Voir aussi : Ami ou La Mort du Chien ►
Par Maxime Hoffman
Cette page est publiée ici en toute liberté de fond et de forme par Maxime Hoffman, fidèle lecteur de ce site. D’autres pages, rédigées par d’autres passionnés qui seront toujours accueillis ici avec plaisir, sont à suivre.
A) La découverte de Paul Léautaud
Fervent lecteur de littérature romaine antique et d’ouvrages du XVIe au XIXe siècle, le XXe siècle m’était seulement effleuré par les lectures de la période du collège et du lycée.
Un jour de 2018, en panne de lecture, mon libraire rennais me met dans les mains le Bestiaire de Paul Léautaud, en grand papier numéroté, en me disant : « Vous aimez les chats et les beaux papiers, lisez ceci ! »

Coup de foudre immédiat, je dévorai le Bestiaire en une soirée complète.
Adepte des bouquinistes du centre historique de Rennes, j’ai décidé d’acheter plus de Paul Léautaud.
Je me moquais moi-même des gens qui clamaient « aimer » littérairement un écrivain, je voyais cela comme du fanatisme pulsionnel.
« Les imbéciles seuls ne changeant pas d’avis », je suis moi aussi tombé amoureux de Paul Léautaud. Oui, de ses écrits, mais du personnage, du défenseur des animaux, du style.
Voyageant régulièrement en France pour mon travail, je passe mon temps libre dans les librairies de livres d’occasion à la recherche des livres de Paul Léautaud. Je refusais catégoriquement les éditions modernes, qui sentent le neuf.
Bien entendu, je me suis lancé dans le Journal Littéraire, qui se lit en se dégustant chacune des pages (je ne l’ai pas fini, vous imaginez bien que je retarde la fin de la lecture !)
Fervent lecteur de ce site consacré à Paul Léautaud, je remercie chaleureusement son réalisateur d’accepter mon témoignage en petite contribution à son site d’une richesse d’informations et de trésors sur Paul Léautaud et plus généralement, sur la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle.


Hormis le Journal, les aphorismes d’Amour m’ont beaucoup fait sourire de plaisir, Lettres à ma mère — ouvrage lu deux fois — et Madame Cantili m’ont troublé de tristesse.
Je me suis rendu début 2022 à Fontenay-aux-roses pour voir la maison de Paul Léautaud, et me recueillir littérairement à l’ancien Cimetière de Chatenay auprès de sa tombe.
Beaucoup d’émotions pour moi, du respect, de l’admiration même.


Nul doute que Paul Léautaud n’aurait que peu (ou pas) apprécié de savoir que je passe autant de temps sur son image.
En réponse d’une gravure que j’aurais osé lui envoyer, j’imagine quelque chose comme : « Votre fanatisme est ridicule, tournez-vous plutôt vers une religion… »
B) Paul Léautaud s’invite dans mes estampes
Graveur depuis plusieurs années de motifs animaliers et anatomiques, d’ex-libris, j’ai décidé de consacrer une partie de mon travail à Paul Léautaud pour le 150e anniversaire de sa naissance.

J’ai découvert la linogravure grâce à l’un de mes anciens professeurs d’université qui la pratique depuis plusieurs années. J’ai tout de suite accroché.
Après 2 ans de linogravure pure, j’ai étendu mes doigts à d’autres types : gravure sur métal (zinc, cuivre, aluminium), sur plexiglas, estampes sur du verre.
Le but, quel que soit le type de gravure, est relativement simple, et s’apparente à l’impression manuelle traditionnelle depuis 500 ans :
— Une matrice solide, sur laquelle on grave un motif
— Encrage de cette matrice
— Alignement sur une presse et pressage du papier.
Contrairement à la typographie des imprimeurs de livres, qui utilisent des métaux très durs et résistants, la matrice ici est dure, mais reste fragile.
Une linogravure aura ses limites dans les tirages ; au-delà de 20 pressages, le linoleum s’affaisse et l’impression deviendra brouillonne.
Enfin, je réalise des gravures toujours originales, c’est-à-dire que je ne réalise aucune photocopie ; chaque impression est unique, avec son intensité colorée et ses imperfections plus ou moins marquées, ce qui fait le charme de cette discipline.
De petits tirages (je réalise généralement de 3 à 10 exemplaires) sont régulièrement numérotés, et signés ; si un tirage est épuisé, il n’y a pas de nouvelle impression de la matrice épuisée (à l’image d’un livre édité). Ceci fait la rareté de l’œuvre disponible.
C) Mon travail de graveur illustré en images
Je propose de vous présenter en images les étapes de l’impression de gravures de Paul Léautaud sur linoléum (linogravure) et sur métal (taille-douce).
L’impression se fait sur du beau papier, et sur pur coton pour des tirages numérotés et signés.
a) La linogravure :
Dans la linogravure, il faut penser en inversion ; c’est-à-dire que les reliefs non creusés seront imprimés (à l’image d’un tampon).
Si des mots sont gravés, il faut également les graver à l’envers.
L’encre est apposée uniformément au rouleau de caoutchouc. Le séchage de l’estampe prend 1 heure, mais pour plus de sécurité, une journée permet de s’assurer que l’encre est uniformément sèche afin d’éviter des bavures ou coulures par frottement des feuilles entre elles.
Je réalise deux à trois tirages d’essai (appelés « épreuves » que je note E/A) afin de vérifier et de corriger les défauts d’impression.




Voici d’autres gravures en hommage à Paul Léautaud :




b) La taille douce (ou gravure pointe-sèche) :
Cette technique est l’inverse de la linogravure ; c’est-à-dire que ce sont les creux gravés qui seront imprimés. Par une pression très forte, le papier humidifié entre dans les « cuvettes » remplies d’encre à l’huile.
Pour cela, un estampage est nécessaire : la plaque est entièrement recouverte d’encre, puis un lent et régulièrement mouvement circulaire avec de la fibre de coton lent, permet d’estomper la quantité d’encre. Cette technique est lente et demande pas mal de pratique.
Comme pour la linogravure, je réalise deux à trois tirages d’essai (appelés « épreuves » que je note E/A) afin de vérifier et de corriger les défauts d’impression.
Le séchage complet prend plusieurs jours ; en effet, le papier est mouillé pour le ramollir, afin que les fibres entrent dans les crevasses contenant l’encre.
L’encre à l’huile est longue à sécher ; personnellement, j’attends une semaine en moyenne avant de les signer et de les encadrer.




Et aussi, des techniques mixtes :

c) Petit bestiaire d’estampes :
Je propose à votre vue quelques autres de mes gravures qui ont pu être exposées sur Rennes et sa région.

Si des lecteurs de cet article, et de ce site, souhaitent recevoir des informations sur le travail de la gravure, n’hésitez pas à me contacter.
Contact : max.hoffman@live.fr / instagram : @maximehoffman
Maxime Hoffman