La Comédie en voyage

Page mise en ligne le premier septembre 2023 — 3 500 mots — temps de lecture : douze minutes.

Cette page est complémentaire de la page « Firmin Léautaud ». Elle est accompagnée de trois autres :

« Les Matinées Ballande, par Francisque Sarcey »
« La retraite de Firmin »
« 7 855 pièces de théâtre jouées à Paris de 1835 à 1906.

Elle est la retranscription de l’article du « Monsieur de l’orchestre1 » du Figaro du premier juin 1879 page trois. Une douzaine de notes a été ajoutée.

Prologue

Le voyage de la Comédie-Française en Angleterre. Ce voyage qui est assurément le plus gros événement de la saison, était prémédité depuis longtemps. Après la brillante excursion de nos comédiens à Londres en 1871, l’idée d’une autre campagne du même genre s’imposait et devait se réaliser un jour ou l’autre.

Les premières négociations datent déjà de fort loin, mais elles furent menées par un intermédiaire maladroit, qui crut faire merveille en s’adressant directement à M. Thiers2. Les pourparlers ne furent pas longs. Dès les premiers mots, le Président de la République répondit d’un ton péremptoire :

— Si cette demande m’est encore faite, je supprime la subvention du Théâtre-Français.

Quant aux démarches de M. Mayer, l’un des directeurs du Gaiety-Theatre, elles ont commencé il y a quatre ans. Depuis cette époque, cet imprésario n’a pas cessé d’être en pourparlers avec M. Perrin3 et le Comité de la rue Richelieu. Malgré sa persévérance, il n’est pourtant arrivé à son but qu’à la faveur de la fermeture exceptionnelle de cette année, fermeture qui aurait eu lieu quand même, puisqu’elle est sérieusement motivée par la nécessité de faire des travaux importants dans la salle de la Comédie-Française.

Je crois d’ailleurs qu’il est intéressant, afin que le public soit à même de suivre les péripéties des pourparlers qui ont eu lieu, de publier le résumé des séances du comité d’administration de la Comédie dans lesquelles cette grosse question du voyage a été proposée, étudiée et résolue.

J’ai eu les procès-verbaux de ces séances sous les yeux. En voici les principaux extraits.

Résumé de la séance du 5 septembre 1878

L’administrateur général pose cette question aux membres du comité :

« La réfection de la salle doit-elle avoir lieu l’année prochaine ? »

Le comité répond par un vote affirmatif et émet ensuite l’avis que le voyage à Londres pourra s’effectuer pendant la clôture qu’exige la restauration de la salle.

L’administrateur promet de transmettre au ministre de l’Instruction publique4 l’avis qui vient d’être formulé. On préparera immédiatement l’étude des moyens propres à faire réussir cette entreprise.

Résumé de la séance du 12 septembre 1878.

On prépare l’étude des questions qui se rattachent au séjour possible de la Comédie-Française à Londres.

M. l’administrateur, après avoir rappelé que des ouvertures lui ont été faites par M. Holingshead, directeur du théâtre de la Gaîté à Londres, et après avoir énuméré les nombreux avantages d’un traité passé avec ce directeur, demande au comité de fixer le chiffre sur lequel on pourrait traiter pour chaque représentation.

Le comité pense que ce chiffre ne saurait être inférieur à 6 000 francs par représentation.

On dresse la liste des ouvrages qui composeront le répertoire de la Comédie, répertoire qui devra être aussi varié que possible, et on règle la question des droits d’auteur, qui seront fixés à 7 ½ pour cent.

À cet égard, on devra s’entendre avec les auteurs dont les œuvres feront partie du répertoire adopté.

Séance du vendredi 4 octobre 1878

M. l’administrateur général ayant appris que quelques sociétaires étaient peu disposés à donner leur adhésion au projet de voyage à Londres, consulte à ce sujet les membres du comité.

Après une conversation d’où il ressort que plusieurs dames sociétaires ne sont pas favorables au projet, M. l’administrateur promet de voir ces mêmes sociétaires, afin de les éclairer sur leurs propres intérêts. Il ajoute que M. Holingshead demande à réfléchir avant de donner une réponse définitive. Le comité veut une réponse immédiate. M. l’administrateur général promet d’obtenir cette réponse.

Séance du 22 octobre 1878

M. l’administrateur général déclare que M. Holingshead lui demande jusqu’au 20 novembre prochain afin de traiter définitivement avec la Comédie.

D’autres propositions ayant été faites à M. l’administrateur, le comité insiste pour que ce dernier obtienne de M. Holingshead une réponse à plus brève échéance. De plus, il demande une réunion générale où tous les sociétaires seront appelés à donner leur avis.

Séance du lundi 11 novembre 1878

M. l’administrateur général communique au comité la réponse qui lui a été faite par M. Mayer, représentant de M. Holingshead.

Le directeur anglais propose de porter à 3 700 francs seulement l’allocation ferme de 6 000 francs, mais par contre il s’engage à partager avec la Comédie tout excédant de recette dépassant 5 000 francs dans la proportion de deux tiers pour la Comédie et d’un tiers pour lui. D’accord en cela avec l’administrateur général, le comité refuse les propositions de M. Holingshead.

Séance du 6 décembre 1878

M. l’administrateur général annonce au comité que M. Holingshead accepte les conditions proposées par la Comédie-Française.

Séance du 17 décembre 1878

M. l’administrateur général ayant reçu la visite de M. Mayer, qui vient pour traiter, prie le comité de fixer les clauses essentielles de ce traité.

Après une longue conversation qui n’amène aucune solution définitive le comité renvoie au lendemain la suite de la délibération.

Séance du 18 décembre 1878

Après avoir soumis au comité le projet de répertoire arrêté avec M. Mayer, projet qui subit quelques modifications sans importance, M. l’administrateur demande au comité de fixer les indemnités qui seront allouées aux artistes, que les exigences du répertoire appellent à Londres.

Il est décidé que les sociétaires-dames touchent 60 fr., les sociétaires hommes, 50 fr. ; quant aux pensionnaires dames, elles auront 35 fr., et les pensionnaires hommes 30 fr. M. l’administrateur fixera lui-même l’indemnité des employés. Tous les sociétaires seront traités sur le même pied. Ceux qui ne sont admis qu’à fraction de part jouiront, pendant ces six semaines, des mêmes avantages que les sociétaires à part entière.

Séance de l’Assemblée générale extraordinaire du 20 décembre 1878

Devant tous les sociétaires assemblés, M. l’administrateur général donne lecture d’un long rapport dont voici l’analyse :

 Après avoir rappelé le premier voyage que la Comédie-Française fit à Londres en 1871, voyage où, après avoir reçu un accueil cordial et sympathique, la Comédie avait pour ainsi dire contracté une dette de cœur, M. l’administrateur général expose aux sociétaires que la faveur croissante dont jouit la Comédie l’oblige à faire d’importantes réparations dans la salle du Théâtre-Français, et notamment à faire construire un rang de baignoires de face qui seraient d’un grand secours dans le service de l’abonnement.

 Il pense que la clôture forcée résultant de ces réparations permet à la Comédie d’exécuter son voyage à Londres, puis il donne lecture des principales clauses du traité qui est près d’intervenir entre la Comédie et les directeurs anglais.

 Il insiste tout particulièrement sur ce point que : tout en se transportant à Londres et entrant sur un théâtre étranger, la Comédie-Française devra se considérer comme chez elle.

 Les règlements ordinaires ne seront pas modifiés, les semainiers continueront leur service hebdomadaire, enfin rien ne sera changé aux habitudes ordinaires, et la Comédie ne sera pas trop dépaysée.

 Grâce au voyage à Londres, les réparations de la salle du Théâtre-Français pourront s’effectuer sans produire aucun déficit dans les recettes du budget de 1879.

 L’indemnité accordée tant aux sociétaires qu’aux pensionnaires sera celle qui a été fixée dans la séance de l’avant-veille. Tous les frais de voyage et de déplacement seront à la charge de la Comédie.

 L’administrateur général compte sur l’accord de tous, et, détail original il recommande aux sociétaires une qualité qui, assure-t-il, est bien précieuse en voyage : La bonne humeur !

 Après avoir ensuite assuré que l’annonce de la présence de la Comédie-Française à Londres est accueillie par la presse et par le public anglais avec une faveur extraordinaire, M. l’Administrateur propose aux sociétaires de signer l’acte d’adhésion qu’il a fait préparer.

 Cet acte d’adhésion, qui ratifie toutes les mesures prises par M. l’Administrateur général et qui lui donne pleins pouvoirs de traiter définitivement avec MM. Holingshead et Mayer, est adopté à l’unanimité et signé par tous les sociétaires.

 Voilà quel a été le rôle du comité d’administration de la Comédie.

Revenons maintenant â celui de M. Mayer.

Après avoir montré, pendant plus de quatre années, une ténacité vraiment incomparable pour conclure cette affaire importante, il restait encore à M. Mayer une tâche écrasante à accomplir. C’est alors qu’il fit preuve d’une activité et d’une habileté qu’on pourrait donner en exemple à des directeurs parisiens. Depuis la signature du traité, M. Mayer, tout en s’occupant de son entreprise théâtrale, n’a pas cessé de donner tous ses soins aux mesures administratives nécessitées par le voyage de la Comédie à Londres.

Il a tout préparé, tout organisé, allant sans cesse de Paris à Londres et vice-versa, soumettant à M. Perrin les moindres détails d’organisation, faisant tout par lui-même, et, d’un autre côté, ne perdant pas de vue ce qui concernait la partie artistique. Aussi peut-on affirmer que rien n’a été laissé au hasard. Tout a été prévu pour la durée entière du séjour des comédiens ; la campagne artistique de ces derniers, leur départ, leur retour, leur existence à Londres, et jusqu’à leur installation matérielle, tout cela a été réglé comme un mouvement d’horloge par cet organisateur étonnant.

Il n’est pas une loge d’artiste qui n’ait été préparée sous sa direction ; pas un décor, pas un costume qu’il n’ait reçu lui-même au fur et à mesure des envois de la Comédie. Bref, ce diable d’homme se multipliait tellement qu’on le voyait presque en même temps à Londres et à Paris.

Il lança la souscription des abonnements de telle façon qu’en moins de quinze jours, il avait réalisé 11 000 livres sterlings (277 500 fr.).

Pour le programme, ce fut bien autre chose encore. On sait que la censure anglaise est d’un rigorisme invraisemblable. Notre Anastasie est une véritable dévergondée auprès de sa pudique sœur d’Albion, Il y eut donc forcément de sérieuses difficultés. Le Demi-Monde5 et le Supplice d’une femme6 furent surtout condamnés sans appel.

Tout autre que M. Mayer se fût incliné devant cette décision brutale qu’il ne pouvait discuter, mais lui ne se tint nullement pour battu. Il eut même une inspiration admirable d’ingéniosité.

Au lieu de prendre l’Administration par les cornes, ce qui ne réussit nulle part et surtout en Angleterre, il pria le censeur de considérer la Comédie-Française comme une sorte d’établissement français, placé à Gaiety-Theatre dans les mêmes conditions qu’à l’ambassade française. Il fit écrire par Dumas une demande dans ce sens. Ce moyen lui réussit, mais ce ne fut pas sans de longues formalités, car le Lord Chamberlain actuel voulut, avant de prendre une décision, en conférer avec deux de ses prédécesseurs, lord Sydney et lord Hardford, qui s’étaient toujours opposés à la représentation du Demi-Monde.

Cette aréopage décida que, pour faire honneur à la Comédie-Française, on autoriserait celle-ci à jouer le Demi-Monde, mais sans accorder le même droit à tout autre théâtre d’Angleterre.

Comme on le voit, c’est à tort qu’on a attribué cette autorisation inespérée à de hautes influences.

Un détail montrera jusqu’où M. Mayer pousse la prodigalité artistique. Pour que l’Étincelle7 ne soit jouée à Londres que sur la scène de Gaiety Theatre, il s’en est rendu acquéreur moyennant la somme de 3 500 francs.

Le départ

Le départ s’est effectué, ce matin, tel qu’il avait été arrêté par M. Perrin. Rien n’a été changé à l’ordre et de la marche du cortège. Malheureusement, l’éminent administrateur de la Comédie-Française, qui devait quitter Paris dès vendredi, a été dans l’impossibilité de partir, retenu par la maladie très grave qui met en danger les jours de Mme Perrin8.

Dès onze heures moins un quart, la gare du Nord était envahie par les artistes du Théâtre-Français, tous escortés de parents et d’amis qui étaient venus leur faire la conduite. Delaunay en léger costume de voyage, paraît plus jeune que jamais ; Thiron, en béret, égaie tout un groupe par sa belle humeur ; Febvre va et vient, distribuant à droite et à gauche de nombreuses poignées de main ; Monnet-Sully semble grave et recueilli ; Worms embrasse sa petite fille, qui pleure à chaudes larmes et qui ne veut pas quitter son papa ; Barré, chargé de valises et de paquets, ressemble à M. Perrichon. Comme à son ordinaire. Mme Broizat est mélancolique et résignée ; la blonde Samary et sa camarade Baretta, vont de groupes en groupes, légères, sautillantes, espiègles, caquetant et bavardant comme des oiseaux échappés de leur cage. Escortée d’une demi-douzaine de secrétaires armés de crayons et de calepins, Sarah Bernhardt, impatiente et nerveuse, donne des ordres, distribue des besognes, dicte des notes, se lève, s’assied, regarde le ciel, regrettant de ne pouvoir effectuer le voyage en ballon9. Elle porte dans ses bras une énorme botte de roses. Je plains sincèrement les personnes qui auront voyagé en compagnie de la gracieuse artiste et de ses roses. Elles ont dû éprouver à leur arrivée à Boulogne un violent mal de tête.

On remarque l’absence des deux Coquelin, qui doivent prendre un autre train et s’arrêter quelques heures à Boulogne, où habite leur mère10.

Le mal de mer ! Tel est le sujet de toutes les conversations. Les dames paraissent tout particulièrement anxieuses, et c’est en vain que Got, qui a déjà fait un voyage à Londres, s’efforce de les rassurer. Avoir le visage contracté, contorsionné, être obligée de… quelle triste perspective pour d’aussi charmantes personnes ! Elles en rougissent d’avance. Elles envient Croizette, qui est partie la veille, toute seule, et qui a fait retenir une cabine sur le bateau, de façon à dérober ses malaises à tous les regards indiscrets.

Enfin les employés ouvrent les portes, et, semblables à une nuée d’oiseaux, voyageurs et voyageuses font irruption sur le quai de la gare.

On s’appelle, on se compte, on se cherche. Les questions se croisent, s’entrecroisent dans un pêle-mêle général.

— Où est Prudhon ?

— Avez-vous vu Monval ?

— Dudlay est en retard !

— Qu’on la mette à l’amende !

Des groupes serrés, compacts, décidés à ne pas se laisser entamer se forment aux portières de chaque wagon, pour en défendre l’accès. Il y a le groupe Thiron, le groupe Barré, le groupe Samary, le groupe Sarah Bernhardt11.

On se promet d’évincer les indiscrets, de tenir à distance les gêneurs et les importuns. Quelques malheureux courent inquiets d’un wagon à l’autre, cherchant à se caser, quémandant une place, un coin, et se heurtant partout à ce mot impitoyable :

— Complet !

Sarcey12, qui est du voyage, a obtenu d’entrer avant tout le monde, et il a pris place dans la première voiture du train, se dérobant ainsi d’avance à la curiosité générale.

Quelques artistes observent avec inquiétude Mlle Sarah Bernhardt, qui examine de très près la chaudière et se fait minutieusement expliquer les rouages et le mécanisme compliqué de la machine.

— Est-ce qu’elle va prendre la place du chauffeur et conduire le train ? se demandent quelques sociétaires avec un effroi mal dissimulé.

Enfin, les employés vont et viennent sur le quai de la gare criant :

— En voiture, en voiture !

Les mains se serrent ; on s’embrasse, on s’étreint. La scène des adieux était inévitable, mais je dois dire que ceux qui partent ont l’air moins affligés que ceux qui restent. Il y a même dans l’allure et dans le regard des voyageurs et surtout des voyageuses un petit air guilleret.

— À bientôt ?

— Bonne santé !

— Au revoir.

— Portez-vous bien.

— Vous m’écrirez ?

— Dans quarante jours.

Un homme n’est pas encore placé, c’est Léautaud, c’est l’indispensable Léautaud, le souffleur de la Comédie-Française.

Voyez-vous les sociétaires à Londres sans le souffleur, qui est au courant de leurs manies et de leurs habitudes !

Vingt portières s’ouvrent pour le cueillir.

Un coup de sifflet (le premier qu’entendent certainement les artistes de la Comédie-Française) se fait entendre, le train part, en route !

Au moment où je quitte la gare, je heurte un monsieur qui accourt haletant et couvert de sueur.

— Ils sont partis ! me crie-t-il avec douleur.

— Oui.

— Ah ! mon Dieu ! Moi qui venais pour embrasser les frères Coquelin !

Je rassure ce fanatique, en assurant que les deux Coquelin n’ont pas quitté Paris.

— Merci ! s’écrie-t-il.

Et, se sauvant, il ajoute :

— Pourvu que je les trouve encore !

**********

Celui qui signe ces lignes ayant été chargé d’une partie de l’organisation de la fête de l’Opéra13, n’a pu se rendre à Londres, comme c’était son intention, pour assister â la première représentation de la Comédie-Française.

Mais les mesures du Figaro sont prises pour que ses lecteurs soient tenus au courant de ce qui se sera passé pendant cette soirée, absolument comme si elle avait eu lieu rue Richelieu et non au Gaiety-Théâtre de Londres.

Un Monsieur de l’orchestre

On pourra lire la suite de ces péripéties par Francisque Sarcey dans Le Temps du lundi neuf juin puis des lundis suivants jusqu’au trente juin.

Notes

1       Les nouvelles théâtrales du Figaro signées « Un monsieur de l’orchestre » étaient écrites par Émile Blavet (1838-1924), romancier journaliste et homme de théâtre.

2       Adolphe Thiers (1797-1877), avocat, historien et journaliste, plusieurs fois ministre et président du Conseil, a été le premier Président de la troisième république en février 1871, jusqu’à mai 1873. Patrice de Mac Mahon l’a remplacé jusqu’en janvier dernier avant d’être remplacé à son tour par Jules Grévy qui va demeurer jusqu’à la fin de l’année 1887.

3       Émile Perrin (1814-1885), peintre et critique d’art, a d’abord été directeur de l’Opéra-Comique de 1848 à 1857 puis de l’Opéra en 1862 avant d’être administrateur général de la Comédie-Française de 1871 à sa mort en octobre 1885, Émile Perrin a été membre de l’académie des Beaux-Arts en 1876.

4       À l’époque, Agénor Bardoux (1829-1897), ministre de l’Instruction publique, des cultes et des beaux-arts.

5       Le Demi-Monde, comédie en cinq actes d’Alexandre Dumas (fils) créée au Gymnase-Dramatique (salle d’entraînement des jeunes comédiens) du boulevard de Bonne-Nouvelle le vingt mars 1835.

6       Le Supplice d’une femme, drame de 1855 en trois actes d’Émile de Girardin. On peut noter que Firmin a joué dans cette pièce au printemps de cette année 1879 au Théâtre-Historique du boulevard du Temple, au bénéfice de Madame Forli-Seifard.

7       L’Étincelle, comédie en un acte d’Édouard Pailleron créée le treize mai dernier. Il existe une autre comédie en un acte sous ce titre, d’Henri Meilhac, créée fin 1860 au Vaudeville.

8       Émile Perrin (note 3) a épousé en 1843 Louise (ou Marie) Fournier-Verneuil, qui va mourir demain, lundi deux juin des suites d’une fluxion de poitrine. Les obsèques auront lieu le cinq juin. Émile Perrin ne partira pour Londres que le onze juin.

9       Sarah Bernhardt appréciait particulièrement les voyages en ballon où elle avait l’impression de respirer mieux. Par ailleurs son inimitié avec Émile Perrin était notoire. Dans Ma double vie, (Charpentier-Fasquelle 1907, 580 pages) chapitre XXV, elle décrit une anecdote se déroulant en 1878 : « J’étais dans les airs depuis cinq minutes quand un de mes amis, le comte de Montesquiou, croisa Perrin sur le pont des Saints-Pères : “Tenez, dit-il, regardez dans le ciel… Voilà votre étoile qui file !” Perrin leva la tête, et montrant le ballon qui s’élevait : “Qui est là-dedans ? — Sarah Bernhardt !” Il paraît que Perrin devint pourpre et, serrant les dents, il murmura : “Encore un de ses tours ! Mais celui-là, elle le paiera !” » Voir aussi le « Courrier du vendredi » en une du Figaro du 17 août 1878.

10     Les deux frères Coquelin, Constant et Ernest, sont nés à Boulogne-sur-Mer en 1841 et 1848.

11     Souvenons-nous qu’à l’époque les compartiments ne communiquaient pas entre eux et que chaque compartiment avait donc une porte donnant directement sur le quai.

12     Francisque Sarcey (1827-1899), critique dramatique célèbre en même temps que très académique. Introduit par Edmond About, il donne son premier article dans Le Figaro en 1857. En 1860, il devient critique dramatique au journal L’Opinion nationale. En 1867, il entre au Temps, où il tiendra son feuilleton pendant 32 ans, tout en collaborant à d’autres journaux. Dans Le Temps de ce premier juin aux bas des pages une et deux, la chronique théâtrale de Francisque Sarcey retrace les péripéties des deux tournées précédentes, surtout de celle du printemps 1871.

13     Cette fête de l’Opéra s’est tenue dans la soirée du samedi sept juin. « Un Monsieur de l’orchestre » en rend compte sur près de deux pages du Figaro du 9 juin.