André Billy : Ce cher vieux Mercure ! (1946)

◄ Pour l’origine du Mercure de France

Pour la table générale du Mercure de France de 1890 à 1955 ►

Article d’André Billy1 paru dans Le Littéraire2 du 19 octobre 1946 et repris dans le Mercure du 1er janvier 1947, pages 183-184.

André Billy rendait hommage à la reparution du Mercure de France, le premier décembre 1946, après plus de cinq années d’interruption.

À la mort d’Alfred Vallette3 en septembre 1935, Georges Duhamel4 a repris la vénérable maison mais s’est très vite rendu compte que cela lui prenait tout son temps, ce qu’il ne souhaitait pas. Deux ans et demi plus tard, en février 1938, Georges Duhamel abandonne la direction à Jacques Bernard5, homme d’extrême droite, enthousiaste de la collaboration. Ce seront jusqu’à la Libération les années les plus noires de l’histoire du Mercure de France, qui continuait à éditer des livres avec la bénédiction de l’occupant.

Il est nécessaire de savoir cela avant de lire l’article d’André Billy d’octobre 1946.


La rue de Condé a vu reparaître depuis quelque temps certaines figures qui avaient cessé de s’y montrer. Le porche de l’hôtel de Beaumarchais6 a été franchi par des gens qui n’y avaient point passé depuis le début de l’occupation. L’étroit escalier qui conduit au magasin de vente et à l’ancien bureau de Paul Léautaud, puis à l’ancien bureau d’Alfred Vallette et à l’ancien salon de Rachilde7, a été gravi par des écrivains qui avaient perdu l’habitude de s’y coudoyer. La vieille maison où n’entraient plus que des livreurs venus au rassortiment reprend son animation, j’allais dire sa respiration de naguère. Le Mercure de France va reparaître, son numéro 999-1 000 est annoncé pour décembre. Tous les survivants de l’ancienne collaboration ont eu à cœur d’inscrire leur nom au sommaire de ce numéro commémoratif.

Mercure de France numéro 999-1 000 daté du 1er juillet 1940 — 1er décembre 1946

On a tant écrit sur les origines de la revue à couverture mauve et le milieu littéraire dont elle constituait le cadre8 que je craindrais de tomber dans d’insipides redites en évoquant de nouveau Alfred Vallette, Rachilde, Dumur9, Adolphe Van Bever, Paul Morisse et Paul Léautaud, tels que Je les ai connus, il y a trente-cinq ans. Avant d’aller plus loin, je dédierai pourtant une affectueuse pensée à Paul Morisse, qui vient de mourir10, et qui, rue de Condé, assumait les fonctions de secrétaire de rédaction. Je sais que son souvenir est cher à François Mauriac qu’il était fier d’avoir quelque peu découvert et introduit au Mercure11. Paul Morisse avouait éprouver de la difficulté à s’exprimer la plume à la main, mais je n’ai pas connu d’esprit plus passionné que lui pour la poésie, pour l’art et en particulier pour la musique. Il avait été l’ami d’Albert Samain12, aujourd’hui dédaigné, mais qui, en ce temps-là, jouissait de l’estime générale. C’est par Samain que Rachilde et Vallette s’étalent connus13.

Pendant de nombreuses années, J’ai passé quotidiennement le seuil de la rue de Condé. Je m’asseyais en face de Léautaud et là J’assistais commodément à la petite comédie littéraire qui se jouait entre l’auteur du Petit Ami et ses visiteurs. C’était très amusant. Que j’en ai vu défiler ainsi, des gens de lettres, poètes, romanciers, critiques, essayistes, historiens et philosophes ! La tentation m’est venue souvent, le soir, de noter ce que j’avais vu et entendu dans la journée auprès de Léautaud, mais je me disais que, ce dernier tenant son journal de son côté, le mien, outre qu’il risquerait de manquer de sel par comparaison, ferait double emploi avec le sien. Rue de Condé, Alfred Vallette m’avait chargé de la rubrique des échos avant de me confier celle des théâtres en remplacement de Maurice Boissard14 et d’Henri Béraud15, je retrouvais Apollinaire, Rouveyre16, Henri Bachelin17, Émile Magne18, Jean de Gourmont19, etc. On a tort de mettre le Mercure en parallèle avec la N.R.F.20 et les autres revues d’à-présent, telles que l’Arche21, la Nef22, Fontaine23 Poésie 46(24)… On a tort de dire que l’heure du Mercure est passée et que la nouvelle génération n’a que faire de lui. Il est possible que l’heure du Mercure soit passée ; c’est à lui, puisqu’il va reprendre sa publication, de démontrer le contraire. En tout cas, si elle est réellement passée, ce n’est pas parce que les jeunes écrivains ont à leur disposition d’autres organes. Si l’heure du Mercure est passée ; si, à l’expérience, il se révèle impropre à satisfaire les nouveaux besoins du public, ce sera un signe très grave de tout ce que nous avons perdu de liberté intellectuelle depuis dix ans25. Ou la réapparition du Mercure a un sens ou elle n’en a pas : je souhaite qu’elle ait celui d’un effort pour le maintien et la sauvegarde de la liberté. L’esprit du Mercure était essentiellement un esprit de liberté. Un Vallette, un Dumur ont été de grands directeurs de revue parce que, se plaçant au-dessus de leurs préférences et de leurs inclinations personnelles, ils savaient apprécier les travaux qui leur étaient soumis en fonction de leur valeur absolue, si je puis dire, et non selon les opportunités du moment. Dumur, surtout, qui eut des opinions si tranchées, faisait preuve à la direction du Mercure d’une impartialité admirable, justifiant ainsi amplement la confiance avec laquelle Vallette se reposait sur lui du soin de lire la plupart des manuscrits. Je parle ici des articles contenus dans le corps de la revue, car, pour les rubriques, qui formaient la partie la plus originale du Mercure, c’était bien plus beau encore ! Une fois chargé d’une de ses rubriques qui embrassaient le cycle entier des connaissances humaines, vous en étiez littéralement le maître, vous y étiez chez vous, vous y écriviez tout ce que vous vouliez. Vous aurait-il pris fantaisie de parler d’entomologie ou d’astrophysique dans la rubrique de poésie ou de linguistique, que personne n’y aurait trouvé à redire. Vous auriez pu, même, y critiquer la direction du Mercure ou y apprécier sévèrement les romans de la patronne : personne dans la maison ne vous y aurait fait allusion. Le détachement de Vallette était tel à cet égard qu’il avait déteint sur tout le monde, mais était-ce bien du détachement ? Je croirais plutôt à une sorte de pudeur26, aggravée d’un profond respect pour la pensée d’autrui. Nul dilettantisme, nul scepticisme ; les plus sérieux scrupules présidaient à toutes les décisions prises rue de Condé, mais on n’y avait égard qu’au talent, à l’originalité et à la profondeur des idées, quelle que fût leur orientation. Les lecteurs et les abonnés l’avalent fort bleu compris et, à ce point de vue, le Mercure n’était pas seulement un incomparable instrument de vulgarisation et de culture, il était une école de tolérance, il donnait à ceux qui le lisaient un exemple de ce que devait être la haute vie de l’esprit.

Puisse le nouveau Mercure se maintenir dans cette tradition ! Son échec porterait contre l’époque présente un témoignage accablant.

André Billy
de l’Académie Goncourt.

Dans son Journal au 19 octobre 1946, date de parution de l’article d’André Billy, Paul Léautaud écrit :

Dans le dernier Littéraire (supplément du Figaro), article de Billy (Propos du samedi) sur la prochaine réapparition du Mercure. Un article bien maladroit. Billy veut présenter cette réapparition comme un événement littéraire heureux, dont il y a lieu de se réjouir. Il fait presque le contraire.

Il écrit par exemple : « On a tort de dire que l’heure du Mercure est passée et que la nouvelle génération n’a que faire de lui. Il est possible que l’heure du Mercure soit passée, c’est à lui, puisqu’il va reprendre sa publication, de démontrer le contraire. » Il continue à appuyer : « En tout cas, si elle est réellement passée, si, à l’expérience, il se révèle impropre à satisfaire les nouveaux besoins du public, ce sera un signe très grave de tout ce que nous avons perdu de liberté intellectuelle depuis dix ans. Ou la réapparition du Mercure a un sens, ou elle n’en a pas. Je souhaite qu’elle ait celui d’un effort pour le maintien et la sauvegarde de la liberté. » Après avoir évoqué la liberté d’opinion du Mercure et la liberté d’expression de ses écrivains : « Puisse le nouveau Mercure se maintenir dans cette tradition. Son échec porterait contre l’époque présente un témoignage accablant. » (Je ne m’étais pas aperçu, à la lecture, du vide à ce point de toutes ces phrases.)

Un peu plus, il aurait pu écrire ce que je me suis dit quelquefois qu’on dira peut-être de cette réapparition du Mercure : « Qu’est-ce que c’est que tous ces morts qui ressuscitent ? »

Ce qu’il fallait écrire, après avoir rappelé toutes les traditions de liberté de la revue, c’était célébrer (sans faire aucune comparaison ni rien mettre en doute) l’heureux événement de la réapparition de la revue, que le public allait enfin retrouver une publication de vraie littérature française, claire, libre, et qu’on ne pouvait douter du succès qu’il allait lui faire. Il fallait affirmer, se montrer sûr de cela, et non pas, comme un commentateur tiède et nouveau venu, ergoter et voir les causes possibles d’échec. Et le titre de son article, par-dessus le marché : « Ce cher vieux Mercure » ! On croirait entendre un pilier de brasserie littéraire, il y a quarante ans.


NOTE : Cette page remplace la page « Le Mercure de France (1946) » qui avait pour adresse « mercure-1 » et qui a été supprimée.

Voir aussi ; Paul Léautaud vu par André Billy.


1       André Billy a dit avoir rencontré Paul Léautaud « pour la première fois en 1908 dans une librairie du Boulevard des Italiens. » Il ajoute « C’est seulement deux ou trois ans après que je me liais avec lui au Mercure de France […] En ce temps-là, c’était dans les années 1911, 1912, 13, 14… j’allais tous les jours au Mercure de France, je m’asseyais en face de Léautaud dans son bureau du premier étage, et là, pendant deux heures, quelquefois davantage, j’assistais à la comédie que Léautaud se faisait un plaisir de me donner en se moquant de tous les collaborateurs qui successivement venaient prendre leur courrier dans les casiers garnissant les murs. Léautaud était déjà très impertinent, très drôle, plein de saillies parfois cruelles, qui n’excluaient pas une politesse d’ancien style où se faisait sentir je ne sais quel parfum de la Comédie Française ». Lire l’article paru dans Le Figaro Littéraire du 3 mars 1956 (Paul Léautaud étant mort le 22 février). Dans sa chronique dramatique de juin 1919, Maurice Boissard a dressé un portrait d’André Billy.

2       Le Littéraire est un hebdomadaire dont le premier numéro est paru le samedi 23 mars 1946 sous la direction de Pierre Brisson, qui, après avoir été directeur littéraire du Figaro en est devenu le directeur en juin 1940 et a su conserver ce journal en zone libre dans l’honneur malgré les difficultés du temps.

3       Alfred Vallette (1858-1935), d’abord typographe, a été ensuite secrétaire de rédaction puis directeur du Scapin (1er septembre 1886). Mais Alfred Vallette est surtout connu pour être l’un des fondateurs (1890) et le directeur de la revue puis des éditions du Mercure de France jusqu’à sa mort en 1935. C’est dans Le Scapin qu’Alfred Vallette a publié en feuilleton son roman Monsieur Babylas (depuis le numéro 11, du premier mai 1886). Ce roman a été publié en volume au tout début de 1891 sous le titre Le Vierge chez Tresse et Stock (495 pages). Alfred Vallette a écrit un second roman (en collaboration avec Raoul Minhar), À l’écart, paru la même année 1891 chez Perrin. Voir le compte-rendu de Jules Renard dans le Mercure de juillet 1891, page 42,

4       Georges Duhamel (1884-1966), médecin (en 1909) et homme de lettres surtout connu pour son ensemble romanesque en dix volumes, La Chronique des Pasquier, écrit 1933 à 1945. Georges Duhamel a été en charge de la rubrique des poèmes au Mercure depuis le numéro du 16 avril 1912. Il a reçu le prix Goncourt pour son deuxième roman : Civilisation, publié au Mercure en avril 1918. Il a été élu à l’Académie française en 1935, puis secrétaire perpétuel en 1944.

5       Jacques-Antoine Bernard (1880-1952), est arrivé au Mercure en 1906 sans qu’on sache vraiment à quel titre, mais sensiblement à la même époque que Paul Léautaud, qui y a effectivement été embauché le 1er janvier 1908. Jacques Bernard a été administrateur du Mercure en 1935, à la mort d’Alfred Vallette, sous la direction de Georges Duhamel, puis directeur au départ de celui-ci à la fin de février 1938. Avant cela Paul Léautaud et Bernard se sont plutôt bien entendus. Pendant l’occupation, Bernard s’est livré à la collaboration et a été jugé à la Libération pour « Intelligence avec l’ennemi » et condamné à cinq ans de prison (mais laissé en liberté), à la privation de ses biens et à l’Indignité nationale.

6       Le Mercure de France s’est installé en janvier 1903 au 26 rue de Condé, dans un hôtel qui avait appartenu à Beaumarchais. Pour un historique plus détaillé de cette demeure, voir Virgile Josz, « Le Logis du Mercure de France », Mercure de mai 1904, page 289. La parution de ce texte est prévue ici pour le premier avril 2022.

7       Marguerite Eymery (1860-1953), personnage complexe, a épousé Alfred Vallette en juin 1899. Elle a tenu plusieurs années la rubrique des « Romans » dans le Mercure. Elle a publié une soixantaine d’ouvrages.

8       Lire, dans ce numéro 999-1 000, page 168, l’article d’André Gide : « Le Groupement littéraire qu’abritait le Mercure de France »

9       Louis Dumur (1860-1933), romancier, poète et dramaturge suisse. Après avoir fondé la revue La Pléiade (deuxième du nom) avec Édouard Dubus, Gabriel-Albert Aurier et Louis-Pilate de Brinn’Gaubast, il est avec Alfred Vallette l’un des fondateurs du nouveau Mercure de France, dont il est rédacteur en chef en 1889 et secrétaire général en 1895. On lira son portrait dans le Journal littéraire de Paul Léautaud aux 13 et 15 novembre 1922 et au 4 août 1931. Voir aussi André Billy, Le Pont des Saint-Pères, pages 40-42.

10     Paul Morisse (1866-1946) a partagé le bureau de PL à partir de janvier 1908 jusqu’en 1911. Le 30 mars 1942, PL a écrit : « Été voir Paul Morisse dans sa librairie avenue de Breteuil. 76 ans, mémoire défaillante, surdité, un vrai petit vieux. » Paul Morisse est aujourd’hui connu pour être le traducteur des Hymnes à la nuit de Novalis en 1908 (voir le Journal littéraire au 26 octobre 1908) et aussi de Stefan Zweig pour son Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre en 1910. Voir J.-P. Glorieux, Novalis dans les lettres françaises à l’époque et au lendemain du symbolisme (1885-1914), Presses universitaires de Louvain, 1982 (526 pages). Voir aussi André Billy, Le Pont des Saint-Pères, Fayard 1947, pages 35-37. On ne confondra pas Paul Morisse avec Charles Morice (1860-1919).

11     François Mauriac (1885-1970) a peu publié au Mercure. Ses deux premiers textes (1910 et 1911) sont des poèmes puis est paru trois numéros à partir de juin 1912 « L’Enfant chargé de chaînes », qui a été publié en volume (275 pages) chez Grasset l’année suivante.

12     Albert Samain (1858-1900), poète symboliste, a fait partie des Poètes d’aujourd’hui dès la première édition en 1900. Sa notice a été rédigée par Adolphe van Bever. La jeunesse lilloise d’Albert Samain a été faite de « petits boulots » avant d’arriver à Paris en 1880. Il a fait partie des fondateurs du Mercure de France en 1890 et ses poésies ont été publiées dès les premiers numéros. Le succès est venu à l’automne 1893 avec la parution de son premier recueil : Le Jardin de l’infante, très remarqué par François Coppée et bien entendu encensé par Pierre Quillard dans le Mercure d’octobre. La collaboration d’Albert Samain avec le Mercure ne cessera qu’à sa mort en août 1900. Lire dans le Mercure d’octobre suivant (1900) les articles de Louis Denise et de Francis Jammes.

13     Au bal Bullier.

14     Maurice Boissard (Paul Léautaud) a tenu avec plus ou moins d’assiduité la chronique dramatique d’avril 1911 à janvier 1921 avant d’être remplacé par Henri Béraud (note suivante), qui a été remplacé à son tour en février 1925 par André Billy, qui a lui-même laissé la place à André Rouveyre (note 16) en février 1926.

15     Henri Béraud (1885-1958), avait bien commencé mais il a très mal fini. Journaliste aux premiers temps du Canard enchaîné, ami de Paul Vaillant-Couturier, de Roland Dorgelès et d’Albert Londres, il collaborait aussi au Crapouillot de Jean Galtier-Boissière. En 1922, Henri Béraud reçoit le prix Goncourt pour son Martyre de l’obèse chez Albin Michel (244 pages). L’affaire Stavisky le trouble et en février 1934 il écrit dans Le Canard enchaîné un article favorable aux manifestants du six février, ce qui lui vaut son éviction du journal satirique plutôt à gauche. C’est le début de la dérive d’Henri Béraud vers l’antisémitisme, puis la droite puis enfin l’extrême droite à l’entrée de la guerre. À la Libération Béraud a été condamné à mort aux derniers jours de 1944 mais a été gracié par Charles de Gaulle. Atteint d’hémiplégie en prison, Béraud a été libéré en 1950 et est mort en 1958.

16     André Rouveyre (1879-1962), dessinateur de presse, journaliste et écrivain. Au cours d’un de ses entretiens avec Robert Mallet, PL dira qu’il a connu André Rouveyre « Au Mercure, dans le salon de Mme Rachilde. » Dans La Terrasse du Luxembourg (Fayard 1945, 304 pages), André Billy a écrit : « André Rouveyre, dont tous les journaux reproduisaient de petites bonnes femmes en chemise courte, au sourire largement fendu. Je ne me doutais pas que ce garçon barbu, à monocle, dont j’enviais la désinvolture, serait vingt-cinq ans plus tard mon plus intime ami. » André Rouveyre est le fils du libraire et éditeur Édouard Rouveyre (1849-1930). Pour une biographie plus détaillée, voir notamment la Correspondance entre André Gide et André Rouveyre éditée et annotée par Claude Martin, Mercure de France 1967, 286 pages. Voir aussi Louis Thomas : André Rouveyre, Les Bibliophiles fantaisistes, Dorbon-Aîné, 1912, 127 pages.

17     Henri Bachelin (1879-1941), romancier, critique littéraire et musicologue. Ami de Jules Renard il publiera un Jules Renard et son œuvre au Mercure en 1909 et un Jules Renard inédit, 17 volumes chez François Bernouard en 1926. Voir L’« Écho » du Mercure du 1er août 1914. Voir aussi la visite d’Henri Bachelin à Fontenay au 21 août 1937. Un long portrait d’Henri Bachelin a été dressé par André Billy dans La Terrasse du Luxembourg, à partir de la page 291.

18     Émile Magne (1877-1953), critique, historien de la littérature et de l’art, a publié en 1898 une première étude portant sur les erreurs de documentation dans le Cyrano de Bergerac de d’Edmond Rostand. Spécialiste du XVIIe siècle, Émile Magne a été un collaborateur régulier du Mercure dans lequel il a écrit 258 articles entre mai 1901 et juin 1940. Voir, dans le Journal littéraire de Paul Léautaud trois portraits de lui au 13 avril 1923, au 24 septembre 1928 et au 25 juin 1937.

19     Jean de Gourmont (1877-1928) est surtout connu comme le frère cadet (19 ans de moins) de Remy de Gourmont. Jean de Gourmont n’est entré au Mercure en 1903 que grâce à cette seule qualité. À la mort de son grand aîné en 1915, Jean de Gourmont ne fera quasiment plus que s’occuper de sa postérité.

20     Le premier numéro de La NRF est paru le premier novembre 1908, 26, rue Henri Monnier sous la direction d’Eugène Montfort mais ce numéro déplut. Un deuxième premier numéro (il y en aura un troisième en janvier 1953) parut donc trois mois plus tard, en février 1909, 78, rue d’Assas (domicile de Jean Schlumberger), avec un comité de direction composé de Jacques Copeau, André Ruyters et Jean Schlumberger. La NRF, de contenu bien moins varié que le Mercure, est apparue très vite comme une redoutable concurrente et lui a survécu. C’est de nos jours la revue littéraire française la plus ancienne.

21     L’Arche est une revue bimestrielle (150 pages en moyenne), fondée à Alger en février 1944 par André Gide, Jean Amrouche et Jacques Lassaigne. À la Libération la revue a été publiée à Paris sur 27 numéros (y compris ceux d’Alger) jusqu’en août-septembre 1948.

22     On ne confondra pas la revue avec l’ouvrage d’Élémir Bourges paru chez Stock en 1904. La Nef est une revue mensuelle publiée boulevard Carnot à Alger de juillet à septembre 1944 (trois numéros) sous la direction de Raymond Aron et Lucie Faure. Le premier numéro compte 163 pages, hors publicité et reçoit des signatures prestigieuses. Après une interruption, le numéro quatre est paru à Paris en mars. Le titre est resté actif jusqu’en 1981. Cette longévité ne doit pas masquer plusieurs interruptions et changements de périodicité. On ne confondra pas non plus cette revue avec la revue catholique traditionnaliste fondée en 1990.

23     Fontaine, « revue mensuelle de la poésie et des lettres françaises » a été fondée à Alger en novembre 1938 par Charles Autrand. Max-Pol Fouchet en a assuré la direction dès le troisième numéro (avril-mai). Cette revue, dont la couverture ressemble à cette de La NRF a cessé de paraître avec le numéro de novembre 1947.

24     Poésie 46, comme certaines revues prend chaque année le chiffre de l’année en cours et s’est donc nommée la première fois Poésie 40 pour finir à Poésie 47. Cette revue bimestrielle a paru sur 48 numéros dont quelques numéros doubles sous la direction de Pierre Seghers. Cette revue a été, à la Libération la reprise de Poètes casqués 39 et Poètes casqués 40, « Cahiers de poésie publiés par des poètes soldats » et parus sur quatre numéros.

25     On peut noter ce « depuis dix ans », c’est-à-dire depuis 1936…

26     Le mot pudeur a souvent été mis en avant pour Alfred Vallette comme pour Louis Dumur, au point que personne ne sembla avoir su quoi que ce soit de la vie de Louis Dumur, qui logeait au dernier étage de l’immeuble du Mercure.