gd/xHnmiI.

16     Note de Marie Dormoy : « Geneviève Mallarmé ignorait la date du portrait de son père par Renoir. Nous avons pu savoir, grâce à Jean Renoir, que ce portrait date de 1892, qu’à la mort du poète il est devenu la propriété du docteur Bonniot [futur époux de Geneviève Mallarmé le 19 juin 1901], et que sa veuve l’a vendu au Musée de Versailles. » Geneviève Mallarmé étant morte onze ans avant son mari ; la veuve en question est donc sa seconde femme, Louise Saquet (1886-1970), épousée en novembre 1920.

Renoir, Portrait de Stéphane Mallarmé (1892), huile sur toile de 40×50 cm. Le musée d’Orsay, où la toile est conservée indique qu’à partir de 1944, la toile se trouvait dans la collection Bonniot puis en 1950, dans la collection Azéma puis acquise par les Musées Nationaux pour le musée national d’Art Moderne. En 1952 le tableau a été affecté au musée national d’Art Moderne mais déposé au musée national du château de Versailles, jusqu’en 2017 puis attribué au musée du Louvre mais conservé au musée d’Orsay (ou elle ne fait pas partie de l’exposition permanente).

17     Le portrait de Stéphane Mallarmé par James Whistler (1834-1903), qui était un ami proche, est une lithographie pour paraître en frontispice de son recueil Vers et prose paru chez Perrin en 1893 (223 pages).

18     L’édition originale de ce poème est de 1876 chez Alphonse Derenne, avec des bois d’Édouard Manet.

19     Stuart Merrill (1863-1915), poète symboliste américain d’expression française a été codirecteur littéraire de L’Ermitage à partir de 1892. PL écrira à sa veuve le 15 décembre 1915.

20     Peut-être Vittorio Pica (1864-1930), critique d’art et traducteur de l’italien.