Page mise à jour le 29 octobre 2023.

D’abord et avant toute chose il semble bon de préciser que l’auteur de cette page web n’a aucun intérêt dans la vénérable (elle aussi) maison des Classiques Garnier. Afin de pouvoir en rendre compte librement, ce livre a été acheté en librairie. 59 €uros pour prix de la liberté, ce n’est vraiment pas cher. Il va être dit beaucoup de bien de ce livre mais il ne s’agit nullement d’un quelconque échange « de bons procédés ». C’est avec plaisir que ce livre est placé — quelques temps au moins — en tête de la liste des pages.
Commençons par le mal : l’aspect universitaire de la chose. On pensait ce style disparu depuis au moins le siècle dernier. Il s’agit de la publication d’une thèse, Paul Léautaud et le champ littéraire (1893-1927), soutenue à la rentrée 2019, ceci explique cela. Mais avant publication en librairie courante l’auteur aurait dû assurer un plus sérieux ménage dans les 266 « champ littéraire » — même s’il s’agit du titre de la thèse —, supprimer un épouvantable « focale vivante » (Paul Léautaud, focale vivante et pensante sur la littérature de son temps), mesurer plus sévèrement ses « spectrographie du champ », ses 32 « habitus » et autant de références bourdieusiennes. On peut noter une absence totale de « champ lexical ». Du coup, ça manque un peu.
Ce mur franchi, et malgré un titre d’une banalité extrême que toutes les justifications du monde ne rendront pas davantage original, l’ouvrage se révèle indispensable, d’une richesse exceptionnelle. Tout léautaldien devrait le posséder.
Avant de continuer, et pour ceux qui ne les connaissent pas encore, deux mots sur les Classiques Garnier. C’est une noble et antique maison, tout le monde le sait. Ce que tout le monde sait moins est l’exceptionnelle richesse et variété de son catalogue et de ses collections. Pour le monde léautaldien on retiendra les Cahiers Louis Dumur, à parution annuelle qui, comme les Cahiers Tristan Corbière, n’existent sans doute que pour la beauté du geste et coûtent sans doute bien davantage qu’ils rapportent. D’où une politique tarifaire monstrueuse mais ce sont les universités qui sont abonnées.

Chacun possède son Léautaud, son visage de référence, construit au cours des lectures de son Journal, des écoutes de ses Entretiens, enrichi peu à peu de contradictions et de sentiments, un Léautaud humain. Jean-Auguste Poulon a le sien, qui semble construit de documents d’archives et du résultat de nombreuses opinions extérieures. Un Léautaud statistiquement exact, sur papier millimétré.

En fait à lire cet ouvrage en de passionnantes et fort studieuses (et fort nombreuses) soirées, crayon en main, on se rend vite compte qu’il ne s’agit pas d’un livre sur Paul Léautaud. On a même parfois l’impression que Paul Léautaud n’est qu’un prétexte conduisant à explorer, dans la première partie, des mondes qui passionnent aussi nombre de Léautaldiens mais encore les lecteurs des auteurs de cette fin et ce début de siècle (1893-1927). Ainsi parcourerons-nous le monde des revues (dont Le Scapin), de l’édition, de l’imprimerie. Et chacun — hors, évidemment, les spécialistes de ces sujets — découvrira le monde parallèle dans lequel évoluait Paul Léautaud.
Pour le reste, nous invitons le lecteur à se référer à la table des matières.
Écouter Jean-Auguste Poulon sur France culture.
Lire ici, d’Auguste Poulon, Mais les violettes étaient pour vous, texte pour un acteur.