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Jean Blaizot — Louise Blaizot — Louise après le Mercure — Notes
Pour un Cahier Paul Léautaud, un article consacré à Louise Blaizot, employée fidèle et attachante du Mercure de France, souvent indiscrète, je dédie cette étude Jean & Louise Blaizot, à Édith Silve, l’Immortelle sans épée ni habit vert de celles et ceux qui tentent de poursuivre l’Étude de Paul Léautaud et des Revues littéraires de son époque.
Jean & Louise Blaizot
Jusqu’à son dernier jour, les origines populaires de Paul Léautaud ne l’ont jamais détourné de ce qu’on appelle péjorativement le peuple, celui des petites gens honnêtes, cherchant leur vie durant à joindre les deux-bouts, à se maintenir hors de l’eau, quelquefois parvenir par privations et efforts à une situation professionnelle enviable pour l’époque qui nous concerne, — pour les nouvelles générations, dérisoire, — conduire à une carrière longue, simple certificat d’études en poche, donner pendant de très nombreuses années, au même employeur, le meilleur de soi-même, devenir l’employé-maison, l’employé-modèle, le rouage immobile mais indispensable à la bonne marche de l’entreprise, jusqu’à s’identifier à la dénomination sociale qui vous emploie. Bref, y passer sa vie.
Jean et Louise Blaizot sont de ceux-là.
Jean Blaizot
Blaizot a pour origine un prénom, le diminutif de Blaise, rencontré assez fréquemment dans le département de la Manche, mais aussi en Lorraine, Blaisot, et en Vendée.
Les grands-parents du côté paternel de Jean sont cultivateurs dans la Manche. À la mort du grand-père Jacques Blaizot, sa veuve, Judith Virginie Robillard, habite Hauteville-sur-Mer1.
Leur fils majeur, Auguste Alexandre Blaizot naît le 24/12/1835 à Montmartin-sur-Mer2, dans la Manche, à quelques kilomètres de Coutances, cette ville qui accueillera dans son lycée, Remy de Gourmont3, un des premiers piliers fondateurs du Mercure de France4. Pour une raison qui nous est inconnue, ce fils d’agriculteurs ne prend pas la succession des parents. A-t-il été attiré par la capitale pour une vie moins rude que ce que lui promettaient les travaux de la terre ?

Montmartin, Hauteville et Coutances – (www.google.fr/maps/)
Ainsi, à trente-deux ans, le fils Auguste est à Paris. Il y célèbre son mariage le 24/01/1867, avec Marie Anne Césarine Parmentier, une couturière-lingère, née dans la Marne, à Varimont, le 27/09/1831, fille de Claude Parmentier, alors décédé, âgé de trente-quatre ans, manœuvre, et de Marianne (ou Marie Anne) Picot, sa veuve, journalière domiciliée à Varimont, aujourd’hui Dommartin-Varimont5.
Auguste se déclare libraire. Avant leur union, les mariés habitaient ensemble au no 24 de la rue Bonaparte, à Paris.
Jusque-là, rien de bien particulier, une vie sans histoire. Sauf que le tout nouveau couple n’est pas sans progéniture.
Lors de l’enregistrement du mariage à la mairie du VIe arrondissement de Paris, Auguste et l’heureuse élue reconnaissent et légitiment deux enfants :
— Une fille, Marie Alexandrine, née le 28/10/1861, déclarée le lendemain à cette même mairie et inscrite par l’officier d’état-civil sous le nom de Parmentier. Elle est reconnue par sa mère le neuf novembre suivant et porte depuis cette union le nom de Blaizot, qui sera ajouté sur son acte de naissance. Précisons que la mère, accouchée par la sage-femme Charlotte Clémence Callés, habite déjà le no 24 de la rue Bonaparte et que son père Auguste est qualifié non dénommé6.

Acte de naissance de Marie Alexandrine
Marie Alexandrine épouse le 11/07/1885 Alfred Eugène Ernest Dossney, né à La Ferté-Bernard (Sarthe) le 11/05/1858, armurier à Paris, 14 rue des Canettes, fils de Henri Eugène Dossney et de Suzanne Aguilet, tous deux décédés. Marie Alexandrine habite encore avec ses père et mère, au no 8 rue du Sabot. Son père Auguste est de nouveau bouquiniste après avoir été liquoriste. Sa mère n’est pas présente, incapable, comme l’atteste le certificat médical du médecin Bouchereau de l’hôpital Sainte-Anne, symbole des asiles psychiatriques7.
— Un fils, Jean Marie, né le 08/05/1865 au no 24 de la rue Bonaparte, de père inconnu. C’est Esther Machet, femme Vital, sage-femme âgée de dix-neuf ans qui a pratiqué l’accouchement de Marie Anne Césarine Parmentier.
L’enfant est dénommé Parmentier sur l’acte d’état civil, puis sera rayé et remplacé par Blaizot8.

Acte de naissance de Jean Marie Blaizot
À ces deux enfants nés hors-mariage, s’ajoutera le 06/04/1876, un bébé de sexe féminin, déclaré sans vie le lendemain, toujours à Paris, même mairie du VIe9.
À cette date, les époux Blaizot demeurent au no 8 rue du Sabot. Auguste n’est plus libraire, mais liquoriste. Notons qu’Auguste est accompagné pour cette déclaration de Henri Oreste Brisollier, libraire, 38 ans, demeurant no 5 rue du Sabot.

Déclaration de l’enfant sans vie
Marie Anne Césarine Blaizot décède à Paris, no 47 Boulevard de l’Hôpital, XIIIe arrondissement, donc à la Pitié-Salpêtrière, le 15 janvier 1888(10). Elle est enterrée le 18 suivant au cimetière d’Ivry11.
L’adresse du logement est toujours rue du Sabot, no 8, et son époux Auguste est porteur de journaux. Notons que c’est son nom de jeune fille qui apparaît sur l’acte de décès.

Acte de décès de Marie Anne Césarine Blaizot

Enregistrement de l’inhumation de Marie Anne Césarine Blaizot
En 1892, Auguste occupe toujours le même emploi mais demeure au no 5 de la rue de Vaugirard. La date de sa mort reste à découvrir.
Jean Marie Blaizot se marie le 22/10/1892 avec la lingère Marie Tête, née à Eymoutiers (Haute-Vienne) le 29/04/1867 qui habitait d’ailleurs avec Jean Marie, à Paris, no 89 rue de Sèvres, fille de Léonard Tête, âgé de cinquante-deux ans, tisserand, demeurant à Eymoutiers, et d’Anne Dutheil son épouse, âgée de trente-six, sans profession, décédée depuis12.
Or, Jean Marie Blaizot — comme ses parents lors du même évènement —, et Marie Tête, avant d’être déclarés unis par les liens du mariage, reconnaissent une fille, Henriette Marthe, née le 20/08/1891, chez la sage-femme qui a assisté à l’accouchement, no 21 de la rue Rousselet, VIIe arrondissement de Paris, et enregistrée comme fille de Madeleine Têthe et de père non dénommé13.

Acte de naissance d’Henriette Marthe
Madeleine n’est-elle pas Marie, car le recensement de 1936 indique au no 42 de la rue du Dragon, à Paris, Madeleine Tête et non Marie, prénom qui apparaît par contre dans ceux de 1926 et 1931 ? Or, l’acte de naissance d’Henriette Marthe indique que sa mère est âgée de vingt-quatre ans, lingère et demeure no 89 rue de Sèvres à Paris, ce qui correspond tout à fait à Marie au regard de son acte de mariage. Mais pourquoi ce prénom Madeleine qui n’est pas déclaré à la naissance ? Serait-ce pour ne pas l’identifier, elle Marie Tête, de Madeleine Têthe, la fille-mère ? Têthe est peut-être aussi une variante régionale de Tête. L’acte de décès de Marie, morte chez elle le 17/04/1938, n’apporte aucun éclaircissement, puisqu’il enregistre simplement Marie Tête14.
De cette union naîtra le 20/02/1896, Louise Henriette Blaizot, qui suit.
À partir des actes présentés ci-dessus, collectés dans les archives disponibles en ligne, et malgré l’impossibilité d’accès à certains dossiers, nous avons ébauché l’arbre généalogique de Jean-Marie et Louise Blaizot. Il est enrichi de données qui apparaîtront au fur et à mesure de l’avancement du récit.
Remarquons que les parents de Jean Marie sont des parisiens d’adoption : le père est né dans la Manche et la mère dans la Marne. De même pour les parents de Louise : le père, s’il est parisien de naissance, son grand-père paternel vient de la Manche et la mère de la Haute-Vienne. Ajoutons que les épouses sont lingère et couturière, de quoi se placer comme bonnes à Paris, dans une bonne famille si possible. Relevons aussi que les jeunes épouses, Parmentier et Tête, vivent déjà dans le logement du futur époux. Leur parcours illustre-t-il nos propos ?

En 1892, année de son mariage, Jean Blaizot est commis en librairie. S’agit-il de la libraire Blaizot, toujours en activité en 2024, mais qui s’appelait alors Librairie Lecampion, tenue depuis 1877 par Émile-Ambroise Lecampion, passage du Saumon. Son neveu, Auguste Charles Blaizot, prendra la succession en 1902, puis la librairie connaîtra plusieurs déménagements avant de s’établir no 164 rue du Faubourg Saint-Honoré, VIIIe arrondissement de Paris. Nous n’avons pu établir un lien de parenté entre ces familles Blaizot, mais précisons que si la souche de Jean Marie est d’Hauteville-sur-Mer, celle d’Auguste Charles est de Servigny et de Blainville-sur-Mer, trois communes situées à proximité de Coutances, dans le département de la Manche.
Mais avant le mariage, il y eut le service militaire. Jean Marie est appelé sous les drapeaux en 1885, donc à ses vingt ans. Le bureau de recrutement lui octroie le matricule 1 287, tirage no 464(15). La consultation des bases de données consacrées à la Grande Guerre de 1914-1918 reste muette à son sujet. Donc, a priori, Jean Marie n’a pas été réquisitionné à quelque titre que ce soit et qu’il put continuer ainsi son activité au Mercure de France.

Table des registres matricules du recrutement militaire du 3e bureau du département de la Seine
Occupons-nous maintenant de la carrière de Jean Marie au Mercure de la rue de Condé, commencée le 1er mai 1904 comme caissier principal16, dont il deviendra par la suite un des actionnaires. Le Journal littéraire de Paul Léautaud, une lettre de sa fille Louise17 ainsi que les registres des recensements de 1926, 1931 et 1936, du VIe arrondissement de Paris, permettent de brosser à grands traits sa vie d’employé du Mercure de France.
Son activité professionnelle paraît avoir été uniquement consacrée aux écritures, comme l’on disait alors, pour désigner le comptable ou le caissier cher à Léautaud. Fit-il des études de comptabilité avant d’entrer au Mercure ou apprit-il sur le tas ?
La législation sur la fonction de comptable a évolué lentement, comme le précise la Revue d’histoire des comptabilités dans son numéro 5 de l’année 2013(18) :
Depuis l’ordonnance Colbert de 1673, prescrivant des obligations de tenue des comptes sans préciser qui est chargé de les appliquer, ni comment elles doivent l’être, chacun des textes qui émaillent la définition de la profession laisse en suspens des points importants. Le Code de commerce de 1807 oblige à tenir ses livres, sans préciser comment, ni qui doit s’en charger, ni de quelle façon les comptes seront contrôlés. L’institution des censeurs et le principe de l’autorisation préalable à toute création de sociétés anonymes imposent ensuite certaines règles mais elles ne concernent qu’une minorité d’affaires et ne suffisent pas à dessiner les contours d’une charge et d’une profession.
L’évolution du métier se déroulera au gré des scandales financiers, comme le souligne la même revue :
« La formation des employés et des comptables des entreprises s’améliore à partir de la seconde moitié du XIXe siècle avec la création d’écoles de commerces. Ainsi, l’École des Hautes études commerciales (HEC) est créée en 1881 par la chambre de commerce de Paris, bientôt imitée par les plus grandes chambres de commerce et par les organisations patronales locales qui prennent en charge la formation technique et commerciale dans les grandes régions industrielles et portuaires. Le professorat comptable est institué en 1895. Mais l’essentiel de la formation reste celle du personnel subalterne… […] La succession des scandales financiers (Panama en 1881) et les faillites retentissantes (l’Union générale en 1882) favorisent pourtant la prise de conscience de l’insuffisance des moyens législatifs et comptables de contrôler les sociétés ».
De comptable, il n’en faut pas douter, si l’on suit les recensements successifs19. Le registre de 1926 le déclare employé de librairie, et celui de 1931, comptable. Pour le dernier registre disponible, celui de 1936, il est employé au Mercure de France. Si l’imprécision est dommageable, la nomination de l’employeur nous montre qu’il s’agit bien de notre Jean Blaizot. De plus, sa profession déclarée à la naissance de sa fille Louise est celle de comptable.

Extrait du registre du recensement de 1931

Extrait du registre du recensement de 1936
Sa tâche principale devait être, a minima, la tenue du livre-journal recensant l’ensemble des opérations financières au jour le jour, ce que l’on nomme les débits-crédits, généralement du premier janvier au trente-et-un décembre d’une année. S’ajoutait la tenue d’une caisse :
— pour les abonnements, comme l’illustre Léautaud dans son JL au 23 avril 1914(20) :
Je ne sais pas si j’ai noté ce que m’a dit, il y a quelques jours, le caissier du Mercure, Blaizot. Un abonné, un M. Gouzien, médecin principal de la marine, est venu renouveler son abonnement.»
— pour le paiement des articles insérés dans la revue du Mercure de France (JL du 16 juin 1914) :
Tout à fait par hasard, j’ai appris ce soir du caissier Blaizot que Henriette Charasson21 touche quarante francs pour sa Chronique des Romans.
Puis dans le JL au 9 novembre 1929 :
Il [Vallette22] me fait donner les 500 francs par Blaizot pour que je les remette à Marnold23.
À la fois éditeur de romans, de poésies, d’écrivains inconnus ou à fort tirage, et du Mercure de France, revue de renommée européenne, la société du Mercure de France, très riche aux dires de Léautaud — nous sommes ici en 1929 —, n’a pas d’autre ressource que de demander (JL du 9 octobre 1929) au caissier Blaizot d’ :
[…] aller au Cercle de la Librairie24 pour s’enquérir d’une remplaçante pour la jeune employée à la machine à écrire qu’on n’a pas revue après ses petites voleries dans le service des abonnements »
On en déduit l’emploi à des tâches les plus éloignées de celles d’un comptable abrité derrière le grillage de protection de son bureau. L’on sait qu’en 1931, Jean Blaizot est assisté d’une employée comptable, Mme Guillet. (JL du 21 mai 1931).
C’est aussi le caissier qui (JL du 25 septembre 1933) :
[…] a charge d’ouvrir le courrier qui vient dans la journée.
Dans le même registre, n’est-ce pas Blaizot, dans l’affaire du magasinier Vincent, qui représente le Mercure devant les juges des Prud’hommes ? (JL du 21 septembre 1932).
Apercevons ici, en son entier, un trait comique de Jean Blaizot qui devait « avoir ses têtes » (JL du 20 juillet 1931) :
Ce soir, Magne25, venant toucher sa dernière chronique. Furieux après le caissier Blaizot. Il paraît que c’est chaque fois la même chose. Blaizot se plaît à répéter plusieurs fois, à haute voix, devant tout le personnel de la librairie, la somme qu’il lui paie. « Alors, M. Magne, nous disons 75 francs. Voici un reçu. Voulez-vous me faire un reçu de 75 francs » — Et quand il a le reçu et qu’il paie : « Nous disons 75 francs. » — Il compte les billets : « Cinquante. Soixante. Soixante-dix. Soixante-quinze. Soixante-quinze francs. Voulez-vous voir ? Cela fait bien soixante-quinze francs ? Magne dit : « Il doit pourtant le savoir. Voilà assez d’années qu’il me paie la même somme. On dirait que cela l’amuse de faire savoir à tout le monde combien ma chronique est payée. ».
Le JL du 24 février 1932 récidive :
M. Émile Magne… 75 francs. Voici un reçu pour la somme de 75 francs. » Et le reçu fait, le lisant : « Reçu… la somme de 75 francs. » Ouvrant son tiroir : « Nous disons : 75 francs. » Puis payant, billet par billet : « 50, 60, 70, 75 francs ». Magne : « Ce bougre ! Je ne sais pas pourquoi il tient à chaque fois à gueuler comme ça ! »
Intéressant cet extrait ! Il nous apprend que Jean Blaizot n’exerce pas sa charge dans un bureau isolé, mais dans une salle assez grande pour loger « tout le personnel de la librairie », et qu’un simple tiroir abrite les billets de banque.
Selon Léautaud, à la déclaration de la guerre en 1914, Alfred Vallette et son épouse Rachilde26, évacuèrent Paris et laissèrent le Mercure à Jean Blaizot. (JL du 10 novembre 1927 et du 14 mars 1932).
Un jour de 1932, Bernard27 parlant de Vallette à Léautaud sur les employés du Mercure (JL du 21 septembre 1932) :
[…] Il n’a qu’un type ici pour qui il a une certaine sympathie, je dirai même une certaine affection, mais si, une certaine affection, c’est Blaizot (le caissier). Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’il est là, chaque jour, à l’heure, recta. Tandis que nous, vous et moi, au fond, il ne doit pas nous encaisser, parce que nous ne sommes jamais à l’heure.
Le JL du 17 juillet 1938, soit peu après le décès de Marie, survenu le 17 avril, met en lumière un aspect de leur vie conjugale :
M. Blaizot, le caissier du Mercure, a été marié pendant près de quarante ans. Son rêve avait toujours été de porter, comme coiffure, un béret, comme ceux qui sont devenus à la mode aujourd’hui. Opposition de sa femme. Pour éviter des scènes — elle était déjà d’un caractère odieux — il s’était soumis. Le lendemain de l’enterrement, on voyait M. Blaizot arriver au Mercure coiffé d’un béret, qui est maintenant sa coiffure.
Si Léautaud ne nous parle pas du départ à la retraite de Jean Blaizot, par contre une confidence de sa fille Louise, dans une lettre de décembre 1961, nous apprend que le 30 mai 1939, son père devient retraité.
Léautaud ajoute qu’en 1945, Jean Blaizot a eu (JL du 21 décembre 1945) :
[…] une sorte de congestion. Sa tête déménage quelque peu. D’une humeur de plus en plus agressive.
Jean Blaizot fit partie des actionnaires du Mercure. À une réunion de ceux-ci en 1946, Léautaud a (JL du 24 octobre 1946) :
Revu là bien des gens, et spectacle peu réjouissant. L’ancien caissier Blaizot, devenu tout à fait un petit vieux, bien propre.
Lorsqu’il décède d’une congestion pulmonaire28 le 07/01/1949(29), il est veuf de Marie depuis 1938. Par les recensements et l’acte de décès, il fut fidèle au no 42 de la rue du Dragon, 3e étage, dans ce VIe arrondissement qui abrita aussi ses parents. Il est vraisemblable qu’il emménagea à cette adresse peu après son entrée au Mercure en 1904, car son logement, à la naissance de Louise en 1896, est encore celui du no 81 rue de Sèvres.

Le no 42 actuel de la rue du Dragon, Paris, VIe
(www.google.fr/maps/) »

Acte de décès de Jean Marie Blaizot

Enregistrement de l’inhumation de Jean Marie Blaizot
Léautaud ne se rend pas aux obsèques. Il en donne la raison à Mademoiselle Blaizot, le samedi 8 janvier :
J’ai reçu ce matin le faire-part de votre père. Il m’est absolument impossible, habitant Fontenay, vivant seul, avec toutes les corvées domestiques que j’ai, de me trouver à Saint-Germain-des-Prés à 8 h 30 du matin.
J’en suis, pour ma part, profondément au regret. On n’a pas été le collègue d’un homme pendant tant d’années, sans être attristé de ne pouvoir lui rendre ce dernier devoir, de souvenir et de bonne entente. Acceptez-en l’expression pour vous-même, avec mes très cordiaux condoléances et hommages30.
Le défunt est mis en terre au cimetière de Bagneux le 10 janvier suivant, dans la concession qu’il avait acheté en 1922, située division 15, ligne 13, no 17(31).
Léautaud nota un jour que le caissier Blaizot était un habitué de ce cimetière. Et pour cause, l’épouse Marie fut déposée dans cette même concession le 20 avril 1938(32).

Acte de décès de Marie Blaizot, née Tête

Enregistrement de l’inhumation de Marie Blaizot
Avant de le quitter, laissons Georges Duhamel33 exprimer le souvenir de :
« […] Jean Blaizot, le caissier du Mercure de France. C’était, comme eût dit Montaigne, un homme “à la vieille marque”, un de ces personnages que la France produisait avec tant d’aisance et de libéralité quand elle était sage et forte. Tous les gens qui venaient alors au Mercure pour quelque affaire savaient que, derrière le grillage, ils apercevraient la loyale figure et le sourire de Jean Blaizot. Comme les employés d’élite, en ce temps-là, Jean Blaizot portait des vêtements noirs et du linge impeccable. Il avait, avec sa courte barbe déjà grisonnante, ce grand air de dignité que l’on voit aux portraits peints par Hals ou par les petits maîtres des Pays-Bas.
« Tout en lui respirait l’honneur et commandait la confiance. Jean Blaizot nous a quittés, le 7 janvier dernier. Il est mort dans sa quatre-vingt-quatrième année, entouré par la sollicitude de sa fille Louise, qui, elle aussi, a donné et donne au Mercure de France un si patient effort, entouré par le respect de tous ceux qui l’avaient vu dans l’exercice de sa stricte et sévère fonction.
« Je suis allé saluer sa dépouille, par une chagrine matinée d’hiver, dans le petit appartement de la rue du Dragon, étroit et sévère comme une destinée. J’ai longtemps regardé le vieux visage dévoué de cet homme qui faisait, avec tant de constante et vigilante exactitude, ce qu’il avait accepté de faire et je pensais, perdu dans ma méditation mélancolique, je pensais qu’une parcelle de l’antique France venait de se détacher du bloc originel et qu’elle tombait, à son tour, comme tout ce que nous avons connu, aimé, honoré, dans le silence de l’abîme éternel34. »

La signature de Jean Blaizot. (Sur un acte d’état-civil)
Louise Blaizot
Rappelons que Louise Henriette, fille de Jean Marie et Marie Blaizot, est née le 20 février 1896, à Paris, au no 6 boulevard de Vaugirard, dans le XVe arrondissement, mais que ses parents habitent no 81 rue de Sèvres35.

Acte de naissance de Louise Blaizot
Son père a trente ans et sa mère vingt-huit ans. Quelles études a-t-elle faites ? Un certificat d’études primaires obtenu vers sa treizième année ? Ce que l’on sait, c’est qu’elle entre au Mercure de France le 2 janvier 1919(36), à vingt-trois ans, certainement appuyée par son père qui lui est dans la maison depuis une quinzaine d’années. La belle époque ou plusieurs membres d’une même famille travaillaient dans le même établissement, le fils succédant au père, le neveu à l’oncle, la fille à la tante. Occupa-t-elle alors un poste vacant ou bien la direction du Mercure l’accueillit-t-elle pour venir grossir un effectif devenu insuffisant, vu le développement et de la Revue et de la maison d’édition, après les années de guerre ?
Léautaud commence à la citer dans son Journal littéraire, le 28 juin 1922. Elle lui annonce que Mme Aurel37 est montée. Ainsi de son poste d’accueil à la librairie, elle voit passer celles et ceux, en rendez-vous ou non avec la direction et la rédaction du Mercure et peut-être a la charge de les avertir.
Le 8 septembre suivant, elle lui dit que Vallette compte réimprimer le Petit Ami, livre épuisé.
C’est elle qui vient avertir Léautaud dans son bureau qu’Henri Béraud38 vient de recevoir le Prix Goncourt pour son roman Le Martyre de l’Obèse (JL du 13/12/1922).
Son salaire augmenté en novembre 1925 déclenche la jalousie colérique de Mme Lamotte39, l’employée aux abonnements.
Louise a vraisemblablement vite pris ses marques. Elle s’autorise rapidement à jouer des tours aux autres salariés du Mercure, peut-être quelquefois pour se venger, comme en ce 11 avril 1927, envers Léautaud qui s’était absenté pour un déjeuner un peu long avec André Billy40 et Paul Morisse41 :
[…] Ce niais de Bonmariage42 est venu pour demander des volumes en service de presse. Cette garce de Mlle Blaizot, au lieu de lui dire de revenir, est montée en parler à Vallette, a fait ensuite monter Bonmariage. Vallette était en conversation d’affaires avec Davray43. Furieux d’être dérangé, me fait demander trois fois…
Et une mêle-tout avec ça (JL du 12 avril 1927) :
J’ai tenu à reparler ce matin à Vallette de l’affaire Bonmariage d’hier. Je trouve en effet excessives toutes ces manigances d’employé contre un autre employé et de mon genre. Je lui ait dit que s’il a été dérangé hier c’est bien plus parce que Mlle Blaizot, avec intention, s’est mêlée comme toujours de ce qui ne la regarde pas, et non parce que je n’étais pas là… »
Et Léautaud de nous confier le même jour :
[…] Vallette qui a des yeux spéciaux pour Mlle Blaizot, à laquelle il tient beaucoup comme employée (elle fait admirablement son service, il est vrai) m’a répondu très cordialement que tout est venu de Bonmariage lui-même…
Eh oui Paul Léautaud ! Une jeune fille vive, intelligente et très compétente, avec un patron qui lui fait les yeux doux, peut se permettre quelques espiègleries, des petites vengeances en bonne camarade.
Et ce témoignage indirect de son défunt patron révélé sur l’envoi de l’exemplaire de L’apôtre Judas de Charles-Henry Hirsch44 offert par l’auteur :
À Mademoiselle Louise Blaizot, hommage d’un vieil auteur et en souvenir de notre cher Alfred Vallette qui m’a fait d’elle, maintes fois, un rare éloge. (JL du 5 octobre 1936).
Ajoutons que Louise assistera aux obsèques d’Alfred Vallette, en septembre 1935, et qu’elle ne sera pas oubliée, ainsi que son père, dans la liste interminable des personnes venues lui rendre un dernier hommage45.
N’hésite-t-elle pas aussi :
— à faire des reproches à l’aîné des fils de Georges Duhamel, romancier à gros tirages, alors que Léautaud venait de le croiser à trois reprises (JL du 26 août 1927) :
[…] Mlle Blaizot lui dit alors : « Vous ne dites rien à ce monsieur ? Vous le connaissez, ce monsieur. C’est M. Léautaud. Vous avez été dans son bureau, vous vous rappelez ? Vous ne lui dites rien ? » Aucune réponse. Elle lui dit alors : « Ah ! bien, quand on a été chez un monsieur, qu’on le revoit, et qu’on n’est comme vous qu’un enfant, on lui dit : Bonjour, Monsieur. » Il se décida alors à parler, pour dire ceci, parlant de moi : « Mais, il ne m’a pas dit bonjour… ».
— à se présenter dans le bureau de Vallette le 3 juillet 1928 :
Mlle Blaizot (l’employée de la librairie) n’a pas la langue dans sa poche, même avec Vallette. Elle lui parle même comme aucun de nous ne se le permettrait. Elle lui a dit ce matin, au sujet du départ du commis Paulo et de son remplacement : « Il faudrait trouver un ancien sergent de ville, ou un ancien garde municipal qui aurait sa retraite. Avec ce qu’il toucherait au Mercure, il pourrait vivre. » Vallette lui a répondu d’un ton pincé : « Ce serait, dans ce cas, un employé de la vieille école et cela aurait du bon. »
Pauvre Léautaud ! Le voici encore pris au piège pour une étourderie dans une page d’annonce Mercure dans le Lorenz46, datant de la 37e année, oubliant la mise à jour, pour la 40e année, des prix indiqués (JL du 9 février 1929) :
[…] J’écris bon à tirer sur l’épreuve et je la porte à la librairie pour qu’on la fasse porter à l’imprimerie Dumoulin47. La fille Blaizot, pour je ne sais quelle raison, se mêle d’aller voir ce que c’est, voit l’erreur pour les prix, et la garce monte aussitôt montrer cela à Vallette. Je la vois arriver dans mon bureau : « M. Léautaud, voulez-vous monter chez M. Vallette, pour la page d’annonce que vous venez de donner. Vous avez laissé les anciens prix d’abonnements. » … J’étais comme un sot devant une bêtise de ce calibre… Cette petite salope aurait pu venir me montrer cela.
Louise Blaizot hésite-t-elle à reprocher à Léautaud les oripeaux qu’il porte (JL du 9 juin 1932) ?
Toutes mes chemises sont depuis quelque temps déchirées au col par l’usure. On voit des deux côtés de ma cravate mon cou à nu. Mlle Blaizot m’en a même fait la remarque… Hier, pour le déjeuner chez Marie Dormoy48, j’avais mis mon complet neuf. Mlle Blaizot me dit : « Enfin on vous voit propre. »
Réussit-elle à le convaincre le 29 juillet suivant ?
Mlle Blaizot m’a fait tantôt des réflexions si justes à propos de la façon dont je suis mis : ce qu’on doit penser de moi, le jugement qu’on doit avoir, que cela me nuit certainement, que je finirai par perdre la considération qu’on peut avoir pour moi, en un mot qu’il y a des limites dans la négligence à s’habiller, que je crois bien que je vais dépenser quelque argent à me requinquer.
En 1932, Louise Blaizot, trente-six ans, semble être une femme libre. Célibataire, elle connaît certainement quelques amourettes. Elle vit chez ses parents, rue du Dragon, mais sait profiter d’avantages que lui offre le Mercure. En voici une illustration datée du 1er septembre :
Mlle Blaizot rentrée ce matin de trois semaines de vacances à Barbizon49, dans un milieu qui connaît très bien le Mercure : la librairie de la rue Saint-Sulpice, la fille de Mme de Gonet50, le ménage Billy, etc, etc. Comme elle me parle de son séjour et que je lui demande si elle a vu Rouveyre51, me répond non, qu’il était absent et n’a dû y revenir que ce matin… Mlle Blaizot m’a aussi raconté qu’on a parlé de moi, des gens dont elle ne m’a pas dit le nom : « Léautaud ne fait rien. Il pourrait écrire. C’est un paresseux. Il a eu un joli commencement de carrière littéraire. On croyait qu’il voulait en profiter. On ne voit jamais rien de lui. Pourquoi n’écrit-il rien ? Il arrivera qu’il sera complètement oublié, etc., etc… » Voilà !
Le 30 mars 1933, Dumur52 vient de mourir. Une traditionnelle collecte est en cours auprès du personnel du Mercure pour une couronne mortuaire. Mais arrivée à Léautaud, celui-ci se désiste. Le caissier Blaizot chargé de la quête, se présente au bureau du récalcitrant :
Quand il est venu me trouver dans mon bureau, je lui ai dit carrément que je ne participais pas. Je me suis fait traiter de toutes les façons par l’agréable Mlle Blaizot qui pourtant rigole fort en général de la mort des gens.
Deux évènements notés dans le Journal montrent que Louise réussissait à convaincre l’indomptable secrétaire du Mercure pour qu’il suive son avis, ce qui n’était pas à la portée de tout le monde :
— pour un chien récupéré, que Léautaud s’était décidé à porter dans un refuge (JL du 30 juillet 1935) :
[…] Je fais venir un taxi à la porte du Mercure pour y partir. Mlle Blaizot me questionne. Je lui dit que je vais au refuge. Elle me dit de telles paroles de pitié pour ce chien, que je me ravise : en route pour Fontenay53.
— pour un buste de François Coppée54 contre une crème au café (JL du 24 octobre 1935) :
Mlle Blaizot, Mme Bataiellie55, pour ajouter leur part aux transformations du Mercure, depuis la mort de Vallette, se sont mis en tête de débarrasser mon bureau de tous ses fouillis. Mlle Blaizot m’a dit hier combien ce buste de Coppée ferait plaisir à une vieille dame de sa maison, avec laquelle elle est très amie, pour le donner à son neveu, un jeune prêtre que je vois de temps en temps venir voir Mlle Blaizot, ajoutant que cela me vaudrait probablement une crème confortable (ladite vieille dame m’en a déjà fait une il y a quelque temps). J’ai accepté. Le buste est parti hier soir. Ce matin, information du ravissement de ladite vieille dame et dudit jeune prêtre et qu’on m’apportera le jeudi, veille de la Toussaint, une crème au café propre à me faire mes trois jours de congé. Je riais ce matin aux éclats de ce drôle de troc.
Et ce vif échange, possible qu’entre deux êtres dont la chamaillerie feinte traduit de l’amitié, de la connivence (JL du 12 février 1937) :
Duhamel doit avoir une certaine opinion de moi. Il était ce matin à faire son service du Désert de Bièvres56. Je faisais son éloge à Mlle Blaizot, présente (éloge qu’elle mérite), excellente employée. Quand j’ai fini : « Et j’ai le respect des vieillards. » Je lance : « Chameau ! » Elle me dit avec malice : « Ce n’est pas pour vous que je dis cela. » Je fais une pirouette et m’inclinant : « Vraiment ! Ce n’est pas pour moi ?… » Duhamel qui riait : « Vous êtes content, Léautaud. Vous avez fait votre numéro ».
Est-ce en vue d’écrire un jour ses souvenirs sur sa vie au Mercure qu’elle en consignait les évènements ? JL du 12 avril 1937 :
C’est le 2 mai 1936 que j’ai eu un malaise analogue. Mlle Blaizot, qui marque tout sur son calendrier, nous a montré, sur celui de 1936 : 2 mai, malaise Boissard57. Elle a déjà marqué sur celui de cette année : 9 avril, 2e malaise Boissard.
Les jours qui suivent ce second malaise voient Léautaud adresser, de chez lui, une lettre — et quelle lettre ! — à la chère enfant Blaizot. Lisons ce billet58 d’une étonnante tendresse filiale, rédigé le dimanche 18 avril suivant :
Chère enfant Blaizot,
Veuillez vous donner la peine de dire à M. Jacques Bernard que je prends la liberté de ne pas venir demain mardi. Je vais mieux après un mauvais samedi. Je crois tout de même utile de rester encore une journée étendu dans le calme.
Je vous remets une lettre pour Madame Sommet59 qu’on viendra chercher, comme vous le savez.
Prenez encore la peine de rassembler mes journaux : 2 Œuvre, 2 Homme libre, 2 République, 2 Action française, et les lettres pour moi s’il y en a. Madame Cayssac60 viendra vous les demander demain après-midi.
Être mal portant, n’est pas drôle, mais être privé de vous voir est le plus dur.
Mes amitiés à toute la collèguerie. »
P.L.
Quand je vous dis : demain, j’entends naturellement pour vous, lisant ce mot, aujourd’hui lundi.
Voici une Louise Blaizot aux lestes propos tenus après le départ d’une femme que Léautaud vient de rencontrer au sujet d’un manuscrit recommandé par Roland Dorgelès61 (JL, le 6 juillet 1938) :
[…] Elle part là-dessus. Je me mets alors à dire à Mlle Blaizot qu’elle est vraiment jolie et qu’elle a un de ces airs de putain qui ne laissent pas de doute. « Oh ! tout à fait, me répond-elle. Tout à fait une Marie-couche-toi-là que je t’enfile. Dorgelès a dû se l’appuyer, elle a cru que c’était de son manuscrit qu’il lui disait que c’était très bien. »
Voici mil neuf cent quarante, la guerre et l’occupation de la France par les vainqueurs. Au Mercure, la vie de l’imprimerie continue, nonobstant les premières interdictions de mises en circulation de certains livres. Lieu d’asile62 de Duhamel est de ceux-là et l’enlèvement des exemplaires stockés se déroule le trois décembre. Quelle opportunité pour Louise ! :
[…] Un jeune officier allemand est arrivé pendant le chargement sur le camion, parlant parfaitement le français avec un accent anglais !, a rencontré Bernard dans l’escalier et lui a demandé s’il pouvait le recevoir. Ils sont montés tous les deux dans son bureau. Mlle Blaizot se trouvant sous la voûte, cet officier lui a demandé d’ouvrir un des paquets contenant les exemplaires de l’édition originale, et en a pris trois pour lui, qu’il avait sous le bras en entrant chez Bernard. Mlle Blaizot a suivi le mouvement, et a pris aussi trois exemplaires, un pour elle, un pour Mlle Baschet63 et un pour moi. Le caissier, lui, s’est offert au petit bonheur d’un paquet éventré dans l’escalier, deux exemplaires de la 4e édition. Quatre délinquants. Quelques-uns de ces messieurs en feraient certainement d’autres.
Paul Léautaud parti du Mercure fin septembre 1941, expulsé devrions-nous dire, rencontre encore Louise Blaizot pour de petits services, lors de ses nombreux passages à la librairie de la rue de Condé. Un jour, c’est un exemplaire du no 1 000(64) de la Revue qu’elle lui tend. N’ira-t-il pas la voir à l’Hôtel-Dieu où elle dut subir une intervention ? Louise téléphonera aussi au domicile de Fontenay, pour le renseigner ou prendre note d’une demande, d’un service à lui rendre.
La dernière apparition de Louise dans le Journal littéraire date du 3 novembre 1952 :
[…] Lettre de 4 pages de Mlle Blaizot (préposée au Mercure à la vente des livres), pour l’« allure » à laquelle marche mon volume65, même il court. Toute la maison est en effervescence, et chacun à sa manière fait le maximum pour que les demandes soient vite et bien exécutées. Pour son compte personnel, elle est à ramasser à la cuiller (?66) et elle m’assure qu’il y a eu du bruit pour les grands papiers (il doit s’agir des luxe), et elle a eu un travail de conscience à mettre au point pour faire le moins de mécontents possible, mais il y a eu des grincements de dents… Son aimable directeur, pour la remercier de son travail, lui réserve un « Madagascar H. C. ». La suite, que je sois aimable dans le service des exemplaires pour le personnel, « ce qui sera exactement le contraire de votre livre. »
Louise après le Mercure
Louise doit quitter le Mercure de France en juillet 1958(67), qui vient d’être racheté en mai, par Gaston Gallimard. Sa belle-fille Simone Gallimard en devient la directrice en 1962. Si le Mercure de France disparaît en 1965, la maison d’édition existe encore.
Trois lettres de Louise au bruxellois Jean Devyver sont dévoilées dans le Cahier Paul Léautaud no 33. La première, qui lui transmet le projet d’une réimpression du Petit Ami, est datée du 12 juillet 1956. Elle se qualifie toujours de libraire. La seconde, du 25 avril 1957, a pour sujet le tome IVe du Journal littéraire qui doit paraître au mois de juin suivant. Mais Louise, qui doit elle aussi suivre de très près les volumes sortis en première impression, en connaît déjà le contenu :
« […] Nous arrivons pour ce tome dans une série d’années très orageuses pour l’auteur et pour ceux qu’il maltraite ; et il y en a ! C’est long à remettre au point pour que le lecteur comprenne bien car lorsque l’on connaît les sujets cités, c’est plus facile que si ce sont des inconnus (exemple, ce journal lu par des jeunes ne doit pas réserver le même intérêt que pour ceux qui avaient déjà l’âge de raison au moment de tous ces conflits). »
La dernière, reçue le 11 décembre 1961, est la plus intéressante. D’abord en ce qui concerne le Mercure de France :
« […] Il y a eu à ce moment-là (en 1958) un très grand malaise financier dans la société d’édition Mercure de France et tout a été remanié avec un renflouement de la part d’une des plus grosses maisons d’édition française »,
puis elle-même :
« […] On a dû aussi envisager de se séparer des collaborateurs les plus coûteux…, et enfin de celle qui depuis janvier 1919 représentait l’âme de cette chère vieille maison, moi, Louise Blaizot… Maintenant et malgré le grand chagrin qui ne me quittera qu’avec la vie, j’essaie d’oublier ces mauvais souvenirs et de ne me souvenir que des bons, et il y en a beaucoup »,
et à la mort de sa mère, en 1938 :
« […] J’ai donc travaillé pour deux, ayant perdu ma chère maman en 1938 et n’étant pas mariée. Mon papa vivait avec moi, et là aussi, malgré les grandes difficultés de toutes natures, j’ai fait mon devoir de fille qui ne vivait que pour son vieux papa. »
Toujours dans cette même lettre de décembre 1961, elle se dit : « seule avec presque plus de famille ». À notre connaissance, cette famille devait se réduire soit à son unique sœur aînée Henriette Marthe née en 1891, et/ou à une descendance de sa tante Marie Alexandrine qui s’était mariée à Alfred Dossney.
Toutefois, elle ajoute que :
« […] Je suis toujours bien reçue dans mon “vieux Mercure” et Monsieur Samuel de Sacy68, le directeur actuel, qui a été pour moi un charmant collègue, de 1946 à 1958, est resté un très grand ami. »
La lettre est signée Louisette Blaizot, diminutif qu’elle devait employer par affection. Lui vient-il de sa petite taille, de son milieu familial ou professionnel ? Dans son Journal littéraire, Léautaud ne la désigne jamais autrement que par Mlle Blaizot. Hormis de rares exceptions, Léautaud ne s’attarde jamais à détailler le physique et la tenue vestimentaire des gens. C’est dommage ! Nous aurions bien voulu avoir un Saint-Simon rue de Condé.
Plus de vingt ans après cette lettre, s’éteint Louise Blaizot, exactement le 22 février 1983, à quatre-vingt-sept ans, à peine plus âgée que son « mémorialiste », à Paris, no 8, Place de l’Abbé Georges Hénocque, XIIIe arrondissement, emplacement actuel de l’Hôpital privé des Peupliers69. C’est son ami Raymond Greboval, soixante-sept ans, retraité, demeurant no 81 rue du Cherche Midi, à Paris, qui déclare le décès à la mairie du XIIIe arrondissement.
Nous ignorons l’année de son emménagement au no 1 rue des Tournelles à Cachan, son dernier domicile. Mais il est plus que probable qu’elle mit à profit sa retraite pour lire et relire ce journal indiscret, sur elle-même, sur quantité de personnages qu’elle fréquenta au Mercure de France, d’inconnus d’elle-même et qu’elle découvrit la vie sentimentale particulièrement agitée de l’ami des bêtes. Que pensa-t-elle des performances érotiques de Léautaud avec Anne Cayssac décrites sans voile dans le Journal Particulier 1917-1930, paru aux éditions du Cap en 1956 ?

Son dernier domicile à Cachan, 1 rue des Tournelles
(www.google.fr/maps/)

Acte de décès de Louise Henriette Blaizot
Jean Marie et Louise Blaizot se reconnaîtraient-ils dans cet album de famille aux allures d’un puzzle que l’on ne peut compléter faute de pièces disparues ?
Jean-Luc Souloumiac
Octobre 2023
62100 – Calais
Notes
1 Archives numériques de la Manche — Acte de naissance no 72.
2 Archives numériques de Paris — Acte de mariage Blaizot et Parmentier, no 47, du 24/01/1867.
3 Remy de Gourmont (1858-1915) est un des membres fondateurs, en 1889, du nouveau Mercure de France. Alfred Vallette est du nombre.
4 À la fois maison d’édition pour romanciers et poètes, mais aussi d’une revue qui ne disparaîtra qu’en 1965.
5 Archives numériques de la Marne — Acte de naissance du 28/09/1831.
6 Archives numériques de Paris — Acte de naissance, no 2756.
7 Archives numériques de Paris — Acte de mariage Dossney et Blaizot, no 529, du 11/07/1885.
8 Archives numériques de Paris — Acte de naissance Parmentier-Blaizot, no 438, du 08/05/1865.
9 Archives numériques de Paris – Acte de déclaration d’un bébé sans vie no 891, du 07/04/1876.
10 Archives numériques de Paris — Acte de décès no 148 du 16/01/1888.
11 Archives numériques de Paris — Enregistrement de l’inhumation du cimetière d’Ivry no 235.
12 Archives numériques de Paris — Acte de mariage Blaizot et Tête du 22/10/1892, no 856.
13 Archives numériques de Paris — Acte de naissance du 22/08/1891, no 1233.
14 Voir plus loin.
15 Table des registres matricules du recrutement militaire du 3e bureau du département de la Seine.
16 Cahier Paul Léautaud, no 33, p. 36.
17 Cahier Paul Léautaud, no 33, pp. 35-37.
18 Comptabilités, Revue d’histoire des comptabilités, 5, 2013 : « Du métier à la profession d’expert-comptable et de comptable agréé », par Béatrice Touchelay. (journals.openedition.org/comptabilites/1341).
19 Archives numériques de Paris — Rubrique Dénombrement de population.
20 L’édition du Journal littéraire de Paul Léautaud (JL) utilisée, est celle de 1986, en quatre volumes.
21 Henriette Charasson (1884-1972) est une femme de lettres qui n’édita que très peu au Mercure de France. Un Jules Tellier : 1863-1889, dans la collection « Les Hommes et les idées », qui paraît d’abord en 1909 dans la revue Mercure de France. Elle tient la chronique « Romans » en 1914, puis de 1936 à mai 1940, celle des « Questions religieuses ».
22 Alfred Vallette (1858-1935), fondateur à la fois des éditions du Mercure de France et de la célèbre revue du même nom, pour laquelle il collabora activement. La bibliographie de ses articles, établie par Pierre Dufay, est insérée dans la « Revue de la Quinzaine » du Mercure de France du 01/12/1935, pp. 436-440. Remarquons que ses obsèques ont été célébrées le 1er octobre 1935, soit vingt ans jour pour jour après celles de Remy de Gourmont.
23 Jean Marnold (1859-1935), anagramme de Morland, tient la critique musicale dans le Mercure de France de 1902 à 1930.
24 Le Cercle de la librairie, fondé en 1847, est le syndicat patronal des industries du livre. Son siège est alors situé no 117, boulevard Saint-Germain.
25 Émile Magne (1877-1953) se spécialise dans l’histoire littéraire du Grand Siècle. Les nombreuses biographies qu’il rédigea sont encore recherchées, à la fois pour leur rareté, les pièces inédites sur lesquelles elles s’appuient et une riche annotation. Il collabore au Mercure de 1901 à juin 1940, principalement dans la chronique « Littérature ».
26 Marguerite Eymery (1860-1953), dite Rachilde, épouse Alfred Vallette. Son Monsieur Vénus, édité à Bruxelles en 1884, lui donne une notoriété d’antiféministe. Elle fait paraître de nombreux romans, mais si les années passent, les goûts du public aussi. Retenons son Roman d’un homme sérieux. Alfred Vallette à Rachilde 1885-1889, paru en 1944. Elle collabore au Mercure à partir de 1890 par des articles littéraires, et une chronique « Romans » de 1896 à 1924. C’est à son domicile no 26 rue de Condé et siège du Mercure de France, qu’elle tient salon et qu’elle meurt âgée de quatre-vingt-treize ans.
27 Jacques Bernard (1880-1952) entre en 1906 au Mercure de France. Administrateur en 1935, à la mort de Vallette, il en devient le directeur le 1er mars 1938. Collaborationniste, il est écarté de ses responsabilités en septembre 1944, puis jugé, condamné et frappé d’indignité nationale. C’est lui qui renvoie Paul Léautaud du Mercure, en septembre 1941.
28 Cahier Paul Léautaud, no 33, p. 37.
29 Archives numériques de Paris — Acte de décès no 35 du 07/01/1949.
30 Paul Léautaud, Correspondance Générale 1878-1956, pp. 1174-1175, Flammarion, 1971.
31 Archives numériques de Paris — Registre des Cimetières et Pompes funèbres.
32 Archives numériques de Paris — Registre des Cimetières et Pompes funèbres.
33 Georges Duhamel (1884-1966), académicien, est un auteur à succès au Mercure de France, avec de très nombreux ouvrages et en particulier des séries comme Vie et aventures de Salavin et surtout sa Chronique des Pasquier qui lui survit. Administrateur du Mercure en 1932, en remplacement de Louis Dumur, gravement malade, il en prend la direction à la mort d’Alfred Vallette en 1935, mais qu’il abandonne dès 1938, pour laisser la place à un Jacques Bernard (note 27), « illettré, autoritaire, impératif et versatile à l’extrême, passant son temps à s’engouer des gens pour les vilipender aussi fortement peu de temps après » selon Léautaud.
34 Georges Duhamel, Mercure de France, « Gazette », 01/03/1949, p. 573.
35 Archives numériques de Paris — Acte de naissance Blaizot, no 472, du 23/02/1896.
36 Cahier Paul Léautaud, no 33, p. 36.
37 Aurélie de Faucamberge, dite Aurel (1869-1948), est un bas-bleu à la Jules Barbey d’Aurevilly. Son salon, moqué par Paul Léautaud, est toutefois fréquenté par des personnalités en vue. Pour épuiser le sujet : https://leautaud.com/aurel-1/.
38 Henri Béraud (1885-1958), journaliste au Canard enchaîné et romancier, d’abord de gauche, il se tourne vers l’extrême droite, entre à Gringoire et assume son antisémitisme. Arrêté en 1944 et condamné à mort, il est gracié par Charles de Gaulle.
39 Une salariée, comme bien d’autres d’ailleurs, du Mercure de France, dont nous ne savons rien, Il faut du flair, de la ténacité et beaucoup de chance pour que ces personnes sortent de l’ombre, se révèlent en pleine lumière, que Léautaud, à la lueur de ses bougies, ne pouvait leur offrir.
40 André Billy (1882-1971), journaliste, romancier, biographe et ami de Léautaud, qui lui consacre une chronique Boissard dans La NRF de juin 1922. On lit encore avec intérêt ses volumes de souvenirs : La Terrasse du Luxembourg, Le Pont des Saints-Pères, Le Balcon au bord de l’eau et Les Beaux Jours de Barbizon, parus chez Fayard de 1945 à 1949.
41 Paul Morisse (1866-1946) fut co-directeur du Mercure de France auprès de Vallette et fondateur de la Société J.-K. Huysmans.
42 Il s’agit probablement de Sylvain Bonmariage (1887-1966), dit le comte de Cercy d’Erville, écrivain français d’origine belge, naturalisé en 1914. Défaitiste puis collaborationniste, il figure sur la liste des écrivains interdits à la Libération.
43 Henry Durand-Davray (1873-1944), traducteur et critique littéraire, spécialiste de la littérature anglaise au Mercure de France, il traduit en français H. G. Wells, Rudyard Kipling, Oscar Wilde et Yeats.
44 Charles-Henry Hirsch (1870-1948), collabore au Mercure de France naissant dès 1892. Il y tient d’abord la chronique « Musique », suivie de celle des « Revues » jusqu’en décembre 1939. Auteur de romans populaires oubliés depuis, il laisse son nom dans le scénario du film Cœur de lilas, réalisé par Anatole Litvak, sorti en 1932 et interprété par Jean Gabin, André Luguet, Fréhel, Marcelle Romée et Fernandel.
45 Mercure de France, 01/12/1935, p. 431.
46 Otto Lorenz (1831-1895), bibliographe, d’origine allemande, libraire à Paris : Catalogue général de la Librairie française en onze volumes (dont un de table des matières) paru chez Hachette de 1867 à 1888. Ce Catalogue a été ensuite continué par Daniel Jordell, puis Henri Stein, puis Édouard Champion. Il représentait 34 volumes en 1925.
47 Peut-être l’imprimerie D. Dumoulin & Cie, 5 rue des Grands-Augustins, à Paris.
48 Marie Dormoy (1886-1974) fut directrice de la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet de 1932 à 1956. Elle fréquenta les milieux littéraires et artistiques, les Bourdelle, Michelot, Suarès, Perret, et bien d’autres. Malgré quelques ouvrages spécialisés, ne serait-elle pas oubliée si elle n’avait été la dernière amante de Paul Léautaud, qui lui accorda la saisie, sur machine à écrire, du fastidieux manuscrit qui allait devenir le Journal littéraire et qu’elle poursuivit, après sa mort, l’édition de la Correspondance et du Journal particulier consacré au Fléau, autrement dit Mme Cayssac ?
49 Barbizon, village de Seine-et-Marne, rendu célèbre par quantité de peintres qu’il inspira. Prirent place ensuite des écrivains et comédiens.
50 Diane de Gonet, maîtresse attitrée d’André Rouveyre depuis au moins 1922 après avoir été celle d’un autre peintre : Antonio de La Gandara (1861-1917).
51 André Rouveyre (1879-1962), fils d’Édouard, le célèbre éditeur parisien, est écrivain, dessinateur de presse et caricaturiste, un des plus fidèles amis de Léautaud, qui pourtant fut « croqué » par deux fois, caricatures que d’autres auraient jugées outrageantes. Habitant de Barbizon, Rouveyre publie en 1946, aux éditions du Bélier, un Choix de Pages consacré à Léautaud.
52 Louis Dumur (1863-1933) d’origine suisse, commence sa carrière au Mercure de France comme rédacteur en chef, dès sa création en 1890. Devenu le directeur littéraire, il se charge des manuscrits proposés au Mercure et décide ou non de leur édition. Après 1918, ses romans se radicalisent avec des titres comme Nach Paris ! (1919) ou Le Boucher de Verdun (1921), puis Dumur s’intéresse à la Russie communiste avec Les Fourriers de Lénine (1932) et Les Loups rouges. Travailleur acharné, il décède d’un cancer à la gorge. Le Journal littéraire de Léautaud témoigne de l’évolution du mal, quasiment au jour le jour, au gré des nombreuses visites qu’il effectue. Léautaud lui-même s’étonne de la quantité de feuillets qu’il lui consacre, mais se résigne à poursuivre, car écrit-il : « puisque j’ai commencé… »
53 À Fontenay-aux-Roses, vers son pavillon no 24 de la rue Guérard.
54 François Coppée (1842-1908), auteur parisien de romans et de pièces de théâtre, est renommé pour sa poésie populaire et sentimentale. Sa nostalgie et sa tristesse (Mort des oiseaux) ont probablement rapproché Léautaud de cet académicien.
55 Berthe Battaiellie, née Daumont en 1888, département de la Seine, se marie avec Henri Jules Léon Battaiellie, né en 1882, contremaître de profession. En 1936, alors employée de bureau au Mercure de France, plus précisément employée aux abonnements, le recensement la déclare divorcée. L’ex-mari ne fait plus parler de lui, car en 1942, lors du mariage de sa fille Gilberte, l’officier d’état-civil le déclare de résidence inconnue. Elle habite alors à Bagneux, au no 74, groupe E, rue de Verdun, avec sa fille Gilberte et sa vieille mère Reine Daumont née en 1848, toutes deux natives du département de la Seine.
La Poularde — ainsi que la surnomme Léautaud —, eut Gilberte le huit janvier 1918, à Neuilly-sur-Seine, rue de Villiers. Il semble que Gilberte travailla plusieurs années chez Mazda, depuis ou avant 1936, chez ce marchand de café en gros de la rue de la Gaîté qui ravitailla Léautaud pendant l’occupation allemande. Manutentionnaire sur l’acte de mariage, Léautaud la qualifie d’ailleurs de première employée au magasin de manutention (voir JL des 19/04/1940 et 28/03/1942).
Le 20 juin 1942, Gilberte épouse Raymond Georges Pierret, imprimeur lithographe, né à Paris le cinq septembre 1915 dans le XIVe arrondissement, domicilié à Paris, 14 rue Bardinet, fils de Georgette Pierret, cuisinière décédée, qui ne reconnut son fils que le dix janvier 1917, de père inconnu probablement. En 1946, Berthe Battaiellie habite toujours rue de Verdun à Bagneux et vit seule. Léautaud, bien que retiré du Mercure de France, rencontre encore La Poularde qui lui sert d’intermédiaire pour sa correspondance avec le Fléau à Pornic. La date du décès de Berthe n’a pu être établi, bien que le JL de Léautaud la cite encore en juillet 1953.
Si Raymond Pierret décède à Bagneux le dix-neuf juillet 1990, Gilberte rend son dernier soupir le dix-huit avril 2003 à Champcueil dans l’Essonne. (Sources : Archives numériques de la ville de Paris, Archives numériques des Hauts-de-Seine).
56 Le Désert de Bièvres, cinquième tome de la Chronique des Pasquier, publié en 1937 au Mercure de France.
57 Cocasse ce Boissard au lieu de Léautaud. Préférait-elle l’auteur des Chroniques de théâtre à celui du Petit Ami ?
58 Paul Léautaud, Correspondance Générale 1878-1956, op. cit. pp. 829-830, Flammarion, 1971.
59 Madeleine Sommet, propriétaire du pavillon qu’habite Léautaud à Fontenay-aux-Roses.
60 Anne Cayssac, surnommée Le Fléau, ancienne maîtresse en titre de Léautaud, remplacée à cette date par Marie Dormoy, qui éditera le Journal particulier (1917-1930) qui lui est consacré. Diablesse en personne, elle permit toutefois à son amant, piéton de Paris, de découvrir la mer et son chalet de Pornic.
61 Roland Dorgelès (1885-1973), journaliste et romancier. Célèbre depuis ses Croix de bois (1919), il remplace en 1929, Georges Courteline à l’Académie Goncourt dont il devient le président en 1954.
62 En septembre 1940, les œuvres de Georges Duhamel rejoindront la liste Otto.
63 Henriette Paschel, selon Léautaud dans son JL, est « employée du Mercure, qui a été libraire et a quelques connaissances littéraires et le goût de la littérature. » Une fumeuse de cigarettes toutes faites, au dire du même qui en avait horreur.
64 Fameux numéro double 999-1000, 1er juillet 1940-1er décembre 1946, à la reparution de la revue, consultable ici : https://leautaud.com/mercure-1000/.
65 Probablement le volume des Entretiens avec Robert Mallet, transcription des échanges radiophoniques. Voir : https://leautaud.com/chrono-3/#1952.
66 Paul Léautaud n’entend pas l’argot populaire. Louise est simplement très fatiguée, prête à tomber en morceaux.
67 Cahier Paul Léautaud, no 33, p. 35.
68 Samuel Silvestre de Sacy (1905-1975), éditeur des Œuvres de Descartes et directeur littéraire du Mercure de France.
69 Archives numériques de Paris — Acte de décès du 22/02/1983.