Aurel II (1919-1920)

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Aurel et Apollinaire

En août 1919, Paul Léautaud trouve sans doute que cela fait longtemps qu’il n’a pas massacré cette pauvre Aurel dans une de ses chroniques dramatiques. Or voilà que celle-ci se permet de toucher à Guillaume Apollinaire que Paul Léautaud a fait découvrir en 1908(56). Voici un extrait de la chronique dramatique parue dans le Mercure du seize août 1919 :

Mme Aurel s’est fait une petite réputation, auprès de cinq ou six personnes, grâce à quelques effets de syntaxe dont elle est sûrement bien innocente. La guerre l’aurait sans doute fait oublier complètement s’il ne lui était venu, à cette occasion, une idée que je crois bien qu’elle qualifia elle-même de géniale. Cette idée fut d’organiser chez elle de petites séances littéraires commémoratives des jeunes écrivains morts comme soldats. On était là une douzaine. L’un faisait un petit discours sur le mort, l’autre récitait ou lisait des fragments de son œuvre. Tout le monde était ravi et le seul qui eût pu protester ne disait rien, pour la bonne raison qu’en cette matière comme en toute autre il n’avait plus voix au chapitre. Ces petites cérémonies, qui donnaient à son salon un petit air de cimetière littéraire, ont ajouté momentanément un certain éclat à la réputation de Mme Aurel, en lui méritant, dans l’intimité, de la part de ses admirateurs, ce surnom délicieux : la Mère La Chaise. Encouragée par ce succès, Mme Aurel a tenu récemment à agrandir le cadre de ses nécrologies en l’honneur de Guillaume Apollinaire. Elle a fait sur lui, à l’Odéon, une Conférence comme seule elle sait les faire, suivie de récitations de poèmes tirés d’Alcools et de Calligrammes. Elle nous a donné notamment sa définition de l’écrivain, telle, paraît-il, qu’elle la lui exprima à lui-même. Cette définition est courte, mais, comme on le dit de certaines plaisanteries : les plus courtes sont les meilleures. La voici : Vous (Apollinaire) représentez le garçonnisme intégral aggravé par les siècles. Pauvre Apollinaire ! Cher ami que je regretterai toujours ! Il était un homme charmant, un camarade exquis, un esprit délicieux, un vrai poète, sensible et subtil, un écrivain plein d’évocation, d’étrangeté et de merveilleux, un lettré dans le sens le plus curieux et le plus séduisant du mot. La malice, la finesse, l’ironie accomplies ! En entendant la définition rapportée plus haut je me suis rappelé combien de fois nous avons ri ensemble, de cette bonne Mme Aurel.

Bien sûr la réponse d’Aurel n’a pas tardé, publiée dans les « Échos » du Mercure du seize septembre (pages 378-379), réponse reproduite ici intégralement :

        Une lettre de Mme Aurel

27 août 1919

       Cher Monsieur,

Jusqu’ici, je me refusais à croire à la furieuse jalousie que soulevait, me disait-on, ce que mes ennemis appellent « mon salon », et que j’appelle mon boulet. Je leur offre, s’ils veulent, mon armée de poètes et on verra si elle est commode à mener !

Mais voilà du nouveau : votre collaborateur Boissard imagine de fausser le chiffre de mes amis : « On était là, dit-il, une douzaine.».

J’attire donc les feuilles de présence, et je trouve pour le jour minimum : jeudi 1er mai, jour déserté par excellence (grève de véhicules) : 69 auditeurs — et venus à pied, s’il vous plait ! — puis 129 pour le jeudi le moins couru de l’année, 210, 189, 230, etc. En voulez-vous encore ? Il y a mieux. Et d’une !

2o Votre fossoyeur prétend que je fête surtout des morts. Merci bien pour Guerber57, Divoire58, Jean Desthieux59 et tant d’autres, qu’il enterre. « Des morts ? » Il est temps de faire cesser ce bluff. Je n’ai fêté que la valeur. Il y eut, hélas, trop de morts, mais j’en fêtai de rudement vivants : Gasquet60, Giraudoux61, Cendrars62, hier Canudo et tant d’autres qui ne devraient pas me le laisser répondre, puisqu’ils sont là pour le dire.

J’espère avoir, en plus, découragé quelques poètes pâles, et vous ne me remerciez pas !

3o Ce n’est pas moi « qui ai tenu » comme me le fait dire M. Boissard « à élargir le cadre de mes nécrologies » (il y tient) ; c’est le Comité d’initiative de l’Odéon, dont fait partie Rachilde, qui me désigna pour parler d’Apollinaire.

4o M. Boissard bafouille en prêtant à Apollinaire une de mes définitions. Mon texte est là. Résumons, pour me débarrasser d’un seul coup des autres calomnies que contient cet article : quand je n’invite pas chez moi M. Boissard (ce à quoi il devra se résigner), il s’en venge en écrivant que personne n’y vient. Et quand il vient à une de mes conférences publiques, il entend par le nez. C’est une opinion.

Quant à le laisser fulminer jusqu’à lui voir salir Apollinaire, qui, ayant profité de mes jeudis, y ayant été fêté, ayant demandé à y parler de René Dalize63, c’est-à-dire après avoir tiré de ma maison tout le possible, m’aurait, selon Boissard, bafouée ? Non et non, cela, nul de nous ne peut le laisser dire, ni croire ; faire parler un mort, et pour lui faire faire cette figure ! ! Pouah ! Que deviendraient les lettres si j’allais riposter en racontant qu’Apollinaire ne me parla jamais de Boissard sans l’appeler : « le Crapaud » et… je me tais.

        Confraternellement,
        Et veuillez insérer, selon mon droit.

Aurel

P. S. — M. Boissard, qui se mêle de censurer ma syntaxe, ne craint pas d’écrire « un portrait sur quelqu’un » (Mercure de France, 16-VIII-19, page 713) ; « il sait quelque chose sur quelqu’un» (ibidem, page 741), et il nous fait savoir « qu’une question l’occupe » (ibidem, p. 714). Qu’un pareil cacographe ose encore faire le pédant, cela dépasse la mesure et notre goût de France.

Ça dézingue carrément et bien sûr cette réponse entraîne une autre réponse, dans le Mercure du premier octobre 2019 :

Ça devient piteux, nous sommes dans une cour de récré.

Mais parallèlement à ce qui est nommé ici l’affaire Apollinaire, il y a l’affaire que l’on peut nommer « Sakountala ».

SakounTala, d’Alfred Mortier est une pièce lyrique en cinq actes d’après des poèmes indous, représentée pour la première fois au théâtre de verdure du Pré Catelan64 le six juillet 1919. La couverture ci-dessus n’est pas celle du programme mais de la parution en volume chez Crès la même année. Alfred Mortier, homme de théâtre et traducteur de l’italien, aime bien les choses biscornues et originales. Il a raison, on ne peut pas passer son temps à jouer Le Malade imaginaire ou Ruy Blas. Dans le Mercure du seize août 1919, Maurice Boissard éreinte la pièce et sa représentation :

[La représentation] eut lieu au Théâtre de Verdure du Pré Catelan. Et l’on vit parmi les feuillages du bois de Boulogne — vainement attribués au lotus ou au manguier par le texte — se mouvoir des personnages de carnaval tant le contraste était rude entre leurs oripeaux de théâtre et la nature qui les entourait.

Un an après, Maurice Boissard remet ça, dans la chronique du Mercure du premier mai 1920 où il aborde L’Œuvre des athlètes, une comédie en quatre actes de Georges Duhamel créée eu théâtre du Vieux Colombier le dix avril 1920 avec Louis Jouvet dans le rôle de Filliâtre-Desmelin (et Blanche Albane65, bien sûr).

Dans un premier temps, Aurel n’est même pas citée. En même temps les lecteurs de cette page web connaissent maintenant bien le personnage pour pouvoir l’identifier dans hésitation :

Les Cathos et les Madelons66, les Vadius et les Trissotins sont éternels. Nous avons les nôtres, de nos jours, comme Molière avait les siens en son temps. Nous les rencontrons partout : aux représentations des théâtres d’avant-garde, dans certains salons littéraires, aux banquets d’écrivains, aux séances de « poésie ». Ils écrivent, ils parlent, ils font des conférences, ils récitent leurs vers, ils se montrent. Cathos a ses jeudis, son salon, son « boulet », comme elle dit, son « armée de poètes », au milieu desquels elle esthétise et raffine, joignant le pathos à la vulgarité, la prétention à l’ignorance, avide de réclame et verte d’insuccès, courant les journaux, les salles, où, devant une table et un verre d’eau, on peut se faire entendre, la risée de ses commensaux, ayant pour toute gloire les surnoms comiques qui lui sont prodigués. Le dernier est La Femme à bardes, sûrement le meilleur de tous.

Un peu plus loin dans la même chronique, Aurel est à peine citée à l’occasion d’un redoutable éreintement de Louis Jouvet :

La moindre pécore écrivante, si elle écrit obscur, c’est pour lui un bonheur de la connaître et d’être connu d’elle. Il recevait un jour chez lui des amis : « Vous voyez comme c’est chez nous. C’est bien simple, bien modeste. Le logement de toutes petites gens. Eh ! bien (la voix attendrie et mouillée tel qu’on l’entend dans L’Œuvre des Athlètes, et l’air ébloui encore !) Mme Aurel est venue nous voir. »

La suite est plus dure encore pour Louis Jouvet qui n’en dira rien et c’est Aurel qui fera le travail.

Samedi 22 mai [1920]

[…] Également une réponse d’Aurel comme suite à mon portrait dans ma Chronique du 1er mai. Vallette a dû la lui retourner à modifier pour quelques termes trop grossiers […]. Aurel a arrangé sa réponse, l’a renvoyée. Elle paraîtra dans le numéro du 1er juin. Je réponds à cette réponse à la fin de ma Chronique dans le même numéro.

« Échos » du Mercure du premier juin 1920, page 575 :

Une protestation de Mme Aurel

Nous recevons la lettre suivante :

     Mon cher Vallette,

Quand on utilise un grotesque, on court un double risque ; l’ennui de lire ses bourdes et celui de les entendre réfuter. Ce n’est pas moi qui l’ai voulu.

Je me plains d’avoir à répondre. Mais je vous plains d’avoir à lire — et souvent — l’homme qu’Apollinaire appelait, suivant l’heure, le Cataplasme ou le Crapaud, etc. Il est depuis toujours la risée de nous tous. Pourquoi m’oblige-t-il à le lui avouer ? Il ne parle que de sa lugubre personne.

1° Il remâche à l’infini la comparaison des Précieuses, comme si le monde s’arrêtait à Molière. Il en mange 3 fois dans un seul article, car son vomissement l’attire. Mais parlons donc sur texte.

2° Il me traite d’ignorante, de prétentieuse. Je ne prétends jamais qu’à l’ignorance, puisque j’ai moi-même imprimé, chez vous : « Je ne me reconnais qu’un don littéraire un manque absolu de mémoire. »

3° Il ose écrire que je suis « avide de réclame », parce que cinq à six figures propres dans les journaux soutiennent les écrivains que je fête ! comme si tous n’eussent pas dû donner le nom des beaux écrivains combattants qui, pour nous sauver, laissaient toute vie pensante ! Votre cuistre eût voulu, peut-être, qu’en nommant ces chers êtres, nos confrères tussent le nom de ma maison qui les réunissait. — Là est bien la question, si je ne suis pas sourde ? — J’y avais bien pensé, à cause de la meute des jaloux. Mais si j’avais fait des mystères quant à l’endroit où je groupais nos écrivains, jugez de ce que les aboyeurs eussent été en droit de dire ! Me voyez-vous faisant secret, en temps d’état de siège, de réunir des écrivains quand il s’agissait au contraire de joindre, de retrouver, de grouper nos frères combattants dispersés par la guerre ? Que notre insulteur rajuste ses lunettes pincées. Il sera temps ; ou elles vont lui ronger tout le nez. Le « Crapaud » verdoyant me voit comme il peut voir « verte d’insuccès » quand tous mes ennemis s’accordent à me voir la meilleure mine du monde. À cela je ne pourrai rien que me regarder dans des yeux moins bilieux. À ce ton d’écurie, le personnage ajoute la calomnie pure et simple. Il me rencontre partout, dit-il, dans les salons, les journaux. Moi qui ne peux même trouver le temps d’aller voir Rachilde une fois dans l’année ! Je le défie de me trouver dans un autre journal que le mien.

Et si le Boissard bisque de me voir parler, « faire des conférences » il faudra qu’il s’y fasse : on aborde le public en face, ou pas, surtout quand on tient à le houspiller, et ferme, comme je fais.

Et je me fais un plaisir de vous signaler encore ce fleuron à la couronne de muflisme qui brille au front du rabâcheur voyez-moi comme il y va doucement pour éreinter les hommes, auprès du ton qu’il ose prendre avec les femmes trop fières pour admettre qu’on les défende.

Compliments pour ces mœurs ! Mais nous en faisons d’autres. Et surtout je l’ai dit : on voit mal les maisons qui vous ferment leurs portes. Ce qu’on ne peut voir que par un trou de serrure ne traduit jamais qu’un avis de pickpocket.

À vous cordialement, mon cher Vallette, et croyez à ma compassion profonde de vous voir condamné à regarder Boissard.

Aurel

À la fin de la chronique suivante, parue dans le Mercure du premier juin 1920, Maurice Boissard frappera juste, comme il sait frapper :

Sa lettre m’enchante. Je ne l’ai pas nommée. Elle s’est tout de suite reconnue.

Et bien sûr… (Journal littéraire au cinq juin) :

Ce matin, nouvelle lettre d’Aurel, répondant au commentaire, de ma dernière Chronique, sur sa première réponse. Lettre injurieuse, grossière encore, et toujours en charabia. […] Elle prétend que mes attaques répétées prennent le caractère d’une attaque de presse, je veux dire campagne de presse, et parle de faire un procès au Mercure. Dumur67 est d’avis de ne pas publier la lettre, grossière, alors que dans ma critique comme dans les termes je suis toujours demeuré littéraire et mesuré. J’ai vu Vallette ce soir à 6 heures. Dumur n’était pas là. Je n’avais pas pu vider la question à midi. Vallette reconnaît que la lettre d’Aurel est grossière et impérieuse, et qu’elle-même est folle. Je lui ai dit que je me moque de la grossièreté, qui se retourne contre Aurel, que, pour le Mercure, on pourrait peut-être, ou lui faire changer sa lettre, ou ne rien faire du tout. Je n’ai pas pu arriver à une solution, quoique Vallette reconnaissant que c’est toujours regrettable d’insérer des grossièretés. Je verrai cela lundi matin avec Dumur.

Mercredi 16 Juin |1920]

Vallette m’avait déjà parlé il y a quelques jours, quand est arrivé le Mercure du 15, de la deuxième lettre d’Aurel, dont il ne savait pas si Dumur l’avait mise ou non. Il m’avait dit qu’il allait écrire à Aurel que sa lettre était arrivée trop tard pour lui en donner une épreuve et qu’elle ne pourrait être mise que dans le numéro du 1er juillet. Il en a reparlé ce soir avec moi, Dumur étant là. Il m’a demandé de ne pas répondre, qu’Aurel est folle et qu’il faut la traiter comme une folle. Je lui ai répondu que je n’ai pas changé d’avis depuis notre première conversation, à savoir que les grossièretés d’Aurel se retournent contre elle-même, et aussi, un peu, contre la revue qui les publie. Il en a convenu. Pour lui il est décidé à ceci : il va mettre la lettre d’Aurel, puis ensuite jamais on ne parlera plus d’elle dans le Mercure. Elle peut publier un livre, l’envoyer. On n’en parlera pas. Si elle s’étonne, Vallette lui répondra que c’est ainsi, qu’il y a quelques personnes pour lesquelles on a décidé de ne plus jamais rien dire, en bien ou en mal. Qu’on ne peut avoir des rapports avec des gens qui parlent sans cesse de la loi, de leurs droits, qui menacent, etc., etc. Je lui ai dit qu’il montre peut-être là une rigueur qu’il ne pourra pas observer. Il a juré ses grands dieux que si. Nous verrons bien.

À propos de tout cela, et de la folie d’Aurel, il nous a raconté ce mot d’Alfred Mortier, dans le salon de Rachilde, un jour qu’on parlait des prétendues femmes de génie. Mortier, qui est d’ordinaire plutôt un peu grave et réservé, se départit une minute ce jour-là de cette gravité et de cette réserve, et faisant un grand geste, s’écrie : « Ah ! ne m’en parlez pas. Je sais ce que c’est, moi, que les femmes de génie. »

Donc la lettre d’Aurel — sans doute largement amendée — paraîtra dans les « Échos » du Mercure du premier juillet, page 287 :

Une nouvelle protestation de Mme Aurel

Nous avons reçu la lettre suivante :

        Mon cher directeur,

Puisque le Boissard continue, je continue.

C’est à mon texte, dont il avait cité cette boutade “mon armée de poètes” que je me suis reconnue, non au rabâchage de Boissard. Ma seule visée fixe est : tout renouveler. Tous mes livres l’attestent. Je me tourne d’instinct vers ce qui naît. Comment pourrais-je me reconnaître en des figures périmées, et qui, — je vous donne ceci à méditer, — l’étaient peut-être de leur temps par l’écart malveillant entre elles et leurs modèles : quel charme originel dans une figure nettement ridicule !

C’est contre le faux monnayage de la personnalité que je m’élève. C’est contre lui que j’aimerais mener les tribunaux à nous armer.

Fausser nos mœurs est un péché mignon auprès de la crasse de fausser nos visées, seules sacrées de nos intimités. L’esprit est libre, oui, mais libre d’être propre. Et Boissard n’est pas libre de me prêter sa moisissure personnelle ?

“Il ne m’a pas nommée”, dit-il. J’aurais pu ne pas le nommer. En l’appelant le Crapaud, comme fit notre Apollinaire, chacun l’eut reconnu. C’est au bas de son âme fétide qu’on peut écrire ressemblance garantie.

Je vous salue.

Aurel

La page « Aurel III » paraîtra le quinze mai 2023.


Notes

56     Journal littéraire au seize décembre 1908 : « J’ai signalé aussi à Vallette des vers apportés récemment par Apollinaire et qui ne sont pas sans attrait. »

57     Peut-être Édouard Guerber (1882-1922), poète. Lire sa nécrologie dans le Mercure du 15 septembre 1922, page 850.

58     Fernand Divoire (1883-1951), écrivain belge naturalisé français en 1912. Dans La Terrasse du Luxembourg, André Billy décrit sa première rencontre avec Fernand Divoire, dans la nuit du 11 au 12 mai 1906 : « Fernand Divoire, alors secrétaire de rédaction de L’Intransigeant et qui, revenant d’une soirée chez Léon Bailby, s’était, par curiosité professionnelle, détourné du chemin de Montrouge pour voir brûler la halle au cuir. Le Divoire de 1906 n’avait pas le crâne éléphantin et la physionomie ascétique triangulaire qui donnent à son personnage un cachet si caractéristique, il portait la barbe longue, comme moi, et un mince turban de cheveux, mais son regard, ses silences, ses mots réticents avaient déjà l’inquiétante acuité qui lui ont fait dans les milieux de presse la réputation à laquelle il tient tant. » Lire la suite. Lire aussi un cuisant portrait par PL dans son Journal au 16 novembre 1941.

59     Marie Jean François Desthieux s’est fait nommer François Jean-Desthieux (1895-1944), ce qui ne simplifie la vie de personne. Écrivain, poète et journaliste, fondateur de la revue Heures perdues.

60     Peut-être Joachim Gasquet (1873-1921), poète et critique d’art.

61     Jean Giraudoux (1882-1944), normalien, romancier, auteur dramatique et diplomate.

62     Blaise Cendrars (Frédéric Sauser, 1887-1961), écrivain suisse naturalisé français en 1916. Blaise Cendrars est l’archétype de l’aventurier, de l’écrivain voyageur et du grand reporter.

63     René Dalize (René Dupuy des Islettes, 1879-1917 au Chemin des Dames) a fait partie, aux côtés de Guillaume Apollinaire, André Billy, André Salmon et André Tudesq des fondateurs des Soirées de Paris.

64     Il ne s’agit pas du restaurant de luxe du bois de Boulogne, ouvert en 1909. Bien avant, dans la fin des années 1860, l’aménagement du bois de Boulogne a réclamé des pierres et du sable, qui ont été extraits d’une carrière sur place. Une fois les travaux terminés, la carrière a été aménagée en espace de loisirs, dont un de ces théâtres en plein air, que l’on nommait alors théâtres de verdure. Le théâtre de verdure du Pré Catelan se nomme alors « théâtre des Fleurs » Firmin Léautaud et des sœurs Foresty y ont joué en 1868.

65     Blanche Alice Sistoli (1886-1975), comédienne à l’Odéon sous le nom de Blanche Albane, a rencontré Georges Duhamel à l’abbaye de Créteil et l’a épousé en décembre 1909. Elle a rejoint la troupe du Vieux Colombier avant la première guerre mondiale.

66     Comme Trissotin et Vadius (note 12) sont des personnages des Femmes savantes, Magdelon et Cathos (selon la graphie et l’ordre des rôles définis par Molière) sont deux précieuses ridicules. Ces quatre personnages, avec Tartuffe, ont été très souvent cités par Paul Léautaud.

67     Louis Dumur (1860-1933), romancier, poète et dramaturge suisse. Après avoir fondé la revue La Pléiade (deuxième du nom) avec Édouard Dubus, Gabriel-Albert Aurier et Louis-Pilate de Brinn’Gaubast, il est avec Alfred Valette l’un des fondateurs du nouveau Mercure de France, dont il est rédacteur en chef en 1889 et secrétaire général en 1895. On lira son portrait dans le Journal littéraire aux 13 et 15 novembre 1922 et au 4 août 1931. Voir aussi chez André Billy, Le Pont des Saint-Pères, pages 40-42.