Alfred Vallette dans Le Courrier français (1892)

Texte mis en ligne le quinze mai 2025. Temps de lecture de cette petite page de printemps : une douzaine de minutes.

Les lecteurs de leautaud.com connaissent cette revue dans laquelle Paul Léautaud a publié, en 1893-1894, ses poèmes de jeunesse. Mais c’est une note de Jean-Auguste Poulon qui a révélé cet entretien d’Alfred Vallette dans le numéro du deux octobre 1892.

Vallette va même plus loin. Dans une interview du Courrier Français le 2 octobre 1892, il rejette l’appellation de cénacle en affirmant que le hasard préside à la constitution de chaque numéro : « Jamais nous n’avons de réunions, et les numéros sont si peu concertés entre les rédacteurs que chacun d’eux, hormis ce qu’il y insère lui-même, en apprend ordinairement la composition en même temps que l’abonné, quand ils paraissent » (Interview par Georges Brandimbourg, Le Courrier français, 2 octobre 1892, p. 10).

Note de Jean-Auguste Poulon dans sa Bible léautaldienne

Le Courrier français est une curiosité qu’on ne sait pas par quel bout prendre et il faudrait un spécialiste des périodiques de cette époque pour l’expliquer. Cet hebdomadaire a été fondé à la fin de l’année 1884 par l’entreprenant Jules Roques, qui a bien l’intention de vendre du papier en utilisant une formule inusable : des photos de femmes nues. La première une est claire et annonce « Notre Programme » au-dessus d’une femme nue, magnifique, censée être la vérité sortant du puits (il y a un puits).

Chaque numéro ouvre par la « Gazette rimée ». C’est la rentrée de 1892 qui nous intéresse ici et ouvrons le numéro du quatre septembre. On y trouve des poèmes de Raoul Ponchon1, collaborateur régulier. Puis une chronique de « Bals et concerts » signée M. Z. où l’on reconnaît le futur romancier d’aventures Michel Zévaco, pour l’instant âgé de 22 ans et secrétaire de rédaction de la revue. Vient ensuite un long article de Jules Roques sur les « Théâtres et concerts » avec la réouverture de La Scala2, « la bonbonnière du boulevard de Strasbourg ».

C’est à la page huit (sur douze) de ce numéro du quatre septembre 1892 que paraît la première chronique « L’Avenir littéraire » de Georges Brandimbour. Arrêtons-nous quelques lignes sur ce personnage avant de l’oublier tout à fait. Dans ce numéro du Courrier français du quatre septembre 1892 Georges Brandimbour s’entretient avec Léon Deschamps, le directeur de La Plume. Cette revue est parue en avril 1889, huit mois avant Le Mercure de France. Elle disparaîtra à l’aube de la guerre de 14-18.

Suivent quelques nouvelles sans intérêt (on fume davantage de cigares) et des propos de coulisses (petites actrices). Un petit entretien (une colonne et demie) de notre Georges Brandimbour avec Émile Zola à Lourdes, sans doute imaginaire. Peu de femmes nues dans ce numéro somme toute honorable. Il faut dire que l’an dernier, le numéro du treize septembre 1891 a été saisi et le seize, notre Jules Roques, condamné à de la prison, a dû se réfugier à Londres, ce qui a refroidi bien des ardeurs. On en a même parlé dans The New York Herald :

The New York Herald du 17 septembre 1891 page deux

Dans le numéro suivant du Courrier français, (onze septembre), ce n’est plus Georges Brandimbour qui est de service mais Michel Zévaco qui présente plus de deux pages sur Maurice Denécheau, le directeur du quotidien L’Éclair.

Le 25 septembre voit le retour de la rubrique de « L’Avenir littéraire » à l’occasion d’un entretien avec Henry Hamel, directeur de la Revue des Beaux-Arts. L’article est signé de G. Demaes mais Georges Brandimbour se rattrape avec un article sur Émile Strauss, directeur du Nouvel Écho. La rubrique est donc partagée entre plusieurs auteurs.

Nous voilà au deux octobre et c’est Georges Brandimbour qui s’y colle, pour rencontrer Alfred Vallette. Voici son texte, à l’évidence largement rédigé par Alfred Vallette lui-même. Il est mieux que le travail soit fait par le client.

L’Avenir littéraire
Mercure de France
Directeur : Alfred Vallette

Dessin non signé accompagnant l’article

Rue de l’Échaudé-Saint-Germain3, 15, une grande pièce. La jeune littérature y cause, explique, discute. Près de la bibliothèque, où s’empilent et s’écrasent livres et revues jetant une note plus claire sur le rouge des tentures, Remy de Gourmont, assis les jambes croisées, écoute, soulignant d’un mot telle appréciation. Près de la fenêtre, Rachilde émousse de sa gaieté si communicative la gravité de nos « futurs ».

Odillon Redon – Serpent auréole

Figées sur les murs, deux lithographies d’Odilon Redon4 : Serpent auréole et Yeux clos, don de l’auteur à la rédaction ; l’original du dessin composé par Paul Gauguin pour illustrer Madame la Mort5 ; divers états de l’eau-forte de Lauzet6 d’après la Fin d’un jour, le pastel de Mme Jacquemin7 ; au-dessus, la jolie paire d’épées que, incontestablement, Damoclès offrit à Vallette pour la perforation des mécontents. En face : portraits, héliogravures, photographies : de Flaubert, Verlaine, Laurent Tailhade en robe de moine, Paul Gauguin, Jules Renard, Saint-Pol-Roux le Magnifique, etc.

Sur la table s’éparpillent les publications et les livres récents.

L’un après l’autre les invités — presque tous collaborateurs du Mercure de France sortent, me laissant avec le directeur :

— Causons, maintenant.
— Sans préambule, n’est-ce pas ?
— Oui, répondis-je à Vallette, les préfaces n’ont d’utile que leur inutilité.

Cette incohérence le fit sourire, puis il dit :

— Le premier numéro du Mercure de France parut le 25 décembre 1889 : le recueil va tout à l’heure avoir trois ans, et sa collection former six gros volumes.

Financièrement — ceci pour les gens qui s’étonnent de le voir durer, et pour détruire quelques inexactitudes publiées à ce sujet — c’est une société en participation dont le capital ne fut d’abord pas entièrement souscrit : cette réserve pour l’éventualité, qui se réalisa, de demandes d’admission qu’il nous plairait d’agréer. Les dix fondateurs, les onze même en comprenant Remy de Gourmont qui, en vérité, ne participa point au premier fascicule, mais était des nôtres avant sa publication, sont : Albert Aurier, Jean Court, Louis Denise, Édouard Dubus, Louis Dumur, Remy de Gourmont, Julien Leclercq, Ernest Raynaud, Jules Renard, Albert Samain et moi. D’autres se sont joints à nous plus tard. : Laurent Tailhade, Charles Merki, Gaston Danville, Saint-Pol-Roux, Pierre Quillard, Ferdinand Hérold et Raoul Minhar. Ainsi constitués, et alors même que nous n’eussions point réussi, nous étions en mesure de tenir tant que bon nous semblerait. J’ajoute que, publié d’abord sur trente-deux pages (quarante-huit de temps à autre), le recueil parut sur soixante-quatre pages dès janvier 1891, et qu’il paraît sur quatre-vingt-seize pages depuis janvier 1892 : il forme actuellement trois volumes par an.

Littérairement, voici ce que prévoyait l’article — c’est à dessein que je ne dis point l’article-programme — qui est en tête de la collection : « …Des trois buts que peut se proposer un périodique littéraire : — ou gagner de l’argent, — ou grouper des auteurs en communion d’esthétique, formant école et s’efforçant au prosélytisme, — ou enfin publier des œuvres purement artistiques et des conceptions assez hétérodoxes pour n’être point accueillies des feuilles qui comptent avec la clientèle, — c’est ce dernier que nous avons choisi, nous connaissant du reste trop déplorables spéculateurs pour espérer la métamorphose de nos écrits en or, et sachant introuvables, en cette transitoire période que nous traversons, les éléments d’une école littéraire. » Notez que ceci fut rédigé il va y avoir trois ans ; aujourd’hui, on peut sans doute inférer de l’ensemble du recueil des tendances plutôt idéalistes, mais à aucune époque la rédaction ne fut esthétiquement homogène. Les formules d’art, les idées et les opinions les plus opposées s’y rencontrent, L’imputation d’être un « cénacle », qu’entre autres bourdes on nous décocha, n’en est que plus drôle : jamais nous n’avons de réunions, et les numéros sont si peu concertés entre les rédacteurs que chacun d’eux, hormis ce qu’il y insère lui-même, en apprend ordinairement la composition en même temps que l’abonné, quand ils paraissent.

L’unique but des fondateurs du Mercure de France était donc de créer une publication sérieuse, durable, où dire tout ce qu’ils voulaient, dans la forme qui leur convenait, sans se soucier le moins du monde de plaire ou de déplaire au public, au risque même de ne point trouver de public : ils en ont un maintenant et qui grossit tous les jours, preuve manifeste que leurs idées, jugées si subversives par nos bons Prudhommes, correspondent tout de même à quelque chose dans le public. Mais pour les sortir, ces idées et ces formules d’art subversives, il leur fallait une publication à eux, car c’était impossible dans la « grande » presse, banale par définition puisqu’elle se vante de représenter l’opinion de la foule, et que les financiers qui la dirigent sont avant tout curieux de faire des affaires et par conséquent de plaire à cette foule.

Au surplus — on dira, que c’est mon delenda Carthago8, mais je crois qu’il y a là une grande vérité qu’on n’a pas assez approfondie — de telles divergences de vues séparent les hommes de notre génération et nos aînés, détenteurs actuels de la presse, qu’ils nous considèrent volontiers comme des monstres et n’ont pas plus envie de nous tendre la main que nous d’aller les solliciter. Nous sommes, par rapport à eux, en morale, en esthétique, en sociologie, d’épouvantables révolutionnaires. Or, comme en tout temps les hommes se valent, ou plutôt comme ils ne valent pas mieux à une époque qu’à une autre, le devoir de nos grands frères était peut-être de nous étudier, non de nous répudier. Ils se plaignent de nous, je crois : ils oublient qu’ils ont manqué de bienveillance. Et, pour s’épargner de nous comprendre, ils affectent pour nous, bien que nous les préoccupions cependant, une indifférence dédaigneuse, et ils nous tiennent, aux yeux de leur public, en une perpétuelle minorité par la qualification ridicule de « jeunes », c’est-à-dire de gens qui en sont à l’âge où l’on jette sa gourme et où ce qu’on écrit est sans importance. Hugo était un jeune quand il perpétra Han d’Islande9, et Musset au temps des Contes d’Espagne et d’Italie10 : en vérité, il y paraît… Il y aurait un bien joli parallèle à établir entre les jeunes d’alors et ceux d’aujourd’hui. Mais jamais le Mercure de France — qui n’est certes point rédigé par des vieux — ne fut une « revue de jeunes » au sens actuel de cette sottise. La presse, au reste, qui ne parle guère de nous que pour nous railler (exception faite pour quelques confrères sans parti-pris et qui veulent bien nous lire avant de juger), donne souvent de nous les appréciations les plus réjouissantes. C’est ainsi, pour relater seulement la dernière, que M. Paul Ginisty, dans le Gil Blas, affirmait l’autre jour11 que nous ne trouvions de talent qu’à nous-mêmes, alors que les plus durs éreintements parus chez nous sont précisément des critiques de rédacteur à rédacteur du Mercure de France (voyez le recueil, passim). Et cela est si notoire que la docte affirmation de M. Ginisty fit sourire. Il n’était évidemment pas de mauvaise foi, mais, dans les « revues de jeunes », il est d’usage, en effet, de se congratuler mutuellement, et M. Ginisty ne nous avait pas lus.

— Il ne se lit même pas.

— Aussi jouit-il d’une considérable santé… Et l’on est envers nous d’autant plus… dirai-je malveillant ? que nos confrères des quotidiens, qui savent nous préjudicier en nous accolant cette épithète de « jeunes », connaissent personnellement la plupart d’entre nous et n’ignorent pas que nous ne sommes plus des gamins. Au fait, parmi les rédacteurs du recueil que je vous ai cités, beaucoup ont écrit ou écrivent encore, à des titres divers, dans cette « grande » presse qui nous vilipende. Quant aux collaborateurs, des moutards aussi sans doute, vous énumérerai-je quelques noms (rassurez-vous, je ne les nommerai pas tous, et je passerai les grands morts et les étrangers) : Charles Morice, Stéphane Mallarmé, Jean Dolent, Léon Bloy, Paul Margueritte, Camille Lemonnier, Lucien Descaves, Rachilde, Adrien Remacle, Ernest Tissot, José-Maria de Heredia, Marcel Schwob, Tola Dorian, Jean Lorrain, Léo Trézenik, Bernard Lazare, H. Gauthier-Villars, Roinard, Retté, Collière, Randal12, etc., etc. : joli groupe de « gamins de lettres », comme vous voyez13.

— C’est une consolation que subissent trop les aînés de nous qualifier : « jeunes », « gamins de lettres » ou « poupons des arts ». Ne croyez pas, mon cher Vallette, qu’il leur suffise d’être « grands-pères des lettres » pour enfanter le contentement de soi. Nous montons, ils descendent et cherchent, en nous barrant la route, à rester le plus longtemps possible sur l’échelon de rencontre, voilà tout !… Ensuite, qu’a publié le Mercure de France ?

— Ce que le recueil a publié ? C’est très divers, ainsi que je vous l’ai dit : des inédits de Villiers de l’Isle-Adam14 et de Barbey d’Aurevilly15, des traductions d’auteurs italiens, allemands, danois, hollandais, anglais ; des articles d’esthétique, de critique, de sociologie, etc. Jules Renard a donné nombre de nouvelles et de fantaisies qui ont été reproduites un peu partout, et c’est chez nous qu’est né Poil de carotte16 ; toutes les ballades de Au pays du mufle ont paru ici avant d’être réunies en volume17 ; Aurier18 s’occupe beaucoup des peintres novateurs : Gauguin, de Groux, etc. ; Gourmont collabore assidûment et de toutes façons : un roman : Le Fantôme19, des nouvelles, fantaisies, études, articles — dont l’un, le Joujou patriotisme, fit l’année dernière un gros tapage20 ; Dumur publie actuellement une série de Petits Aphorismes21 ; il a donné, sous le pseudonyme de princesse Nadejda, des articles sur la Russie22 ; Samain envoie des poésies — trop rarement au gré de tous ; Raynaud a d’intéressantes Notices littéraires ; Quillard, des articles de critique et d’érudition ; Dubus, des articles d’occultisme, de critique et des poésies ; Denise, Court, Hérold, plus spécialement des poésies ; Saint-Pol-Roux, d’exquis poèmes en prose et des théories d’art ; Merki, des articles divers et des nouvelles ; Minhar23, une série de courtes proses d’une saveur toute particulière intitulées Pages quiètes24 ; tout le volume des Contes d’au-delà, de Gaston Danville25, etc., etc. La collection comprend plus de deux mille pages aujourd’hui, et vous réciter tous les sommaires serait sans doute un peu excessif…

— Voilà pour ce que vous avez publié. C’est en effet assez… « babélique ». Mais, à l’heure actuelle, peut-être vous est-il possible de préciser l’orientation du Mercure de France

— Préciser… non. Les tendances de la majorité de la rédaction sont idéalistes : ce point seul est acquis. Mais toutes les autres tendances et préoccupations des écrivains nouveaux sont aussi représentées au recueil, qui sera longtemps encore, comme vous dites, « babélique ». Nous n’avons de commun que notre éloignement pour le naturalisme — veuillez remarquer que je ne dis point : réalisme — tel qu’il fut pratiqué derrière son vulgarisateur26. Un haut-lyrisme, lequel, par parenthèse, est une monstruosité relativement à la conception naturaliste, sauve maintes parties de l’œuvre de M. Zola ; mais ceux qui s’en tinrent à la formule ne firent que des livres sans portée, dont le plus gros ne contient pas la substance d’un conte de Villiers de l’Isle-Adam. Personne ici n’est pour cette littérature, toute de procédé d’ailleurs et infiniment puérile. Quant au reste, nous sommes assez d’avis que tous les genres sont bons, même le genre ennuyeux, pourvu que ce soit de l’art.

— De l’art avec votre esprit, mon cher Vallette !

Georges Brandimbourg

Notes

1       Raoul Ponchon (1848-1937), fils de militaire, a été, toute son enfance transbahuté de ville en ville avant de s’installer à Paris où on le retrouve employé de banque. Après la guerre de 1870, insatisfait de ses divers emplois Raoul Ponchon s’essaie à la peinture sans davantage de succès. Du milieu des peintres à celui des hommes de lettres il n’y a pas loin ; Raoul Ponchon se lie avec qui lui ressemble, Jean Richepin et Maurice Bouchor. On le retrouve dans Le Courrier français de Jules Roques. En 1924, à l’âge de 76 ans et de façon surprenante, Raoul Ponchon est élu à l’académie Goncourt au couvert d’Émile Bergerat.

2       La Scala a ouvert en 1878, à l’emplacement d’une guinguette, au treize boulevard de Strasbourg en référence au théâtre de La Scala de Milan. Cette salle de théâtre et music-hall produit les plus grandes vedettes de l’époque. Après une transformation en cinéma en 1937 puis bien des vicissitudes et plusieurs projets avortés la salle a rouvert, entièrement transformée, en 2018.

3       Ce n’est qu’en avril 1903 que la société du Mercure de France quittera l’appartement familial du quinze rue de L’Échaudé-Saint-Germain pour le 26 rue de Condé. De nos jours, cette très étroite rue de L’Échaudé, derrière l’église Saint-Germain-des-Prés, est piétonne. L’échaudé est un biscuit dont la pâte est d’abord pochée avant de passer au four puis découpée en triangles. Le résultat est assez robuste. C’est cet aspect triangulaire très pointu à son entrée depuis la rue de Seine, qui a donné son nom à la rue.

4       Odilon Redon (1840-1916), peintre et graveur symboliste, parfois surnommé peintre du rêve. On se souvient du dîner de Paul Léautaud chez le couple Valéry le 24 avril 1901 en compagnie d’Odilon Redon, de Madame et de leur fils.

5       Au début de 1891 Rachilde a publié chez Albert Savine un volume de son théâtre : Madame la Mort, Le Vendeur de soleil et La Voix du sang. Pour la pièce ouvrant l’ouvrage, Paul Gauguin a donné ce « fusain rehaussé de lavis ». On peut lire une rapide critique de ce recueil par Remy de Gourmont dans le Mercure d’août 1891, page 118.

6       Marie Auguste Lauzet (1863-1898 — à 35 ans), aquafortiste et lithographe. Les abonnés au Mercure ont reçu cette eau-forte avec le numéro de mai 1892.

7       Jeanne Jacquemin (Marie Boyer, 1863-1938), peintre éthérée. Dans le Mercure de mai 1892, Remy de Gourmont a écrit un article sur Jeanne Jacquemin (pages 65-66).

8       Carthago delenda est ! : Il faut détruire Carthage !

9       Han d’Islande, de Victor Hugo, est d’abord paru en feuilleton sans nom d’auteur en 1820 dans l’assez éphémère Conservateur littéraire, une revue qu’il avait formée avec ses frères. Victor Hugo avait alors 18 ans.

10     Alfred de Musset avait tout juste 19 ans en décembre 1829 quand parurent ses Contes d’Espagne et d’Italie (datés 1830) chez Levavasseur, libraire au Palais-Royal.

11     Le vendredi deux septembre 1892 dans sa « Causerie littéraire » hebdomadaire. Paul Ginisty (1855-1932), directeur de l’Odéon de 1896 à 1906 puis inspecteur des monuments historiques.

12     Non, il ne s’agit pas d’Auriant, qui signait parfois Georges Randal en hommage au Voleur de Georges Darrien, mais du très-obscur Théodore Randal qui a signé en mai dernier, pages 19-27, « pathologie de devoir », son unique article dans le Mercure de France. Il s’agit peut-être du germaniste Charles Andler (1866-1933), dont le nom peut former l’anagramme Randal.

13     Indépendamment de la notoriété de ces auteurs, incertaine en 1892 pour la moitié d’entre eux, on peut observer que leur moyenne d’âge est de 37 ans, ce qui n’en fait pas des notables non plus. L’aîné est de très loin le critique d’art ébouriffé Jean Dolent, né en 1835, suivi de l’étonnante poétesse Tola Dorian (Kapitolina Sergueïevna Mestcherskaïa, 1839-1918). Stéphane Mallarmé (1842-1898) n’est qu’en troisième position. Les deux plus jeunes sont le romancier Ernest Tissot (1867-1922) et Marcel Schwob (1867-1905), qui n’ont que 25 ans. On peut aussi noter qu’Alfred Vallette oublie bien du monde comme Jules Renard, Albert Samain, Laurent Tailhade, Ernest Raynaud. Louis Dumur et Remy de Gourmont seront évoqués infra.

14     Essentiellement des fragments inédits de L’Êve future parue en 1886 chez de Brunhoff (379 pages).

15     Oui… enfin… trois pages en mars 1891.

16     En feuilleton en 1892 avant d’être édité chez Flammarion en 1894.

17     Laurent Tailhade, Au Pays du Mufle, ballades et quatorzains, offert « À mon ami André Gogné » Léon Vanier, avril 1891, 99 pages. Alfred Vallette a écrit un texte sur l’ouvrage dans le Mercure de juin 1891 pages 357-361.

18     Gabriel-Albert Aurier (1865-1892), écrivain, poète, et critique d’art, mort de la typhoïde à l’âge de 27 ans. La signature Georges-Albert Aurier est parfois rencontrée. Voir aussi l’excellent article de Vincent Gogibu paru dans les Cahiers Louis Dumur numéro 9 (2022) « Le Mercure de France, un périodique dans le temps long ». L’article que nous lisons est paru le deux octobre et dans trois jours Gabriel-Albert Aurier va mourir de la tuberculeuse.

19     D’abord paru sur trois livraisons du Mercure (janvier à mars de cette année 1892), Le Fantôme sera réuni en volume pour paraître au Mercure au printemps 1893, accompagné de deux lithographies hors-texte d’Henry de Groux, pas si épouvantables que ça (113 pages).

Graphie du titre du Fantôme

20     Ce texte paru dans le Mercure d’avril 1891 en ouverture du numéro. Suite à cela, Remy de Gourmont sera licencié de son emploi à la Bibliothèque nationale.

21     Neuf textes, de mars à janvier prochain.

22     « Deux empereurs » dans le Mercure d’octobre 1890 page 345 et « Le sens esthétique chez les Russes » dans le numéro d’août 1891 page 75.

23     Raoul Minhar et Alfred Vallette ont publié ensemble en 1891 un roman bien oublié, À L’Écart, roman policier sensiblement décadent et, bien entendu, symboliste.

24     Huit textes, de novembre 1891 à août 1893.

25     Douze textes de juin 1891 à septembre 1892.

26     Le mouvement dit Réalisme a pris pour date l’article du critique d’art Champfleury (1821-1889) en une de L’Ordre du samedi 21 septembre 1850 à l’occasion du salon de 1850 qui a accueilli avec réserves L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet. Lisons Champfleury : « Les tableaux historiques de M. Courbet, qui seront un événement au salon vont soulever d’importantes discussions. Les critiques peuvent dès aujourd’hui se préparer à combattre pour ou contre le réalisme dans l’art. » Le mouvement a pris moins d’ampleur en littérature, un doigt de Balzac, un jet de Flaubert, un soupçon de Zola…